Un nécessaire positionnement à l’international

  • Par le capitaine Éric Costa
  • Publié le 07 juin 2019
Détachement de gendarmerie prévotale au contact des pilotes de l’armée de l’Air, sur la base aérienne 101 de Niamey, au Niger.
© MAJ F. Balsamo

Grâce à sa culture et ses savoir-faire militaires, la gendarmerie nationale constitue un modèle privilégié de force susceptible d’être engagée sur des théâtres extérieurs sur l’intégralité du spectre paix-crise-guerre. Elle contribue aussi bien à des missions de police internationale qu’à des opérations militaires. La gendarmerie n’a eu de cesse de faire évoluer son organisation et de se positionner pour gagner en cohérence et en efficacité sur le plan international.

Depuis des siècles, dans le cadre de sa fonction prévôtale, la gendarmerie, héritière de la maréchaussée qui assurait la police des « gens de guerre », accompagne l'armée française sur ses zones d’engagement à l’étranger, se plaçant ainsi sous l’autorité du chef d’état-major des armées.

Une prévôté présente dans 13 pays

Actuellement, 63 militaires, officiers et sous-officiers de la gendarmerie, sont déployés pour l’exécution des missions prévôtales dans treize pays différents.

Six détachements prévôtaux permanents sont positionnés au sein des forces stationnées en Allemagne, en République de Côte d’Ivoire (RCI), à Djibouti, aux Émirats Arabes Unis, au Gabon et au Sénégal.

Sept détachements prévôtaux de circonstance accompagnent les forces engagées en opérations en Estonie, au Liban, en République Centrafricaine (RCA), en Jordanie (opération Chammal), au Tchad, au Niger et au Mali (opération Barkhane).

Au cours des années 2000, le contexte de judiciarisation croissante des activités militaires a généré un climat d’incompréhension et de tensions entre les armées et la gendarmerie. Afin de rénover l’exercice de la fonction prévôtale, le Commandement de la gendarmerie prévôtale (CGP) a donc été créé le 1er septembre 2012. Il sélectionne, prépare et accompagne les gendarmes déployés, mais suit aussi leur engagement au quotidien. Un officier, chef de détachement prévôtal, conseille désormais l’autorité militaire d’emploi à l’étranger. Une brigade de recherches prévôtale est venue compléter le dispositif judiciaire pour poursuivre sur le territoire national les enquêtes initiées à l’étranger, mais aussi se projeter hors de nos frontières pour diriger les enquêtes les plus sensibles.

Un large panel missionnel

Dans la logique du cœur de métier de la gendarmerie, les prévôts exercent en priorité la mission de police judiciaire militaire. Ils sont le bras armé de la section spécialisée du Tribunal de grande instance de Paris en charge des affaires pénales militaires pour les faits survenant à l’étranger. Qu’un militaire français soit auteur ou victime d’infraction, ou que des atteintes aux intérêts militaires français soient constatées.

Autres missions prévôtales, la police générale qui vise à prévenir ou réprimer les troubles à l’ordre public susceptibles de survenir sur les emprises militaires ou les missions d’appui à la Force armée, à l'instar de certaines escortes sensibles.

Enfin, les prévôts, en tant qu’interlocuteurs privilégiés des autorités et des forces de sécurité intérieure locales, sont, pour l’autorité militaire d’emploi, des capteurs de renseignement qui viennent compléter celui recueilli par les services spécialisés déployés sur le théâtre.

Contrer les menaces à la source

La gendarmerie inscrit également son action internationale dans la profondeur, vers l’espace européen et extra-européen, pour contrer à la source les menaces qui naissent en dehors des frontières : le terrorisme, la criminalité organisée et l’immigration irrégulière.

Dans cette optique, la gendarmerie participe à des Opérations extérieures (Opex), au côté des forces armées, pour contribuer à la stabilisation des zones de crise. Des unités constituées de gendarmerie viennent souvent remplacer les forces de police locales défaillantes ou inexistantes.

En 2010, jusqu’à 700 gendarmes, intervenant dans le cadre de mandats militaires, civils, nationaux ou internationaux (U.E., OTAN, ONU) ou sous mandat de la Force de gendarmerie européenne (FGE), étaient engagés en Afghanistan, au Liban, en Géorgie, au Kosovo, en Bosnie, au Tchad, en RCI, en RCA, en République démocratique du Congo (RDC), en Palestine.

La FGE, outil européen intégré de gestion de crise, basé à Vicenza (Italie) et créé sous l'impulsion de la gendarmerie nationale en 2004, est composée de neuf forces de type gendarmerie : sept pays membres (France, Italie, Espagne, Pays-Bas, Portugal, Roumanie et Pologne), un pays partenaire (Lituanie) et un pays observateur (Turquie). Elle est en mesure de déployer 800 personnels sur un théâtre extérieur en trente jours et jusqu’à 2 300 au-delà.

© MAJ F. Balsamo

Former plutôt que remplacer

En avril 2013, le Ministère de l'Intérieur (MININT) énonce le concept de Retour en sécurité intérieure (RSI), qui vise à développer une stratégie globale d'action internationale afin de prévenir et de combattre toutes les formes de menaces, grâce à une coopération internationale renforcée. Il se décline sous deux formes : le RSI direct, consistant à recueillir des informations à l'étranger afin de permettre une exploitation par les forces de sécurité intérieure françaises sur le territoire national, et le RSI indirect, ayant pour objectif de renforcer la capacité sécuritaire d'un État afin de lui donner les moyens de lutter contre tout phénomène impactant la sécurité intérieure de la France.

Chaque année, environ 200 missions de courte durée, composées d'experts ou de formateurs issus de pôles d'expertises de la gendarmerie (Groupe d'intervention de la gendarmerie nationale, Pôle judiciaire de la gendarmerie nationale, Centre national d'entraînement des forces de gendarmerie, etc.) sont effectuées à l'étranger, dans le cadre d'actions de coopération technique coordonnées par la Direction de la coopération internationale (DCI) et plus particulièrement par le réseau des services de sécurité intérieure près les ambassades.

À ces activités nationales s’ajoutent les engagements dans les missions internationales, ou la stratégie de RSI a conduit la gendarmerie à faire évoluer ses modes d’intervention : plutôt que le déploiement de gros effectifs essentiellement centrés sur la sécurité et l’ordre public dans le pays hôte, elle privilégie désormais le déploiement d’experts de bon niveau en appui du développement des capacités locales, travail de plus long terme mais avec des effets démultipliés.

À ce jour, 93 gendarmes sont engagés au Mali, en RCA, au Niger, en RDC, en RCI, au Tchad, au Liban, en Libye, en Jordanie et en Bosnie, où ils assurent des missions de formation, de mentorat, de monitoring ou de conseil.

Une politique R.H. à l'international

Afin de permettre au MININT de peser davantage dans les organes de décision des instances internationales, la gendarmerie mène, depuis plusieurs années, une politique de renforcement qualitatif des officiers affectés sur ce type de postes par la construction de parcours professionnels à dominante internationale. Une politique payante en matière d’opérations extérieures, puisqu’à ce jour huit officiers supérieurs de gendarmerie occupent des postes de très haut niveau. Le dernier en date étant le général Pascal Champion, qui a pris, le 12 mars, le commandement de la composante police au sein de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation en République Centrafricaine (Minusca), succédant à un autre officier de gendarmerie.

« Pour que la gendarmerie réponde au mieux, dans son champ de compétence, à ce besoin de sécurité des populations, elle doit contribuer à ce dispositif dans la profondeur, y compris dans des postes de direction des missions internationales, voire aux postes de direction de gestion des crises

dans les institutions internationales. À défaut, la gendarmerie fournirait des experts de qualité sans pour autant pouvoir influer sur les stratégies, explique le général de division Philippe Rio à la tête de la mission européenne EUCAP Sahel Mali depuis le 1er octobre 2017. L’enjeu va au-delà d’une préoccupation nationale. Rétablir la sécurité et la paix durable dans la bande sahélo-saharienne revêt une importance cruciale pour l’Afrique et pour l’Europe. »

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