Camille, de la Garde au Groupe

  • Par Antoine Faure
  • Publié le 08 mars 2022

Camille a franchi tous les obstacles pour pouvoir intégrer la Force Observation Recherche du GIGN en décembre 2022, à l'issue de sa formation. Elle sera la seule femme de la promotion. Portrait d'une battante.

De la nef du blason de Paris, qui orne l’emblème de la garde républicaine, au réticule de visée, au mousqueton et au parachute qui se mêlent sur l’écusson du Groupe d’intervention de la gendarmerie nationale (GIGN), il y avait un grand pas à franchir. Surtout pour une femme car, bien que le GIGN en intègre régulièrement, au sein de sa Force observation recherche (FOR), cela reste un défi pour elles de s’imposer dans ce monde typiquement masculin.

« J’appréhendais un peu », avoue Camille, seule rescapée de son « camp » à avoir franchi avec succès les nombreux obstacles, pour pouvoir intégrer cette année le GIGN. « Mais toute petite, j’aimais me mesurer aux garçons. Et à la garde républicaine, il y avait aussi des fortes têtes ! Je crois que les candidats oublient vite ce côté féminin. Bien sûr, ça taquine gentiment, mais on est tous logés à la même enseigne. »

Cette idée dans un coin de ma tête

Par téléphone depuis Pau, où elle suit le stage parachutiste, quelques jours après avoir déménagé à Satory dans ses nouveaux quartiers, Camille nous raconte son parcours hors du commun en gendarmerie, qui commence par une première expérience de réserviste, au sein d’un Escadron départemental de sécurité routière (EDSR) et d’une brigade, dans le Cher. Pas de trace de bleu dans sa famille, « mais une forte envie de se vouer aux autres » chevillée au corps. « J’hésitais entre la gendarmerie et les pompiers, mais j’ai vraiment apprécié le fait d’être réserviste. » Le point est donc accordé aux gendarmes.

En 2015, elle réussit le concours SOG et entre à l’École de sous-officiers de Tulle. Au cours de sa formation, elle passe les tests de cavalerie. « Je possédais un Galop 7 (le plus fort niveau en équitation, hors compétition, NDLR), mais il fallait se démarquer, montrer sa détermination. » Camille fait partie des 17 gendarmes retenus, sur 50 candidats, et à sa sortie d’école, une place l’attend donc au Quartier des Célestins, au sein du 1er escadron de cavalerie. « Il y avait une grande diversité de missions, et j’ai adoré être à la Garde, mais il me manquait quelque chose, un peu d’adrénaline peut-être, et surtout le fait de repousser mes limites. À l’école, un instructeur m’avait parlé de la FOR. J’ai toujours gardé cette idée dans un coin de ma tête. »

Je vivais G.I., je respirais G.I.

Il faut dire aussi qu’en 2015, les attaques du 13 novembre ont modifié la donne. La menace se situe plus que jamais à l’intérieur de nos frontières, et pour beaucoup de militaires, ça change tout. « Je voulais servir mon pays, lutter contre ses ennemis », confirme Camille.

Après cinq ans à la garde républicaine, sa décision est prise. Elle veut entrer au GIGN, « s’engager pour la vie », selon la devise de l’unité. Elle répond à l’appel à volontaires et se prépare au combat. Au programme : course à pied, crossfit, vélo, musculation, natation… Et des livres, encore des livres, sur l’histoire, l’organisation, le fonctionnement du GIGN. « Je vivais G.I., je respirais G.I., 24 heures sur 24. »

Au mois de mai 2021, elle se présente sur le plot de départ de l’épreuve de natation, la première de la semaine de tests de sélection réservée à la FOR. Ce plongeon dans l’eau chlorée marque le début d’un long parcours, au cours duquel Camille va franchir un à un les obstacles, repoussant chaque jour ces fameuses limites, physiques et mentales.

Elle se souvient notamment de la terrible épreuve du lavoir, alternance de passages dans une eau à 10 °C avec des séries de pompes, burpees et gainage, pour laquelle elle avait utilisé la technique de la visualisation positive. « Je me suis conditionnée mentalement pour me dire que ça allait me faire du bien, que c’était une séance de cryothérapie, sous un ciel étoilé ! »

Autre moment inoubliable : la journée lors du pré-stage qu’elle et ses camarades ont baptisée « les 24 heures de l’enfer ». « C’était terrible. Rien que d’en parler, j’en ai des frissons. On s’en souviendra toute notre vie. C’était le déluge ce jour-là, on était trempés de la tête aux pieds. À la fin de la journée, on n’avait plus aucune force. L’instructeur est alors arrivé devant nous, et il a simplement dit : “Sac au dos… Sac à terre… Sac au dos… Sac à terre…” Pendant 1 heure 20 ! Je n’oublierai jamais le son de sa voix… »

Dans quelques mois, en décembre, Camille sera brevetée, et intégrera ainsi officiellement le GIGN, avec 18 hommes à ses côtés. Elle aura peut-être une pensée pour la petite fille qui aimait se mesurer aux garçons.

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