La mobilisation des états-majors régionaux en soutien aux unités

  • Par la capitaine Sophie Bernard avec la région de gendarmerie de Bretagne
  • Publié le 16 novembre 2020
© R.G. Bretagne

Durant la crise du coronavirus, les états-majors régionaux ont plus que jamais répondu présent pour soutenir les unités territoriales dans leurs missions quotidiennes. Focus sur la région de gendarmerie de Bretagne.

« Nous n’avons jamais connu une telle situation. Aucun gendarme en activité n’a été confronté à ce type de crise, même les plus anciens d’entre nous », déclarait, à la mi-mars, le général de corps d’armée Alain Pidoux, alors à la tête de la Région de gendarmerie de Bretagne (RGBRET).

Continuer de fonctionner en mode dégradé

Dès le 7 mars, conformément aux instructions de la Direction générale de la gendarmerie nationale (DGGN), l’état-major de la RGBRET active son plan de continuité d’activité, avec deux objectifs : se recentrer sur ses missions prioritaires et pallier le risque d’attrition de ses effectifs.

L’idée est d’appuyer les unités territoriales, tout en évitant que les personnels ne soient touchés par ce virus et ne contaminent à leur tour leurs camarades. L’état-major fonctionne donc en mode dégradé, avec la moitié de ses personnels présents sur site, exception faite pour la Division des opérations (D.O.), où environ 70 % des effectifs travaillent en présentiel.

Les militaires et les personnels civils de l’état-major doivent s’adapter à cette nouvelle organisation : télétravail pour les uns, travail par bordée pour les autres, ou encore autorisation spéciale d’absence, notamment pour garder les enfants. Le recours aux audio et visioconférences devient la norme. Enfin, le respect des mesures barrières et des règles de distanciation demeure une exigence de tous les instants.

Si cette crise sanitaire change les priorités, le rôle de l’état-major s’avère essentiel pour soutenir et appuyer les unités de terrain. Contrairement à la phrase attribuée au général de Gaulle qui disait « L’intendance suivra ! », celle-ci doit plutôt précéder l’action ! L’état-major de la RGBRET met donc tout en œuvre pour permettre aux gendarmes d’appliquer les directives du gouvernement et de la DGGN.

Des missions d’appui opérationnel inédites

Le 12 mars, une manœuvre d’envergure s’annonce concernant les écoles et la Division de l’appui opérationnel (DAO) est à pied d’œuvre. Il s’agit d’organiser, en quelques heures, l’accueil et le logement de 250 élèves gendarmes (91 affectés, 150 détachés et 10 personnels du corps de soutien technique et administratif), en lien avec les Groupements de gendarmerie départementale (GGD) et mobile (GGM).

Grâce à la mobilisation de tous et, plus particulièrement, du Bureau de la gestion du personnel militaire (BGPM) et du Bureau des moyens opérationnels (BMOPS), l’objectif est atteint : tous les élèves sont déployés en quelques jours seulement ! Certains rejoignent leur affectation avec quelques semaines d’avance, tandis que d’autres sont détachés en qualité de stagiaires et viennent renforcer les unités de la région. Ils disposent tous d’un logement équipé en caserne (avec lit, matelas, frigo, plaques de cuisine, etc.) ou d’une solution d’hébergement chez des proches.

La DAO est également fortement impliquée dans la gestion et l’approvisionnement des équipements de protection individuelle (masques, lunettes, gel, lingettes), ainsi que des matériels de désinfection des locaux et des véhicules. Là encore, la manœuvre est complexe et, très vite, la question des masques se pose.

Le BMOPS procède à un recensement des stocks existants, avant d’organiser l’approvisionnement et la distribution de ces équipements aux unités. Pour cela, il peut s’appuyer sur les commandes reçues et centralisées par le Secrétariat général de l’administration du ministère de l’Intérieur (SGAMI) de la zone Ouest. Tout au long de la crise, de nouveaux moyens sont ainsi régulièrement livrés par la DGGN, par le biais du Service de l’achat du ministère de l’Intérieur (SAILMI).

© R.G. Bretagne

Rechercher le renseignement pour mieux anticiper

Comme l’annonce gravement le président de la République dans son allocution du 16 mars : « Nous sommes en guerre ». De la même manière qu’il n’y a pas de guerre possible sans argent, le renseignement se révèle aussi indispensable. À cet effet, le Bureau du renseignement (BRENS) de la RGBRET est mobilisé quotidiennement durant la crise. Il doit savoir ce qui se passe, en temps réel, sur le terrain, pour faire remonter ces éléments d’ambiance aux autorités et les aider à décider de la conduite à tenir. Il est aussi chargé de faire du « renseignement d’anticipation », afin d’envisager les conséquences de la crise, à moyen et long terme, sur le volet sécuritaire (ordre public, délinquance, criminalité, etc.) mais aussi économique, social, sociétal et environnemental.

La coordination des moyens au profit des unités

Dès le 17 mars, l’activité principale des gendarmes consiste à faire respecter les mesures de confinement imposées par le gouvernement afin d’endiguer la propagation du virus. Dans le même temps, ils poursuivent leurs missions de contact et de prévention, que ce soit envers les personnes âgées et vulnérables ou en direction des commerces et entreprises. La période suscite en effet la convoitise des délinquants.

Pour appuyer les unités territoriales dans leur mission, le général Pidoux dispose d’une douzaine d’Escadrons de gendarmerie mobile (EGM) de la zone Ouest, qu’il place sous l’autorité des commandants de groupement, en fonction des besoins et des priorités opérationnelles. Il peut également compter sur les cinq hélicoptères et les dix-huit drones implantés en zone ouest. Ces moyens spécialisés sont mobilisés quasi quotidiennement et autant que de besoin, à la demande des commandants de groupement.

L’ accompagnement des personnels

Durant l’épidémie, la protection et le soutien des personnels a été l’un des enjeux majeurs. Le travail de la Section santé et sécurité au travail (SST) de la RGBRET est orienté à 100 % sur les questions en lien avec la COVID-19. Elle diffuse ainsi aux gendarmes une quinzaine de fiches réflexes concernant les mesures barrières, les mesures de protection individuelle, ainsi que les mesures de désinfection des biens, des véhicules et des locaux.

En lien avec les chargés de prévention des groupements de la zone, elle assure également un suivi quotidien de l’état de santé des gendarmes présentant des signes de la maladie, qu’ils soient confinés ou hospitalisés.

Enfin, elle fait en sorte qu’un contact soit pris, tous les jours, avec chacun d’entre eux, afin de prendre de leurs nouvelles et leur apporter toute l’aide dont ils ont besoin. Une cellule régionale d’écoute, destinée aux militaires, aux personnels civils et à leurs familles, est également activée, grâce à l’engagement des psychologues cliniciens de la région, pour rassurer et accompagner les personnels qui en exprimeraient le besoin.

Enfin, les conseillers concertation de l’état-major se mobilisent eux aussi, quotidiennement, pour répondre aux diverses sollicitations des personnels et demeurent très attentifs à la préservation d’une cohésion forte dans les rangs de l’Institution.

© R.G. Bretagne

La poursuite des missions de gestion

Bien que la majorité des missions R.H. Relevant du bureau des compétences et de la formation soient suspendues (notations, instruction, recrutement, etc.), certaines, jugées essentielles au bon fonctionnement de l’Institution, perdurent durant la crise. C’est le cas notamment des Changements de subdivision d’arme (CSA), auxquels a dû s’atteler le BGPM. De même, la voilure est réduite en matière de gestion des affaires financières. Pour autant, l’argent étant l’un des nerfs de la guerre, la DAO continue d’alimenter les budgets des groupements et passe des conventions avec des partenaires publics ou privés pour optimiser sa capacité d’achat. Elle peut ainsi répondre à tous les besoins jugés prioritaires, comme la commande de 3 300 visières de protection auprès d’un fournisseur local.

La Division des opérations (D.O.) se recentre, pour sa part, sur les missions opérationnelles stratégiques, garantissant la continuité de l’action de la gendarmerie sur le terrain. Elle coordonne un certain nombre d’opérations organisées au niveau de la région, comme les contrôles lors des week-ends de « non-départ en vacances », ou les surveillances des bureaux de poste dès le début du mois d’avril. La D.O. Est également chargée de faire l’interface avec la préfecture de zone ainsi qu’avec les militaires de la zone de défense et de sécurité Ouest déployés dans le cadre de l’opération « Résilience ».

Le rôle majeur de deux unités de la région à compétence nationale

La Brigade numérique (BNUM), implantée à Rennes depuis février 2018, montre toute son utilité durant le confinement. Le nombre de sollicitations quotidiennes est multiplié par dix, passant de 250 en période normale à plus de 2 500 dès l’annonce des mesures gouvernementales ! Afin de faire face à cet afflux massif, 80 personnes (réservistes, cadres des écoles de gendarmerie, personnels déclarés inaptes au terrain, personnels de l’état-major) sont formées en urgence et des brigades numériques déportées sont créées, permettant à chacun de travailler à distance. Cette suractivité de la BNUM permet de soulager fortement les Centres opérationnels et de renseignement de la gendarmerie (CORG), eux-mêmes « pris d’assaut » par des appels non urgents dès le début de la crise.

Enfin, comment ne pas saluer le travail du Service payeur de la solde (SERH) de Rennes ? Implanté dans les locaux de l’état-major, il a continué d’assurer le paiement de la solde des 17 000 gendarmes et des 6 000 réservistes de la zone Ouest. Armé habituellement par 53 militaires du corps de soutien technique et administratif et personnels civils, le SERH a fonctionné en mode ternaire, avec une équipe sur site, une autre en télétravail et une dernière confinée rappelable à tout moment. Cette organisation a permis d’éviter tout risque d’attrition des personnels et d’assurer la continuité du paiement de la solde des personnels militaires d’active et de réserve, durant toute la durée de la crise sanitaire.

Contacter la gendarmerie

Numéros d'urgence

  • Police - Gendarmerie : 17
  • Pompier : 18
  • Service d'Aide Médicale Urgente (SAMU) : 15
  • Sourds et malentendants : www.urgence114.fr ou 114 par SMS
  • Urgence Europe : 112

Sécurité et écoute

  • Enfance en danger : 119
  • Violences conjugales : 39 19
  • Maltraitance personnes âgées ou en situation de handicap : 39 77

Ces contenus peuvent vous intéresser