Charente : un accident mortel avec délit de fuite élucidé en moins de 24 heures

  • Par Pablo Agnan
  • Publié le 09 septembre 2020
Photo d'illustration
© GND F. Garcia

Vendredi 28 août, dans le nord de la Charente, un chauffard percute deux cyclistes, dont l’un ne survivra pas à ses blessures, avant de prendre la fuite. Ce drame sera élucidé 24 heures plus tard, grâce à une mobilisation exceptionnelle des gendarmes de la compagnie de Confolens.

19 heures et 25 minutes. C’est le temps exact qu’il a fallu aux gendarmes de la compagnie de Confolens (16) pour résoudre le mystère qui planait autour d’un accident mortel avec délit de fuite. Ce vendredi 28 août, aux alentours de 21 heures, alors que le dernier week-end avant la rentrée vient de débuter, un cycliste de 29 ans décède brutalement, percuté par une voiture, sur la route départementale 8, à Condac, dans le nord de la Charente. Le chauffard, lui, a pris la fuite.

L’alerte est donnée par un témoin à 21 h 13. C’est le Centre d’opérations et de renseignement de la gendarmerie (CORG) d’Angoulême qui reçoit l’appel. La nuit est tombée depuis une trentaine de minutes et à cause de l’obscurité, il ne peut donner aucun indice aux gendarmes : pas de plaque d’immatriculation, pas de modèle du véhicule, pas de couleur, rien. Sur place, l’autre témoin, un jeune cycliste lui aussi percuté par la voiture, est en état de choc. Il ne peut, lui non plus, fournir de précisions.

Un travail de Bénédictins

Grâce à la réactivité des gendarmes de la Communauté de brigades (COB) de Ruffec, la circulation sur l’axe est interdite dès 21 h 25. Cette vivacité se révélera essentielle pour la suite de l’enquête, comme l’explique le capitaine Laurent, commandant en second de la compagnie de Confolens : « Il fallait impérativement geler la scène de crime pour préserver les éventuels indices. »

Sur place, la maréchale des logis-cheffe Morgane, directrice d’enquête, se charge d’appliquer le dispositif. Les renforts affluent au fur et à mesure, jusqu’à l’arrivée de l’adjudante Juliette, Technicienne en identification criminelle (TIC), sur les coups de 23 heures. Son rôle sera déterminant dans la résolution de l’affaire. Le travail de Bénédictins des gendarmes peut alors commencer.

Car la tâche s’apparente aux 12 travaux d’Hercule ! Comment les enquêteurs vont-ils retrouver la trace du conducteur, alors qu’ils ont pour seul indice "une voiture sombre" ? D’abord, en procédant à un minutieux ratissage de la zone, en cercles concentriques, à partir du point d’impact. Une quinzaine de personnels, dont des sapeurs-pompiers et leur précieux éclairage et même le maire du village de Condac, fouillent la zone, à 50 centimètres les uns des autres. Sur place, le capitaine Laurent raconte : « On avançait pas à pas. Dès que quelqu’un trouvait un élément, on s’arrêtait pour le marquer, puis on recommençait. »

Des éléments retrouvés à 100 mètres du point d’impact

Les fouilles dureront jusqu’au petit matin. La minutie des enquêteurs leur permet de collecter 56 éléments, dont certains retrouvés « 100 mètres après l’impact. » Ces indices sont envoyés, dès le lever du jour, au département véhicule de l’Institut de recherches criminelles de la gendarmerie nationale (IRCGN), à Pontoise. Deux heures suffiront aux experts pour délivrer leurs conclusions au directeur d’enquête. Le véhicule en cause est une Peugeot 308 de couleur grise. Problème : le système d’identification des véhicules en recense 975 en Charente et dans les départements limitrophes.

Le commandant en second de la compagnie de Confolens, le capitaine Laurent, se charge d’affiner la recherche. Pour commencer, un rayon de 25 kilomètres est délimité. « C’est le principe de l’escargot, décrypte-t-il. On part du plus près pour aller au plus loin. » 740 propriétaires sont ainsi éliminés et les enquêteurs se répartissent les 235 restants, pour aller faire des vérifications à leur domicile. Les gendarmes se préparent alors à une longue journée de porte-à-porte. Sauf qu’à la troisième sonnette, la chance leur sourit. Ils tombent sur un homme de 86 ans, dont la voiture, une Peugeot 308 grise, a le pare-brise fracassé. Tous les morceaux manquants du véhicule sont aux mains de l’adjudante Juliette, la TIC. À 16 h 40, le puzzle est terminé. L’octogénaire est interpellé.

Le capitaine Laurent ne manque pas de mots pour féliciter ses personnels. Il reconnaît modestement que, sur cette affaire, « les planètes étaient bien alignées. Même si, finit-il par ajouter, la chance se provoque, notamment grâce à l’implication totale de tous les militaires », point qu'il tient particulièrement à souligner. Et pour cause ; si les gendarmes n'avaient pas fermé la route à temps et s'ils n'avaient pas minutieusement ratissé la zone, l'affaire aurait été bien plus complexe à résoudre.

Au terme de sa garde à vue, l’octogénaire a été présenté au magistrat du Parquet lundi 31 août. Il est poursuivi pour homicide involontaire et blessures involontaires suivis d'un délit de fuite. Selon le code pénal, il risque 10 ans de prison et 145 000 euros d’amende.

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