Il y a 40 ans, première opération d’envergure pour le GIGN à Djibouti

  • Par le capitaine Gildas Lepetit et le lieutenant Richard Filmotte
  • Publié le 21 février 2016
Tireur d’élite lors de la première opération d’envergure pour le GIGN à Djibouti.
© GIGN

Ce jour-là, confronté à une situation inédite, le GIGN va parvenir à libérer des enfants pris en otage par un commando armé, en utilisant une technique novatrice propre au groupe.

Le 3 février 1976, un autobus transportant les enfants de la base aérienne française de Djibouti, est investi par un commando d’hommes lourdement armés. Le car est détourné en direction de la frontière somalienne. Après avoir franchi deux barrages de gendarmerie en menaçant de tuer des enfants, l'équipage s’immobilise à une vingtaine de mètres de la frontière, tenue par l'armée somalienne. Les ravisseurs, membres du Front de libération de la côte des Somalis (FLCS), exigent l’échange d'une première moitié des otages contre l’annulation du référendum sur l’indépendance du territoire des Afars et des Issas. Ils ne libéreront la seconde moitié qu'en échange de détenus politiques. La Légion étrangère, déployée en bouclage, ne sachant pas gérer ce genre d’événements, les autorités françaises décident alors de recourir au tout jeune GIGN.

À 6 800 km de Djibouti, à Maisons-Alfort (94), une équipe du Groupe se prépare et rejoint en secret l’aéroport de Roissy où elle embarque à 15 h 30. Le lieutenant Christian Prouteau et huit hommes arrivent à Loyada (à 18 km de Djibouti) vers 4 heures du matin, le 4 février. Sur place, chacun doit faire preuve d’imagination et de grandes facultés d’adaptation avec le peu de matériel et d'armement embarqué. La priorité est de parvenir rapidement sur site, avant l'aube.

Le trajet s'effectue de nuit, sans éclairage, sur des pistes à peine matérialisées. Sur place, une reconnaissance des lieux fait apparaître un terrain peu favorable au camouflage. Seul un très léger dénivelé permet de placer des tireurs à 200 m du car. Alors, pour le lieutenant Prouteau, la seule solution pour épargner la vie des otages est d’abattre les ravisseurs en une seule fois, grâce à la technique du tir simultané, qu'il a développée en entraînant ses gendarmes à coordonner leur salve pour atteindre toutes les cibles en une seule seconde. Un écart d’une seconde, une cible non atteinte et un agresseur peut s'en prendre aux enfants.

Les 6 tireurs du GIGN, leur chef de groupe, le radio et le lieutenant Prouteau sont en place. Ils attendent près de 10 heures, immobiles, sous un soleil de plomb et par une température qui avoisine les 50 °C. Ils guettent le moment propice pour ouvrir le feu. Cette longue phase d’observation permet de confirmer qu'il y a 8 preneurs d’otages qui se relaient pour être en permanence au moins 5 dans l'autobus.

  • À 14 heures, les ravisseurs réclament des repas pour les enfants. Un stratagème est alors organisé en mélangeant aux aliments des enfants un léger soporifique pour qu’ils s'assoupissent et facilitent ainsi le ciblage des silhouettes des terroristes.
  • À 15 h 47, les annonces de tous les tireurs coïncident, l’ordre de tir est aussitôt donné. Six coups de feu, une seule détonation. Quatre ravisseurs sont tués. Un cinquième, qui devait se reposer dans une partie non visible du bus, tente de s’enfuir, mais est abattu.

Mais, l’armée somalienne ouvre le feu, empêchant les gendarmes d’aller libérer les otages. Les hommes du GIGN ripostent et abattent dix Somaliens. La Légion intervient alors mais se trouve prise sous le feu nourri des militaires somaliens.

Pour éviter un massacre, les gendarmes du GIGN s'élancent à découvert vers le bus et se retrouvent face à l'un des ravisseurs qui a profité de la fusillade pour regagner l'autobus. Il ouvre le feu sur les gendarmes, qu'il rate de peu, avant de se retourner et de tirer vers les otages tuant une petite fille et blessant d'autres occupants. Le GIGN l'abat immédiatement, récupère les enfants et les évacue.

À travers cette opération, la capacité de gestion de prises d'otages de masse est reconnue au GIGN, qui valide une technique expérimentale et fait son entrée sur la scène internationale.

 

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