Seine-Saint-Denis : un ferrailleur détourne 3 millions d’euros grâce à des cartes prépayées

  • Par Maud Protat-Koffler
  • Publié le 14 juin 2019
© MI/DICOM - F. Pellier

Un ferrailleur de Seine-Saint-Denis et ses deux salariés avaient mis en place un système de fausses factures et de travail dissimulé grâce à des cartes bancaires prépayées. Tous trois ont été interpellés fin mai, au terme d’une enquête conduite par la section de recherches de Versailles, avec l’appui du centre de lutte contre les criminalités numériques.

Un ferrailleur et ses deux salariés, installés en Seine-Saint-Denis, ont été interpellés au début du mois de juin, par les enquêteurs de la Section de recherches (S.R.) de Versailles, dans le cadre d’une enquête sur des faits de blanchiment de fonds, de travail dissimulé et d’usage de faux. Les trois hommes sont soupçonnés d’avoir détourné près de 3 millions d’euros en quelques mois.

Repéré à force d’usages suspects

Début 2017, dans le cadre du suivi des phénomènes liés à l’utilisation des cartes BTC to PLASTIC, les gendarmes du Centre de lutte contre les criminalités numériques (C3N) détectent le comportement atypique d’un chef d’entreprise de Seine-Saint-Denis, client d’un fournisseur de cartes prépayées.

Usant massivement de ce mode de paiement, ce patron d’une entreprise de ferrailleur est alors suspecté de détourner l’argent de sa société. En se penchant sur les activités du quinquagénaire, la suspicion se précise. Pour parvenir à ses fins, le patron propose en effet à ses fournisseurs de les régler grâce à une carte prépayée, chargée avec 1 000 euros. Un moyen de paiement relativement commun dans cet univers, sauf qu’à chaque transaction, il parvient à éditer trois ou quatre cartes supplémentaires au nom de ce fournisseur, lui permettant ainsi de sortir entre 3 000 et 4 000 euros.

Le 13 septembre 2017, une enquête est ouverte au pôle cybercriminalité du parquet de Paris et confiée à la S.R. de Versailles.

Profils et comptes maquillés

Mais à chaque étape, le ferrailleur reste prudent. Pour aller retirer cet argent, il n’hésite d’ailleurs pas à se grimer afin de ne pas être reconnu par les caméras de surveillance. Les comptes de sa société sont également truqués grâce à l’édition de fausses factures et au savoir-faire de l’un de ses employés ; qui parvient à créer un logiciel visant à maquiller la comptabilité.

Les investigations de la S.R. de Versailles, co-saisie avec le GIR de Nanterre (92), montrent que le patron aurait détourné au total, grâce à ce stratagème, près de 2,6 millions d’euros, virés à partir du compte de l’entreprise de ferrailleur sur celui d’une autre société lui appartenant également. Environ 114 cartes bancaires BTC to PLASTIC ont ainsi été émises et alimentées.

Les 6 et 7 mai derniers, des perquisitions sont opérées au sein des sociétés et domiciles du dirigeant et de l’un des employés. Elles permettent l’extraction de données comptables, ainsi que la découverte de 21 000 euros en numéraire.

2,5 millions d’euros d’avoirs criminels

Les deux mis en cause, ainsi que l’ex-comptable en charge de la gestion de ces manipulations comptables et bancaires sont interpellés et placés en garde à vue les 28 et 29 mai. Déjà connus des services de police, tous trois seront convoqués ultérieurement devant la justice pour répondre des faits de blanchiment de fonds, abus de biens sociaux et usage de faux.

Dans le cadre de cette enquête, les enquêteurs de la S.R. et du GIR 92 ont saisi, au titre des avoirs criminels, plus de 2,5 millions d’euros sur les comptes bancaires des suspects, ainsi que deux véhicules de luxe et plusieurs biens immobiliers.

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