La section de recherches de Pau met fin aux agissements d'escrocs de haut vol

  • Par le commandant Céline Morin
  • Publié le 09 juillet 2019
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Une équipe d'escrocs, qui usurpait l'identité de sociétés afin de commander, puis de dérober les téléphones portables et les cartes SIM fournis par un opérateur de téléphonie, a été interpellée par la section de recherches de Pau. Au-delà des cinq dossiers pour lesquels ils sont poursuivis, de nombreux autres pourraient leur être imputés sur l'ensemble du territoire.

En juillet 2017, un escroc parvient à détourner 65 smartphones de la marque Apple ainsi que les cartes SIM affiliées, après avoir usurpé l'identité d'une entreprise située à Mimizan, dans les Landes (40), et s'être fait passer pour elle auprès d'un opérateur de téléphonie.

Rien n'est laissé au hasard par les escrocs : la confirmation de la commande est envoyée via un mail au nom de la société, accompagnée de la pièce d'identité du responsable, du K Bis et du RIB idoines. Les colis sont ensuite interceptés au moment de leur livraison. Ce n'est que lorsque l'opérateur réclame les sommes dues à la société cliente, que l'usurpation d'identité et l'escroquerie sont mises à jour

Le propriétaire de la société dépose alors plainte, de même que l'opérateur lésé, qui fait le rapprochement avec quatre autres escroqueries commises à son encontre, selon le même mode opératoire, à Verdun (55), Carquefou (44), Saint-Étienne (42) et Arras (62), entre avril et mai 2017.

Investigations techniques et rapprochements

Le 4 avril 2018, la brigade de recherches de Parentis-en-Born est saisie des faits commis à Mimizan. Rapidement, la section de recherches de Pau vient l'appuyer dans ses investigations.

Des rapprochements leur permettent de confirmer le lien entre le dossier de Mimizan et celui de Carquefou, en identifiant formellement un même individu.

Au fil des investigations, il apparaît que ces faits sont l’œuvre d'une équipe d'escrocs très bien organisée, disposant des connaissances et des moyens adéquats, notamment en termes de maîtrise de l'outil téléphonique, de l'usage du Darkweb et de la cryptomonnaie aux fins de se procurer de faux documents ou encore en termes de capacité à obtenir les renseignements nécessaires sur les sociétés.

Néanmoins, les investigations techniques, notamment en matière de téléphonie, et les recoupements permettent aux enquêteurs de cibler plusieurs individus en lien avec l'organisation. Ils parviennent ainsi à remonter à un homme ressemblant étonnamment à l'individu identifié dans les Landes et dans la Loire-Atlantique. Rapidement, les soupçons se portent sur son frère, connu des services pour diverses escroqueries, qui sera formellement identifié.

De là, les gendarmes parviennent à établir la structure de cette équipe et son fonctionnement.

Tout désigne un homme comme étant le cerveau de cette escroquerie d'envergure nationale, voire même internationale, puisque parmi les 65 téléphones détournés à Mimizan, 50 ont été activés à l'étranger. L'escroc s'appuie sur des complicités diverses.

Le 6 juillet 2018, les dossiers de Mimizan et de Carquefou donnent lieu à l'ouverture d'une information judiciaire pour des faits d'escroquerie en bande organisée, de participation à une association de malfaiteurs, de faux et usage de faux.

En septembre, une cellule d'enquête est mise en place au sein de la S.R. de Pau, forte de sept enquêteurs.

Octobre 2018 : trois dossiers supplémentaires

Le 30 octobre, l'information judiciaire fait l'objet d'un supplétif pour des faits de blanchiments, blanchiments aggravés et escroqueries commises en 2017 à Varennes-en-Argonne (55), Courcelles-les-Lens (62) et Saint-Étienne (42).

Ces cinq escroqueries représentent un préjudice de 258 594 euros pour l'opérateur. En effet, outre le détournement des téléphones, les cartes SIM volées sont quant à elles revendues à une autre équipe, à l'origine d'une escroquerie aux numéros surtaxés. L'envoi de multiples SMS depuis des téléphones équipés de ces cartes SIM vers des numéros qu'ils ont eux-mêmes créés, génère d'importants profits (jusqu'à 100 000 euros sur l'un des dossiers), au préjudice de la société usurpée, et donc in fine de l'opérateur…

Les investigations et un important travail de recoupement, s'appuyant sur la Plateforme nationale des interceptions judiciaires (PNIJ) et le logiciel Anacrim-ATRT (Application de Traitement des Relations Transactionnelles), permettent de confirmer un mode opératoire commun à ces cinq escroqueries, ainsi que le rôle de chaque individu.

Elles mettent également en lumière l'existence de complices au sein d'une société de transport, ainsi que chez un opérateur de téléphonie, qui leur permettent respectivement d'obtenir des renseignements sur les livraisons ainsi que les numéros RIO des lignes téléphoniques des sociétés usurpées.

Enfin, les enquêteurs parviennent à retracer le circuit d'écoulement du matériel subtilisé et à identifier la filière de blanchiment mise en place à travers une boutique spécialisée dans la vente d'accessoires de téléphonie. Ils découvrent également l'existence, non loin de cette boutique parisienne, de deux box servant à la fois de lieu stockage et de transactions.

Huit personnes interpellées

En novembre dernier, huit individus sont interpellés en région parisienne, dont six placés en garde à vue et deux entendus en audition libre.

Lors des perquisitions, le « kit » du parfait escroc est découvert chez le chef présumé de l'équipe de malfaiteurs : de nombreux téléphones, des cartes SIM, des faux documents, ainsi que de nombreux éléments permettant de recouper les faits dans certaines escroqueries.

Chez le receleur présumé et dans la boutique, les gendarmes saisissent 180 téléphones sans justificatif de provenance, 4 510 euros en numéraire, ainsi que de nombreux documents faisant état de la vente de téléphones. Dans l'un des box, 25 autres téléphones, parmi lesquels des modèles haut de gamme, sont également découverts.

Les perquisitions et les auditions ont permis de situer le produit de la vente de téléphones, dont 60 % fournis par l'escroc seraient d'origine frauduleuse, dans une fourchette allant de 300 000 à 400 000 euros. Il s'avère également que l'argent des escroqueries a permis de financer l'achat de cette boutique de téléphonie.

À l'issue de ces interpellations, de nombreux services d'enquêtes, saisis de dossiers similaires, ont pu bénéficier des renseignements réunis par la S.R. de Pau pour faire avancer leurs dossiers… En effet, près de 80 faits similaires ont été recensés sur l'ensemble du territoire au préjudice du même opérateur.

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