Recherche et innovation : une stratégie d’avenir

  • Par le commandant Céline Morin
  • Publié le 06 juin 2019
© Pauline Hartard

La recherche de la supériorité technologique a toujours fait partie de l’ADN des armées. Cette démarche est d’autant plus essentielle pour la gendarmerie que les délinquants ont accès aujourd’hui à des technologies de plus en plus pointues. La Recherche et l’Innovation (R&I) doivent répondre à cet enjeu, avec l'objectif de produire, à brève échéance, de nouvelles solutions opérationnelles, visibles concrètement pour le terrain, en matière de modernisation des moyens, des équipements et des systèmes d’information et de communication.

Longtemps portée de manière éparse par des unités comme le Pôle judiciaire de la gendarmerie nationale (PJGN), véritable navire amiral en la matière, le Groupe d'intervention de la gendarmerie nationale, le Service des technologies et des systèmes d'information de la sécurité intérieure, le commandement des forces aériennes, ainsi que par l’innovation participative promue par la mission du pilotage et de la performance, la R&I s’est profondément structurée ces dernières années. Depuis 2016, elle est animée et coordonnée par le directeur scientifique auprès du directeur général, et mise en œuvre par la Direction des opérations et de l'emploi (DOE). Cette nouvelle gouvernance permet d’avoir une vision d’ensemble des besoins capacitaires et des projets, de prioriser les actions et de mettre en œuvre une stratégie cohérente. La DOE pilote ainsi 63 programmes de modernisation technologique, auxquels s’ajoutent de nombreux projets, répartis en cinq grands pôles missionnels : « contact et prévention », « conduite des enquêtes », « commandement, système d’information et gestion de crise », « acquisition et exploitation du renseignement » et « contact et intervention ».

Un regard extérieur sur les orientations stratégiques

Afin d’apporter un regard extérieur sur les orientations stratégiques et les travaux en cours, le directeur général a installé, en avril 2017, le conseil scientifique de la gendarmerie nationale. Celui-ci rassemble, aux côtés d’officiers généraux de la gendarmerie, des experts issus du monde universitaire, des établissements publics scientifiques, de la direction générale de l’armement, de la délégation ministérielle aux industries de sécurité et à la lutte contre les cybermenaces, de la commission nationale de l'informatique et des libertés et d’autres personnalités de référence.

La gendarmerie a par ailleurs créé, en octobre 2017, l’Observatoire national des sciences et technologies de la sécurité (ONSTS), coprésidé par le général commandant le PJGN et le directeur scientifique. Cette plateforme collaborative d’échanges avec le monde scientifique universitaire et les grands centres de recherche industrielle fédère les actions de trois pôles, portés respectivement par l’Institut de recherche criminelle de la gendarmerie nationale (IRCGN), le Service central de renseignement criminel de la gendarmerie nationale (SCRC), le Centre de recherche de l'école des officiers de la gendarmerie nationale (CREOGN), dont l’action conjuguée permet de développer des innovations concrètes en fonction de l’analyse de la menace.

Un Plan stratégique recherche et innovation

Sur cette base, la gendarmerie a élaboré son premier Plan stratégique recherche et innovation (PSRI) 2017-2022. Révisé chaque année, il apporte une vision d’ensemble de la démarche de R&I et une véritable programmation calendaire. Au regard des besoins et de l’évaluation de la menace, sept axes prioritaires de recherches ont été identifiés : le numérique, le Big Data, le cyber, l’intelligence artificielle, la robotique, l’homme augmenté et l’identification humaine.

De nombreux exemples concrets en émergent, comme LOC’ALERTE, évolution de l’application GENDLOC, permettant de localiser une personne et de partager avec elle des informations et des images ; ou encore le bouton d’alerte connecté, en expérimentation, qui permettra à un gendarme en difficulté de le signaler directement.

Un réseau de veilleurs assure par ailleurs le suivi des technologies d’intérêt, en lien avec des partenaires extérieurs comme la Direction générale de l’armement (DGA).

À l’été 2018, la gendarmerie a ajouté une dimension nouvelle à l’agenda du PSRI avec l’action DISRUPT. Douze projets parmi les plus prometteurs et les plus disruptifs, tant d'un point de vue technologique qu’opérationnel, ont été identifiés (voir infographie ci-contre). Au terme de 18 mois de recherches et d’expérimentations, un bilan sera effectué, projet par projet, afin de recueillir le résultat des travaux et de mesurer leur plus-value opérationnelle.

Vivier de scientifiques et partenariats

La force d’innovation de l’Institution repose en grande partie sur ses forces vives, qui comptent, parmi les officiers et sous-officiers, plus de 60 docteurs, 300 ingénieurs, 53 masters recherches et 71 DEA scientifiques. Afin d’étoffer ce vivier, la gendarmerie mène une politique de recrutement ciblée et encourage la démarche doctorale. Elle attire également en son sein des compétences extérieures, à l’instar des quatre ingénieurs de la DGA actuellement détachés.

Outre la promotion des échanges internes, la R&I s’appuie aussi sur de nombreux partenariats forts au plan national et international, avec des établissements publics comme le Commissariat à l'énergie atomique et aux énergies alternatives, l’Office national d'études et de recherches aérospatiales, le Centre national de la recherche scientifique, l'Institut français de recherche pour l'exploitation de la mer, ou encore avec le monde universitaire. Un accord-cadre a d’ailleurs été signé début 2019 avec la conférence des présidents d'université. Il existe aussi un certain nombre d'initiatives locales, comme celles du CREOGN avec les universités de Melun et de Meaux, ou du PJGN avec celle de Cergy-Pontoise, qui illustrent cette politique partenariale, dont témoignent par ailleurs les remontées en provenance des commandements de région.

Financer et valoriser les innovations

Au-delà de sa propre capacité humaine à innover, la gendarmerie a développé des stratégies pour financer sa politique de R&I, en s’adossant notamment à des industriels afin d’expérimenter du matériel. Elle bénéficie également des budgets de l’Agence d’innovation de la défense (AID) et des budgets européens (Horizon 2020). Parallèlement, elle s’est lancée dans une démarche de valorisation et de protection de sa propriété intellectuelle, en encourageant le dépôt de brevets, dont on dénombre une dizaine actuellement, comme le GENDSWAG (écouvillon d’analyse rapide d’ADN), le LABADN (laboratoire mobile d’analyse ADN)… D’autres, comme la datation des taches de sang, sont en cours d’instruction.

Au total, l’ambition de cette stratégie est de tout mettre en œuvre pour innover aujourd’hui afin d’anticiper demain.

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