Une force de gestion de crise

  • Par le capitaine Éric Costa
  • Publié le 07 juin 2019
Lors de leur engagement à NDDL en 2018, les gendarmes mobiles ont fait face à des black blocks particulièrement virulents.
© MAJ. F. Balsamo

Ces dernières années, la gendarmerie a été engagée sur de nombreuses opérations d'envergure, à la suite d’attaques terroristes, de catastrophes naturelles ou autres crises sociales, en métropole comme en outre-mer. Dotée d’outils et de capacités spécifiques, elle a su évoluer pour faire face efficacement à l’adversité, renforçant ainsi sa posture de force de gestion de crise.

De par son vaste maillage territorial, la gendarmerie est très souvent et directement impactée par les troubles majeurs qui viennent frapper la Nation. C’est ainsi qu’elle a été engagée sur des crises de forte intensité ou qui se sont inscrites dans la durée.

Être et durer

En plus de ses nombreuses missions permanentes, la gendarmerie est ainsi de plus en plus sollicitée pour faire face à des phénomènes des plus violents. Pour exemple, les opérations d’évacuation de la ZAD de Notre-Dame-des-Landes (NDDL) ont particulièrement marqué l’année 2018. Le dispositif déployé par la gendarmerie y a rassemblé, au cours de certaines phases, jusqu’à 25 Escadrons de gendarmerie mobile (EGM), face à des centaines de zadistes particulièrement déterminés et virulents, auxquels se sont parfois greffés des individus issus de la mouvance des black blocs. Bien qu’éprouvés par les nombreux épisodes de cette mission, les militaires de la G.M., mais également ceux de la gendarmerie départementale, ont su faire face aux événements avec sang-froid et professionnalisme, dans le strict respect du cadre légal.

Les mouvements sociaux récents, et notamment les actions successives du mouvement des « Gilets jaunes » (G.J.) commencées le 17 novembre dernier, contribuent à un engagement tout à fait exceptionnel de la G.M., pouvant atteindre 106 EGM sur 109, soit 98 % des unités.

Dans un autre registre, en 2017, à la suite du passage de l’ouragan Irma sur les Antilles françaises, de nombreux renforts de gendarmes mobiles, départementaux et réservistes, en mission de courte durée, sont venus, durant des mois, grossir les effectifs à Saint-Martin afin de rétablir l'ordre, appuyer les secours, puis faciliter la reconstruction de l'île.

Des experts en gestion de crise

Une gestion efficace des grands événements ou des crises majeurs passe obligatoirement par un travail préparatoire conséquent au niveau de l'administration centrale et, en particulier, de la direction des opérations et de l’emploi.

Le Centre de planification et de gestion de crise (CPGC) a été créé en 2010 pour assurer la planification, la conduite et le suivi des opérations et proposer des options stratégiques au directeur général. Il peut apporter également son appui et son expertise au profit des responsables territoriaux sans se substituer à eux. « Le centre dispose d’une composante projetable, disponible en permanence et susceptible d’être déployée au profit des échelons de commandement territoriaux ou des autorités administratives confrontés à une crise, afin de la gérer de manière optimale tout en continuant à traiter leur activité quotidienne », explique le colonel François Santarelli, commandant le CPGC.

Une Structure d’accueil modulaire déployable (SAMD) du CPGC permet la mise en place d'un poste de commandement opérationnel avec des moyens radios, informatiques et de téléphonie intégrés.

Pour une meilleure interopérabilité avec l’ensemble des services de l’État et les forces armées, et gagner en efficacité dans la conception de toutes les manœuvres, le CPGC est organisé comme un état-major de type OTAN avec ses différents J (effectifs, conduite des opérations, logistique, etc.).

© MAJ. F. Balsamo

Des moyens spécifiques

Dans un contexte particulièrement dégradé, parmi les moyens spécifiques dont dispose l'Institution, les Véhicules blindés à roue de la gendarmerie (VBRG) offrent une capacité d’action renforcée pour les opérations de rétablissement de l'ordre de haute intensité, comme à l'occasion de NDDL ou du mouvement des G.J. La cellule nationale d'aide à la mobilité (CNAMO) permet, quant à elle, de dégager des obstacles (moyens passifs ou personnes entravées).

Sur le plan de la conception de manœuvre, la gendarmerie, force innovante, a conçu le Système de cartographie de crise (SC2), lequel permet en moins de 4 heures de diffuser un assemblage de photographies aériennes, valorisées par des données cartographiques et opérationnelles, donnant une vision du terrain en temps quasi-réel.

Le drone est également un outil apportant une véritable plus-value au commandement. Équipé d'une caméra, il donne en direct une vision 3D, permettant de renseigner sur un dispositif adverse ou un périmètre inaccessible, à l'instar d'une zone de crash d'aéronef. Ou bien encore, la Cellule nationale d'observation et d'exploitation de l'imagerie légale (CNOEIL) qui facilite la prise de décision en détectant d'éventuels mouvements hostiles.

La logistique de crise

Le déploiement de tous ces effectifs et moyens d'appui demande une chaîne intégrée du soutien opérationnel. Dans le temps de la crise, en coordination avec le SAELSI et le COMSOPGN, la cellule J4 (logistique) du CPGC met en œuvre la logistique au profit des forces engagées. J4 conçoit, organise et pilote les manœuvres d'acheminement, de soutien de l'homme (hébergement, alimentation), d'équipements (matériels, armement, munitions), de mobilité (véhicules, carburant). Il exerce pour cela une autorité fonctionnelle sur le Service de soutien à la projection opérationnelle (SSPO), qui dispose de moyens nationaux et spécifiques, en mesure de renforcer la logistique de terrain.

Un maillon clé du contre-terrorisme

En vue de renforcer la chaîne de contre-terrorisme nucléaire, des Pelotons spécialisés de protection de la gendarmerie (PSPG) sont venus, dès 2009, sécuriser les vingt centrales nucléaires d'EDF puis deux sites du CEA, à Valduc (21) et Cadarache (13).

À la suite des attentats de 2015, la gendarmerie a également repensé l'ossature de sa chaîne d'intervention, afin d'apporter une meilleure réponse opérationnelle en cas de tuerie de masse. Adaptée aux besoins d'urgence et d'efficacité, la nouvelle doctrine s'intègre dans les dispositions du Schéma national d'intervention (SNI) mis en place en 2016. Le SNI permet d'engager, en cas d'attaque terroriste, la force de sécurité la plus proche depuis l'échelon de proximité jusqu'aux forces spécialisées, et ce en faisant abstraction des zones de compétences.

Ainsi, 157 Pelotons de surveillance et d'intervention gendarmerie (PSIG) Sabre sont venus s'inscrire dans le dispositif global d'intervention. Tout en conservant les missions de sécurité publique dévolues aux PSIG, ils apportent des compétences et des capacités durcies, ainsi que des moyens complémentaires (protection balistique et puissance de feu augmentées), sans se substituer ni aux pelotons d’intervention GM/GR, ni aux unités d'intervention spécialisée. Ces dernières ont également été renforcées, avec la création de six Antennes-GIGN (A-GIGN) en métropole, tandis qu'outre-mer, les six groupes de pelotons d'intervention ont été transformés en A-GIGN, auxquelles s'est ajoutée celle de Mayotte.

De plus, les attaques à l'arme chimique en Syrie, en 2013, ont relancé la crainte de la menace Nucléaire, Radiologique, Bactériologique ou Chimique (NRBC). Pivot de la réponse de la gendarmerie en environnement contaminé, la Cellule nationale NRBC, basée à Versailles, articule son action avec le GIGN et l’IRCGN pour assurer la continuité des missions de la gendarmerie en milieu vicié.

Après un autre genre d'attaque, heureusement avortée, dans un train Thalys reliant Amsterdam à Paris, en 2015, le dispositif « Train Marshall », fruit d'une convention signée entre la gendarmerie et la SNCF, a été mis en place en juillet 2018. Des militaires des détachements GIGN à Paris, formés à l’écosystème ferroviaire, voyagent désormais à bord de trains grande ligne, en tenue civile, prêts à intervenir en cas d'attaque meurtrière ou d'acte terroriste. Certaines missions se font en mixité avec la surveillance générale de la SNCF. En cas de menace avérée, le GIGN ou l’une de ses antennes est engagé.

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