« La transformation numérique constitue un axe stratégique de la gendarmerie, présente le colonel Michaël Fumery, adjoint au commandant de la mission numérique de la gendarmerie nationale. L’objectif est d'identifier les opportunités offertes par les technologies du numérique pour chacune de nos missions. Nous devons en tirer profit, afin d’être plus efficaces, plus performants et plus proches des citoyens. » Pour ce faire, la gendarmerie a appréhendé la sphère numérique en intégrant les outils les plus modernes, au service à la fois des usagers et des gendarmes.

Quatre axes de réflexion

Afin d’avoir une réflexion exhaustive sur sa transformation numérique, la gendarmerie a décidé d’articuler sa stratégie autour de quatre axes : l’usager, le gendarme, la mission et le fonctionnement de l’Institution.

« L’usager est au centre de nos préoccupations. Nous devons constamment évoluer de manière satisfaisante par rapport à ses modes de vie, ses besoins et ses attentes en termes de sécurité, de dialogue, de satisfaction. » Cette volonté s’est notamment traduite par le déploiement de plusieurs projets portés par la gendarmerie sur la plate-forme service-public.fr via Franceconnect, ainsi que par l’attention apportée au développement des démarches en ligne et à la qualité de l’expérience de l’usager. Elle a également offert de nouveaux canaux de communication numérique, via les chats, les réseaux sociaux, la brigade numérique ou encore GENDinfo.fr

Dans le même temps, les nouvelles technologies se sont développées au profit des gendarmes. « Elles doivent être conçues pour accompagner et faciliter le travail des personnels. » Ainsi, la transformation numérique a déjà offert l’opportunité de déployer de nouveaux outils modernes et performants, comme Néogend.

Les technologies numériques ont aussi permis à l’Institution de transformer, voire de réinventer ses missions, tout en prenant en compte les nouvelles menaces. La digitalisation et la multiplication des objets connectés ont, par exemple, déjà commencé à modifier le métier de gendarme sur le terrain. « Les drones et les capteurs connectés offrent de nouveaux outils à l’ensemble de la chaîne opérationnelle. Par ailleurs, l’intelligence artificielle, associée au développement exponentiel des données, a permis de créer de nouveaux systèmes d’information et d’appréhender la notion d'analyse prédictive. » Demain, il faudra notamment être en mesure d’intégrer les véhicules autonomes . « L’enjeu est d’être interconnecté et d’envisager de pouvoir interagir avec ces véhicules et pourquoi pas se servir de ces informations pour anticiper les accidents.»

Au-delà du volet missionnel, la gendarmerie a pour ambition de décliner ses projets numériques jusqu’au cœur de ses processus internes. Le recrutement est l’un des premiers chantiers engagés avec, entre autres, la digitalisation des copies. La formation des personnels fera également partie des objectifs, grâce à l’intégration de la réalité virtuelle ou augmentée.

S’approprier les nouvelles technologies

« Pour mieux innover, il faut s’approprier les technologies qui apporteront une plus-value dans les usages et les capacités opérationnelles. Il faut construire une vision à long terme au sein d’une société hyperconnectée. Il faut comprendre les nouveaux risques, les nouvelles règles et les nouveaux acteurs ». L’intelligence artificielle s’impose d’ores et déjà comme un outil indispensable au traitement des opérations et des crises. L’Internet des objets (IoT) et la 5G annoncent un profond changement dans les modes de fonctionnement de la société et de la gendarmerie. Ces technologies vont ainsi permettre d’obtenir de nouvelles informations utiles à l’accomplissement des missions et de concevoir de nouveaux équipements permettant au militaire de communiquer avec les véhicules et les casernes connectés. Le progrès des robots conversationnels permettra d’envisager leur mise en place dans certains téléservices (dialogue usager, plainte en ligne), ainsi qu’au profit des gendarmes (mémentos, traduction) et pour l’accomplissement des procédures.

Investir et sécuriser le cyberespace

Le développement d’Internet et la diversification des échanges via les nouveaux outils numériques et connectés ont conduit à investir le cyberespace. Il a donc été impératif de décliner les missions de la gendarmerie dans le monde virtuel : la prévention (permis Internet, plateforme e-enfance), l’intervention (centre de lutte contre les criminalités numériques - C3N), l’investigation (chaîne cybergend) et le contact (proximité numérique). Si la population est globalement sensibilisée aux risques liés au numérique, elle n’en reste pas moins vulnérable. « Aujourd’hui, la moitié de la délinquance se passe sur Internet. » Le C3N permet à la gendarmerie d'être en capacité d'investiguer dans ce domaine et de lutter contre les cybercriminels, aussi bien que de détecter les phénomènes émergents.

Un réseau interne compétent et innovant

Gendlab, conseil scientifique, filière SIC (télécom), chaîne cybergend, innovation participative, la gendarmerie a su développer une communauté scientifique et technologique performante s'appuyant aussi bien sur ses spécialistes que sur la capacité d'innovation de chacun de ses gendarmes. Cette approche multiple permet de conduire les projets depuis l'administration centrale tout en recueillant les idées et les bonnes pratiques provenant du terrain, en vue de faire progresser l’Institution.