De la Haute-Savoie à la Corse : rencontre au sommet avec la commandante Marie

  • Par la lieutenante Floriane Hours
  • Publié le 11 mars 2021
© PGHM de Corse

La cheffe d’escadron Marie commande l’un des plus importants Pelotons de gendarmerie de haute montagne (PGHM) de France, celui de Haute-Savoie.

Un caractère bien trempé et une volonté de fer, c’est ainsi que l’on pourrait décrire la cheffe d’escadron Marie, à la tête, depuis 2018, de l’un des plus importants Pelotons de gendarmerie de haute montagne (PGHM) de France. À 34 ans (bientôt 35), elle est l’une des deux femmes en France à commander l’une de ces unités de gendarmerie spécialisées dans les missions en montagne.

Des missions multiples et variées

Sous le commandement de la cheffe d’escadron Marie se trouvent 18 gendarmes secouristes qui interviennent chaque jour pour venir en aide aux personnes en situation de difficulté dans le massif corse. En plus des opérations de secours, ces militaires sont aussi chargés de la prévention et des enquêtes judiciaires en milieu montagneux. Cette unité spécialisée, physique et majoritairement masculine, la cheffe d’escadron, sortie de Saint-Cyr en 2010, rêvait d’y servir. « Ce n’est qu’un passage dans une carrière d’officier, mais c’est un passage que je voulais vraiment faire », explique-t-elle sobrement. Une proximité et un amour pour la montagne que la jeune femme nourrit depuis son plus jeune âge. Originaire du massif du Chablais, en Haute-Savoie, elle a grandi au milieu des sommets enneigés et a appris à skier avant même de savoir marcher. Un lien étroit et fort avec ce territoire qui l'a suivie tout au long de son parcours.

© PGHM de Corse

Des études d’ingénieur à l'univers militaire

Si la montagne est une passion qui s'est ancrée très tôt dans l’esprit de la jeune femme, sa vocation pour la gendarmerie s’est déclarée un peu plus tard. Après un bac scientifique, Marie se lance en effet dans une classe préparatoire scientifique à Lyon, avec l’idée de rejoindre une école d’ingénieurs. Mais attirée par le milieu militaire, elle change de cap et intègre la prestigieuse école militaire de Saint-Cyr, qui forme les officiers de l’armée de Terre et une partie des officiers de la gendarmerie. C’est pour elle une révélation. Au sein de cette école majoritairement masculine (en 2018, elle ne comptait que 14 femmes sur 162 élèves), elle trouve la rigueur et le sens du service qu’elle porte en elle depuis toujours. Ses valeurs et son souhait de travailler au plus près de la population la poussent à s'orienter vers la gendarmerie. « Cela s’est décidé au fur et à mesure de ma scolarité. Ce qui m’a plu et me plaît toujours, c’est d’être au service de la population, de donner un sens à mon engagement et d’occuper des postes opérationnels. »

Un retour aux sources

Après Saint-Cyr, Marie rejoint sa Haute-Savoie natale et prend le commandement du peloton d’intervention de l’Escadron de gendarmerie mobile (EGM) 22/5 d’Annecy. Un milieu là encore très masculin, dans lequel la jeune femme de tout juste 25 ans doit s’imposer. « De la mobile, je retiens vraiment cet esprit de groupe, de cohésion. Tout le monde est très soudé. Après, il faut savoir gérer le groupe dans son ensemble, notamment quand on est la plus jeune… Ça a été très formateur et cela m’a beaucoup appris. » Après Annecy, elle rejoint le pays de Gex, territoire frontalier de la Suisse, où elle prend la place d’adjointe au commandant de la compagnie. « La départementale, c’est la vraie gendarmerie. Il y a le contact avec les élus, avec les habitants, le préfet, les magistrats… C’est le cœur de notre métier. Lorsque l’on dit que la gendarmerie est une force humaine, j’en suis intimement convaincue. »

En parallèle de ses affectations, la jeune femme continue de se perfectionner et suit de nombreuses formations au CNISAG (Centre National d’Instruction de Ski et d’Alpinisme de la Gendarmerie), à Chamonix, qui vont lui permettre d’accéder à son poste actuel en Corse, où les conditions d’intervention sont spécifiques au territoire. « Le PGHM de Corse est très différent des autres, car l’activité est concentrée de mai à septembre. Il y a également la particularité de l’insularité et des terrains très escarpés. Nous avons aussi des problèmes de réseau téléphonique et radio, qui font que nous ne sommes pas toujours joignables en intervention. »

© PGHM de Corse

Être une femme à la tête d'un PGHM

Au cours de sa carrière d’officier, deux personnalités de la gendarmerie l'ont particulièrement marquée et ont forgé sa vision du commandement : la commandante du groupement de l’Ain, la colonelle Florence Guillaume, dont l'impressionnante carrière l’inspire au quotidien, et le commandant de la Région Corse, le général Tony Mouchet. « Il a une manière d’appréhender l’humain en gendarmerie qui correspond à la vision que je me fais de la valorisation des personnels. »

Lorsqu’on lui parle de sa place de femme au sein des différents milieux d’hommes qu'elle a successivement connus, l'officière ne s’épanche pas : « Ça ne m’a jamais posé de problème. Je pense que lorsqu’on est compétent techniquement, mais surtout dans le commandement, que l’on sait se faire respecter et que l’on est motivé, tout se passe bien. Femme ou homme, peu importe, pour moi, le plus important, c’est d’avoir des personnes compétentes à chaque poste. »

Une valorisation des compétences et du mérite que la commandante applique au quotidien dans son management : « Les hommes que je commande ont une connaissance du terrain et un niveau technique que je n’ai pas forcément. Je ne suis donc pas là pour leur apprendre leur métier, mais je suis là pour qu’ils puissent le faire de la meilleure des façons. »

Aujourd’hui, officière épanouie et mère de deux enfants, la cheffe d’escadron évoque avec sérénité son avenir. En fin d’année, elle passera les oraux de l’école de guerre. « Si cela ne fonctionne pas, je demanderai le commandement d'une compagnie de gendarmerie départementale, si possible bien sûr, toujours proche des montagnes. »

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