Corse : la gendarmerie saisit des objets archéologiques rarissimes
- Par la capitaine Sophie Bernard
- Publié le 08 novembre 2020
C’est au détour d’une patrouille que les gendarmes de la brigade de Petreto-Bicchisano ont découvert des vestiges issus d’une épave du XVIe siècle, détenus illégalement par un particulier. Une fois saisis, les objets ont pu être remis au Département des recherches archéologiques subaquatiques et sous-marines (DRASSM).
C’est une découverte digne d’un volet d’Indiana Jones qu’ont fait ces gendarmes de Corse-du-Sud !
Lors d’une patrouille de surveillance du littoral, à Serra di Ferro, une amphore posée sur le mur d’enceinte d’une propriété attire l’œil d’un des réservistes, spécialisé en archéologie. Les gendarmes interrogent le particulier qui « collabore parfaitementet dit qu'il a d'autres objets et on aboutit à cette collection de 26 morceaux, soit 16 objets », a raconté le capitaine Jean-Philippe Walliser, commandant en second de la compagnie de Sartène, à l’AFP.
Il s’avère que ces vestiges sont issus d’une épave du XVIe siècle, située près de Saint-Tropez. Bien que cet homme en ait hérité, ils auraient dû faire l’objet d’une déclaration auprès des autorités compétentes (art. L532 du code du Patrimoine), afin d’être utilisés à des fins historiques.
Les objets ont donc été saisis par les gendarmes et remis au Département des recherches archéologiques subaquatiques et sous-marines (DRASSM), situé à Marseille, pour étude et conservation.
« Sur les 16 pièces, deux sont rarissimes, il s'agit de deux assiettes en faïence ligure (…)Jusqu'à présent, nous n'avions qu'une assiette et demie conservée de cette épave du XVIe siècle, qui s'appelle Cap Lardier One », a expliqué à l’AFP Franca Cibecchini, responsable du littoral corse au DRASSM.
Le nom de l’épave provençale fait référence à l’endroit où elle se situe, au sud de la presqu’île de Saint-Tropez, où se concentrent plusieurs épaves. Ces pièces ont « un style très particulier, qui rappelle un peu les porcelaines chinoises », a décrit Mme Cibecchini.
L’héritage d’un plongeur, patrimoine culturel
« Quand nous avons vu ces deux assiettes, plus deux coupes en céramique pisane de la même période, qui sont aussi présentes sur cette épave, on a tout de suite compris qu'au moins ces lots-là venaient du continent », a précisé la spécialiste interrogée par Géo. Une
déduction confirmée par la famille du particulier, qui aurait hérité d’un ancêtre qui plongeait dans ce secteur et qui aurait ramené ces objets en Corse.
Certains lots rarissimes s’avèrent très importants pour comprendre la navigation maritime méditerranéenne, mais la famille du particulier n’avait pas conscience du trésor culturel que cela pouvait représenter !
Après avoir été acheminées vers Marseille pour être dessalées, « certaines pièces saisies trouveront une nouvelle vie dans les musées et constitueront ainsi une documentation de référence pour les spécialistes », précise la gendarmerie Corse.
Parmi ces pièces maîtresses, une belle amphore en céramique qui daterait du IIe siècle avant Jésus Christ ! Un objet d’une valeur inestimable, puisque très peu d’amphores de ce type demeurent aujourd’hui, les épaves ayant été pillées dans les années 1960.
L’obligation de déclarer sa découverte
Rappelons que toute découverte archéologique fortuite doit faire l’objet d’une déclaration à la mairie du lieu où le vestige a été trouvé. Celle-ci en informera dans un second temps la direction régionale des affaires culturelles, à même de définir si l’objet représente un intérêt culturel, historique ou scientifique. Si tel est le cas, l’État peut le conserver jusqu’à cinq ans pour procéder à des analyses. Si l’inventeur (l’auteur de la découverte) n’effectue pas ces démarches de déclaration, il peut être condamné à une amende.
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