Jura : interpellation de deux opposants à la 5G après l’incendie d’une antenne-relais

  • Par la capitaine Sophie Bernard
  • Publié le 03 juin 2020
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À l’instar de nombreux émetteurs-récepteurs sur le territoire, depuis le début de la crise, un relais téléphonique a été incendié, le 15 avril dernier, à Foncine-le-Haut (39). Grâce aux investigations menées par la Direction inter-régionale de police judiciaire (DIPJ) de Dijon et la Section de recherches (S.R.) de Besançon, deux suspects ont pu être interpellés, le 26 mai dernier.

 

En parallèle de la crise du coronavirus, les destructions de relais téléphoniques et numériques se sont multipliées un peu partout en France. Une trentaine de sabotages qui, en plein confinement, ont privé certains territoires de la radio, du téléphone ou de la TNT. C’est le cas notamment des départements de l’Isère et du Jura. Si différentes pistes ont pu être envisagées par les enquêteurs, comme les mouvances d'ultra-gauche, les deux interpellations opérées le 26 mai dernier viennent apporter un début de réponse.

Un sabotage d’amateurs

Après l’incendie de l’antenne du Mont-Poupet, dans la nuit du 9 au 10 avril, le Jura est de nouveau victime d’un sabotage le 15 avril dernier. Le relais téléphonique de Foncine-le-Haut (39) se retrouve hors service à la suite d’un feu déclenché au niveau des baies d’alimentation. Les premières constatations effectuées par les enquêteurs laissent supposer qu’il s’agit d’un travail d’amateurs : les auteurs auraient attaqué le site avec des cocktails Molotov confectionnés à partir de bouteilles en plastique remplies d’hydrocarbure, dont certains n’auraient même pas fonctionné. Pour autant, le réseau téléphonique s’avère inopérant sur une grande partie du secteur et le préjudice matériel est estimé à plusieurs dizaines de milliers d’euros. Une enquête est ouverte pour destruction par moyen dangereux et est aussitôt confiée à la DIPJ de Dijon et à la S.R. de Besançon.

Deux incendiaires suivis à la trace

Dépêchée sur les lieux, la Cellule d’identification criminelle et numérique (CICN) du groupement de gendarmerie départementale du Jura profite de l’amateurisme des malfaiteurs. Les experts retrouvent en effet des traces d’ADN sur différents points du relais ainsi que sur les engins incendiaires. Dès lors, ils parviennent à établir deux profils génétiques correspondants à des individus déjà connus de la justice et inscrits au FNAEG. Le premier, âgé de 39 ans, est actuellement sans emploi et a déjà été condamné à trois reprises pour des délits mineurs. Son comparse de 58 ans a déjà une dizaine de condamnations à son actif, notamment pour des dégradations par moyen dangereux. Placé sous bracelet électronique dans le cadre d’un aménagement de peine, il aurait justement arraché le dispositif quelques heures seulement avant le sabotage de l’antenne relais.

Pour que la 5G parte en fumée

Le 26 mai dernier, forts de ces éléments, les services enquêteurs, appuyés par le Groupe d'observation et de surveillance (GOS) de la gendarmerie de Dijon et le Peloton de surveillance et d'intervention de la gendarmerie (PSIG) de Saint-Claude, interpellent les deux individus. Au cours des auditions menées dans le cadre des gardes à vue, le plus jeune reconnaît les faits. D’après ses dires, il n’appartiendrait à aucune organisation spécifique, mais demeure convaincu du caractère nuisible de la 5G. Après avoir consulté de nombreux sites internet sur la question, il reste persuadé que celle-ci est nocive pour l’environnement et justifie ainsi son geste. L’individu affirme également être à l’origine de l’incendie, deux jours auparavant, de plusieurs engins de chantier servant à la restauration d’une tourbière. Il est convaincu que ces travaux dissimulaient en réalité l’implantation de la 5G dans la commune. Le deuxième suspect, quant à lui, nie les faits. Il se qualifie néanmoins de « complotiste » et partage les convictions de son acolyte concernant la 5G.

Le lendemain de leur interpellation, les deux mis en cause ont été présentés au parquet du tribunal de Lons-le-Saunier. En attendant leur jugement, qui interviendra le mois prochain, ils ont été placés en détention provisoire et devraient être prochainement soumis à une expertise psychologique. De leur côté, les enquêteurs approfondissent leurs investigations afin d’établir si d’éventuels liens existent avec d’autres dégradations ayant eu lieu dans la région.

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