Regards croisés sur un métier - Intervenir en sécurité

  • Par la capitaine Céline Morin
  • Publié le 27 juillet 2018
Les adjudants Cédric Vergnes et Sébastien Bique offrent deux visions croisées de leur métier de moniteur d’intervention professionnelle.
©  Sirpa Gend - BRC Florian Garcia

Les adjudants Sébastien Bique et Cédric Vergnes partagent le même goût pour l’intervention et pour la transmission de leurs connaissances. Longtemps moniteurs d’intervention professionnelle au sein du même escadron, ils ont choisi depuis peu des parcours de carrière différents, l’un en gendarmerie départementale, l’autre en mobile.

Moniteur d’intervention professionnelle (Mip), l’adjudant (ADJ) Cédric Vergnes est affecté au Peloton de surveillance et d’intervention de gendarmerie (Psig) d’Étampes (91) depuis janvier 2017. Une arrivée récente en Gendarmerie départementale (G.D.), après presque dix ans passés en Gendarmerie mobile (G.M.), grâce à « une passerelle qui nous permet d’y rester cinq ans maximum. Au bout de deux ans, on peut alors demander un retour en G.M. ou rester en G.D., confie en souriant l’adjudant Vergnes, avant de préciser : en Psig, nous sommes nombreux à venir de la G.M. À Étampes, par exemple, c’est le cas de quatre des cinq Mip. C’est une bascule en douceur vers la G.D., car nous restons dans le domaine de l’intervention ».

En effet, cette spécialité a toujours été le fil conducteur de sa carrière, et ce depuis son affectation au Psig de Béziers… Alors Gendarme adjoint volontaire (GAV), il y a bénéficié de l’encadrement « d’un bon pédagogue Mip », qui a su lui transmettre à la fois sa technicité et sa passion pour ce métier. « Je savais dès lors que c’était ce que je voulais faire. »

À sa sortie de l’école de Libourne, le 17 juillet 2007, motivé par la perspective des déplacements, il intègre l’Escadron de gendarmerie mobile (EGM) 27/1 de Drancy (93). D’abord affecté en peloton de marche, il rejoint très vite le Peloton d’intervention (P.I.). « Le fait d’avoir eu de bons formateurs en tant que GAV, puis en G.M., m’a incité à évoluer, d’abord en intégrant le P.I., puis en devenant Mip. » Il sort breveté du centre national d’entraînement des forces de gendarmerie de Saint-Astier, fin juin 2013, après six semaines de formation.

L’adjudant Sébastien Bique, qui a rejoint l’EGM 27/1 à sa sortie d’école en 2009, affiche un parcours similaire. « En école de GAV, j’avais discuté avec l’un des cadres détachés, un gradé de P.I., qui m’avait parlé de son métier et des missions de son unité. Il m’a motivé pour passer le concours de sous-officiers puis intégrer un EGM, et particulièrement un P.I. Après ça, devenir Mip s’inscrivait dans la continuité », note le militaire, qui a fait ses premiers pas en gendarmerie en tant que GAV au sein du Psig de la gendarmerie des transports aériens de Roissy-Charles-de-Gaulle.

Pour l’adjudant Vergnes, être Mip, c’est être responsable de la sécurité de l’ensemble des personnels sur le terrain.

© BRC Florian Garcia

Quatre à six semaines de formation

L’accès à la formation Mip passe par des tests de présélection comprenant des épreuves de Maîtrise sans arme d’un adversaire (MSAA), de Maîtrise avec arme d’un adversaire (MAAA) et de Tactique de l’intervention (T.I.), auxquelles s’ajoutent un parcours sportif et des tests écrits.

Les gendarmes mobiles non titulaires du Diplôme d’arme (D.A.) ainsi que les gendarmes départementaux reçus à cet examen partent alors pour six semaines à Saint-Astier, contre quatre pour les titulaires du D.A., déjà en possession du module pédagogique. La formation débute par un bilan initial des compétences. Les quatre semaines suivantes sont consacrées à la MSAA, la MAAA et à la T.I., avec de nombreux exercices et mises en situation de commandement. À mi-parcours, une évaluation plus poussée permet de contrôler la maîtrise du volet technique, avant l’examen final davantage axé sur la partie pédagogique, avec des thèmes à préparer. « Tout au long de la formation, on nous transmet un panel de techniques d’enseignement afin que l’on puisse être des relais sur le terrain, explique l’ADJ Vergnes. Car être Mip, c’est avant tout être pédagogues. Nous sommes là pour enseigner et former les personnels de terrain. » Une conception partagée par son camarade, breveté Mip en 2015, date à laquelle il intègre également le P.I. de son escadron : « Je ne conçois pas d’être gradé, d’acquérir de l’expérience et de ne pas la partager. J’avais envie de faire partie de l’équipe pédagogique et de transmettre mes acquis à mes camarades  », souligne l’ADJ Bique, qui a enrichi son savoir-faire en complétant son brevet de Mip avec le volet Franchissement opérationnel (F.O.). Au cours de cette formation de cinq semaines à Saint-Astier, les Mip sont formés au maniement de matériels spécifiques d’escalade, afin de mettre en œuvre des techniques de franchissement vertical ou horizontal pour, notamment, porter secours aux personnes. La dernière semaine est consacrée au stage de chef de groupe en tactique de l’intervention, faisant d’eux, outre de véritables chefs opérationnels, des conseillers du commandement.

En G.M., lors des interventions, le Mip prend la casquette de chef d’équipe. La qualification F.O. lui confère des responsabilités complémentaires en qualité de chef de groupe. De plus, il est garant de la sécurité de ses effectifs en contrôlant les divers équipements, en exercice comme en mission.

© BRC Florian Garcia

La maîtrise de l’I.P., une question de sécurité

En G.M. comme en G.D., en P.I. comme en Psig, mais aussi dans toutes les autres unités de gendarmerie, la maîtrise de l’I.P. est une question de sécurité. « Quand on voit tout ce qu’il se passe ou peut se passer en intervention, en patrouille ou dans le cadre de nos diverses missions quotidiennes, on réalise à quel point la maîtrise de l’I.P. est essentielle, voire même vitale, insiste l’ADJ Vergnes. C’est un facteur clé pour la sécurité individuelle, celle de nos camarades et plus largement celle des citoyens. C’est pourquoi nous nous devons, en tant que Mip, de sensibiliser et former nos camarades. »

Charité bien ordonnée commençant par soi-même, les Mip sont recyclés individuellement tous les huit ans, et tous les cinq ans pour les Mip F.O. Charge à eux, entre-temps, de se maintenir à niveau. « Je côtoie régulièrement des camarades qui ont passé le Mip après moi et qui ont parfois connaissance de nouvelles techniques. Il y a un partage nécessaire au sein de notre communauté Mip », poursuit le gradé du Psig d’Étampes.

Au sein du Psig d’Étampes, des instructions sont conduites quasiment tous les jours par un ou plusieurs Mip. Elles sont d’autant plus importantes que l’unité est passée Sabre au 1er juillet 2018.

© Sirpa Gend - BRC Florian Garcia

Mip en Psig…

En Psig ou en P.I., le Mip est d’abord responsable du maintien en condition opérationnelle de sa propre unité. « On ne peut pas se permettre de se reposer sur nos acquis. Nous devons sans cesse nous remettre en question, réactualiser nos connaissances. Bien entendu, l’I.P. vient en plus de l’entraînement sportif », souligne l’ADJ Vergnes. Au sein du Psig d’Étampes, des instructions sont ainsi conduites quasiment tous les jours par un ou plusieurs Mip. Elles sont d’autant plus importantes que l’unité est passée Sabre au 1er juillet 2018. « Cette qualification et les missions inhérentes, qui viennent en plus de l’emploi en Psig simple, nécessitent forcément un entraînement supplémentaire et spécifique », précise le Mip. Les Psig Sabre bénéficient d’ailleurs d’un recyclage annuel.

« À nous ensuite d’entretenir et de développer nos acquis. Les manip’ sont rodées, mais il faut conserver les réflexes, les bons gestes. Alors on les répète, on les travaille sur des cas concrets, en essayant de traiter toutes les configurations possibles. Il n’y a pas de risque zéro. Il faut essayer d’anticiper et c’est notre travail, insiste l’ADJ Vergnes. Nous nous entraînons, par exemple, sur l’appréhension et la gestion de grosses interventions type tuerie de masse. »

La mission d’instruction des Mip du Psig d’Étampes s’étend à toutes les unités de son secteur : brigades territoriales, brigade de recherches, brigades motorisées... « Je n’aborde pas l’instruction de la même manière selon que je suis avec le Psig ou avec des militaires de brigades, car nous n’intervenons pas sur les mêmes missions, ni de la même manière. Le Psig intervient le plus souvent à trois ou quatres personnels, sur des situations plus compliquées, que ce soit en appui de perquisitions ou sur des interpellations domiciliaires. Nous sommes en outre habitués à travailler et à nous entraîner ensemble. On connaît les réactions de chacun. Et quand il y a une ouverture de porte, c’est généralement au Mip de s’en charger. »

Les Mip peuvent également être qualifiés Franchissement opérationnel, comme l’adjudant Bique, au terme d'une formation de cinq semaines à Saint-Astier. Ils sont ainsi formés au maniement de matériels spécifiques d’escalade, afin de mettre en œuvre des techniques de franchissement vertical ou horizontal pour, notamment, porter secours aux personnes.

© Sirpa Gend - BRC Florian Garcia

… Et en G.M.

Tous les deux ans, tandis que l’escadron effectue son recyclage à Saint-Astier, le P.I. suit une semaine spécifique de formation, rejoignant le reste de l’unité sur certains exercices. Ce dernier est également évalué par sa région d’appartenance tous les deux ans, ce qui instaure pour ses militaires un recyclage quasi annuel.

Dès que leur unité n’est pas engagée en maintien de l’ordre ou sur un autre service, les Mip de l’EGM, en lien avec le commandant d’unité et les commandants de peloton, mettent en place des sessions d’instruction I.P. avec des objectifs bien précis. Ils ont aussi pour mission d’accompagner leurs camarades lors de la préparation du D.A.

Là encore, les sollicitations dépassent le cadre de leur unité et se concrétisent par des cours ponctuels ou des détachements pouvant aller jusqu’à trois mois. « En tant que Mip, nous sommes très souvent requis, sur la base du volontariat ou d’une désignation, pour encadrer les formations en école (GAV, sous-officiers), mais aussi au profit de Saint-Astier, par exemple pour le D.A. Nous intervenons également au sein d’unités G.D. de notre région, par exemple pour mettre les personnels à niveau sur les techniques d’I.P., sur l’évolution du cadre légal d’usage des armes, effectuer les séances de tir ou encore former les réservistes, détaille l’ADJ Bique. C’est à nous d’évaluer le niveau de l’unité et d’estimer si des formations sont à mettre en place pour que les personnels connaissent les techniques et sachent les mettre en oeuvre. Être formateur est une vraie responsabilité, parce que, par exemple, délivrer un certificat initial d’aptitude à la pratique du tir n’est pas neutre. »

À 31 ans, l’ADJ Vergnes souhaite désormais rester en G.D., sans pour autant abandonner le volet intervention, si enraciné en lui. Son prochain objectif : accéder au niveau supérieur et devenir instructeur I.P., « c’est-à-dire formateur des Mip ». L’ADJ Bique, d’un an son aîné, se prépare quant à lui à prendre un tout autre virage en passant le concours officiers…

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