Démantèlement d’un trafic international de Subutex

  • Par Maud Protat-Koffler
  • Publié le 31 mai 2019
© D.R.

Un vaste trafic international de Subutex entre la France, l'Ukraine et la Pologne, ayant porté sur plus de 200 000 cachets pour un bénéfice de plus de 10 millions d'euros, a été démantelé au terme de dix mois d’enquête.

L’affaire débute à l’été 2018, lorsque les services d’enquête ukrainiens découvrent la présence de Subutex, un substitut à l’héroïne prescrit sur ordonnance, dans un circuit de revente illégale de médicaments psychotropes provenant de France. Les gendarmes de l’Office central de lutte contre les atteintes à l’environnement et à la santé publique (OCLAESP) et de la section de recherches de Marseille se saisissent alors de l’enquête aux côtés d’Europol et d’Eurojust, en coordination avec les autorités polonaises et ukrainiennes. L’opération judiciaire est lancée et les investigations prennent rapidement une ampleur tentaculaire.

Un réseau aux dimensions transnationales

Les investigations menées en France, sous la direction des magistrats du pôle de santé publique de Paris, permettent d’identifier un réseau implanté à Marseille. Celui-ci alimente les trafiquants ukrainiens à raison de 7 000 à 10 000 cachets de Subutex par mois, soit plus de 200 000 en un an et demi. Conditionnées sous forme de plaquettes, les cargaisons étaient majoritairement acheminées dans l’Est parisien, où les deux parties opéraient les transactions.

D’un côté, les investigations permettent d’identifier trois Ukrainiens séjournant régulièrement dans un hôtel de la porte de Montreuil. Ceux-ci se livrent à plusieurs autres trafics et disposent d’un relais logistique en Pologne. De l’autre, un Marseillais, ancien toxicomane et déjà inquiété pour usage de faux documents, est rapidement placé sous surveillance.

Des gains à plus de 10 millions d’euros

En un an, 200 000 comprimés sont donc acheminés depuis la France vers l’Ukraine grâce à de fausses ordonnances. Selon les enquêteurs, les profits réalisés par les criminels ukrainiens dépasseraient les 10 millions d’euros, soit 30 fois le prix français. À cela s’ajoutent les 500 000 euros de préjudice à la Sécurité sociale.

La dimension transnationale et l’importance de ce trafic conduit à la signature d’une équipe commune d’enquête le 14 février 2019, regroupant, sous l’égide d’Eurojust, la France, l’Ukraine et la Pologne.

Après une nouvelle transaction en région parisienne, il est décidé de procéder à l’interpellation coordonnée des principaux acteurs de ce trafic. Le 22 mai 2019, une opération judiciaire est ainsi conduite dans les Bouches-du-Rhône, en Pologne et en Ukraine, avec l’appui d’un bureau mobile d’Europol. Dix personnes sont arrêtées et présentées à la justice. Mais les investigations se poursuivent, notamment en Ukraine.

Un trafic en pleine ascension

Depuis 2015, la France subit d’importants trafics de médicaments, notamment d’opoïdes ou de stéroïdes anabolisants. Avec un impact aussi bien sanitaire que financier, ces trafics sont généralement organisés par des groupes criminels d’Europe centrale et de l’Est. Pour faire face à ce phénomène croissant, la France, à travers l’OCLAESP, dirige aujourd’hui la plus importante action opérationnelle européenne de lutte contre ces trafics, baptisée MISMED. Avec l’appui d’Europol et de la Finlande, l’an dernier, cette opération a permis le démantèlement de 24 organisations criminelles au sein des 16 pays engagés, avec l’arrestation de 435 individus et la saisie de plus de 13 millions de médicaments falsifiés, contrefaits ou détournés de la chaîne légale.

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