Regards croisés sur un métier : Commandant de peloton en Esog

  • Par la capitaine Gaëlle Pupin
  • Publié le 21 mars 2018
Les adjudants Luc Barrier et Mélanie Ferry, tous deux commandants de peloton au sein de l’École de sous-officiers de gendarmerie de Dijon (Esog)
© Sirpagend – BCR F.Garcia

Un homme, une femme. 50 ans, 36 ans. Deux carrières différentes mais une passion commune : la transmission du savoir. Les adjudants Luc Barrier et Mélanie Ferry, tous deux commandants de peloton au sein de l’École de sous-officiers de gendarmerie de Dijon (Esog), portent un regard empreint de lucidité sur leur métier.

Commandant du 3e peloton depuis la création de la 5e compagnie au sein de l’école de Dijon, l’adjudant Luc Barrier se félicite encore du choix qu’il a fait, il y a quelques années, de donner une nouvelle orientation à sa carrière. Cet ancien chasseur alpin intègre la gendarmerie d’abord en brigade de haute montagne, puis en peloton de gendarmerie de haute montagne. Pourtant à 44 ans, il estime qu’il a « un virage à prendre ». Ayant particulièrement aimé son rôle d’instructeur au sein de l’armée de Terre, il répond à un appel à volontaires en 2010 pour devenir chef de section au Lycée militaire d’Aix-en-Provence, avant de rejoindre, en 2016, les rangs de l’encadrement de l’Esog de Dijon lors de sa création.

À l’inverse, l’adjudante Mélanie Ferry, entrée très jeune en gendarmerie départementale, montre rapidement un intérêt particulier pour le recrutement et la prévention. Elle mène notamment des actions avec la brigade de prévention de la délinquance juvénile de Rouen, à la recherche du contact avec un jeune public. Après huit ans au sein de l’École de gendarmerie de Montluçon, elle participe activement au lancement de celle de Dijon, avant de prendre la tête du 2e peloton de la 6e compagnie. Au-delà de ces parcours très différents, les deux militaires partagent la même vision de leur fonction de commandant de peloton.

S’impliquer pour transmettre un savoir-être

Précédemment adjudant d’unité, l’adjudant Barrier reconnaît que son nouveau rôle est différent, « plus centré sur les élèves ». Extrêmement disponible, le commandant de peloton peut passer jusqu’à 60 heures par semaine à leur contact. « L’objectif est de bien les connaître pour arriver à mieux les guider, car même s’il s’agit d’une démarche collective, chacun évolue différemment. » Pour tenir efficacement ce rôle, l’adjudant admet qu’il faut vouloir partager son expérience, « avoir quelque chose à transmettre ». Un cours, une pause, le rapport matinal… « Tous les moments sont propices à distiller des messages, notamment sur le fait d’apprendre à mieux vivre ensemble. Observer leur comportement en sport ou lors du parcours du combattant est également riche d’enseignements. »

Point de vue partagé par l’adjudante Ferry : « J’aime les voir évoluer, voir comment ils se comportent. Certains montrent leurs lacunes, d’autres apprennent à sortir de leur zone de confort. Les suivre au quotidien permet de les évaluer à leur juste mesure au bout des neuf mois. » Elle met ainsi un point d’honneur à être présente au maximum, notamment à tous les rapports matinaux, à 7 h 30. Estimant qu’un commandant de peloton ne peut rester un simple spectateur, qu’il s’agisse de sport, de combat, de cours, de tir ou de cérémonie, elle ajoute : « Nous devons nous engager à leurs côtés. Quand j’étais élève-gendarme, une adjudante m’avait dit : “Quand le chef s’assoit, la troupe s’écroule”. Cette phrase est restée ancrée en moi. Il nous faut montrer l’exemple ! »

Savoir renouveler ses connaissances

« Avec un peloton hétéroclite d’une quarantaine d’élèves, d’âges divers et aux bagages académiques variés, le vrai défi est de leur donner ce qu’ils sont venus chercher, reconnaît l’adjudant Barrier. Au-delà d’une appétence nécessaire en matière de pédagogie pour dispenser des cours, il faut savoir se remettre en question. Certaines journées entraînent jusqu’à huit heures de face-à-face pédagogique durant lesquelles l’instructeur s’expose, livre son expérience. »

À la fois instructeur secouriste et moniteur de techniques d’optimisation du potentiel, il s’investit également dans les cours d’instruction tactique et de topographie. Et de souligner la nécessité d’être polyvalent : « Il peut être déstabilisant de délivrer certains cours dont on ne maîtrise pas totalement la matière. Il faut, certes, s’appuyer sur ses compétences de formateur, mais surtout aller chercher la connaissance dans des thématiques aussi diverses que les systèmes d’information et de communication, la déontologie ou encore l’éducation civique. »

Référente traditions, l’adjudante Mélanie Ferry explique à ses élèves la signification de la veillée au drapeau, qu’ils vont effectuer toute la nuit, avant de présenter ce dernier, le lendemain, dans le cadre d’une cérémonie dans la ville marraine à proximité de l’école.

© Sirpagend – BCR F.Garcia

Tout comme son camarade, l’adjudante Ferry apprécie particulièrement la modernité des cours en école. « Nous avons toujours un temps d’avance. Nous avons accès à toutes les nouvelles techniques et nouveaux logiciels ou progiciels. Nous n’avons donc pas le droit de rester sur nos acquis. Le formateur doit se tenir à jour pour rester à la pointe dans son domaine. C’est l’un des avantages à être instructeur en école : pouvoir se renouveler et se former continuellement. Et pour cela, il faut faire preuve de curiosité. »

Bâtir le gendarme de demain

Se mettre au garde-à-vous, marcher au pas, faire de l’ordre serré… L’apprentissage de la culture militaire repose également sur les épaules des commandants de peloton. « Les élèves sont demandeurs. Ce sont les premiers à souligner l’anniversaire de l’un de leurs camarades lors du rapport matinal pour effectuer des pompes, souligne en souriant l’adjudante Ferry.

Aussi curieux que cela puisse paraître, les jeunes entrent aussi en gendarmerie pour y trouver la rigueur et la discipline dont certains ont parfois manqué au sein de leur cellule familiale. Mais pas seulement. Nous leur apprenons également à entretenir une chambre. Certains d’entre eux n’ont jamais tenu un balai avant de franchir les portes de l’école. Nous sommes un peu comme des parents puissance dix, mais sans le côté affectif. Il faut rester fermes, nous sommes militaires. »

Extrêmement disponible pour les élèves, le commandant de peloton se doit d’être peut passer  avec eux jusqu’à 60 heures par semaine. Chaque instant est propice à distiller des messages.

© Sirpagend – BCR F.Garcia

Si l’adjudant Barrier reconnaît que le public formé par les élèves est plutôt facile à commander, il précise que tout est question de mesure pour bâtir une relation de confiance. « À nous de savoir maintenir notre autorité, tout en ayant une certaine proximité. Nous devons les accompagner, les conseiller, mais parfois aussi les recadrer. Il faut avoir la capacité de bien les cerner et savoir placer le curseur en finesse. » Tous deux prennent à cœur d’alimenter le creuset de connaissances et de savoir-être dont chaque élève doit être porteur. « Nous devons repérer le potentiel de chaque élève et ancrer un socle positif chez les jeunes recrues, les guider vers leur corps de métier. 

L’encadrement a un rôle déterminant à jouer. » En complément des propos de son camarade, l’adjudante Ferry rappelle qu’un commandant de peloton ne choisit pas ses élèves et qu’il doit composer avec les caractères et la culture de chacun sans faire de différence. Elle prône ainsi l’honnêteté avec les recrues : « Il ne faut pas leur vendre du rêve mais au contraire leur faire part, au travers de nos expériences, de la réalité du terrain dans toute sa difficulté et sa complexité. Ils ne sont pas venus en gendarmerie par hasard, mais pour un vrai métier et des valeurs auxquelles ils adhèrent. L’honnêteté, la loyauté, le goût de l’effort et le dépassement de soi sont notamment celles que nous devons cultiver chez eux. »

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