En école de gendarmerie, la diversité fait la force

  • Par la capitaine Sophie Bernard
  • Publié le 19 février 2021
© GEND/SIRPA/F.GARCIA

La formation initiale de la gendarmerie met en exergue les qualités de chacun, pour tendre vers « une force humaine ». Dès leurs premiers jours à l’école, les élèves s’enrichissent de leurs motivations et de leurs expériences personnelles, pour mieux appréhender leurs futures fonctions. Rencontre avec quatre élèves de la 400e promotion de Montluçon, issus de divers horizons.

Qu’est-ce qui vous a donné envie de devenir gendarme ?

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Florian, 21 ans, une histoire de famille : « Mon père étant lui-même gendarme, cela me semblait logique de le suivre dans cette voie. Après avoir obtenu mon baccalauréat à 17 ans, j’ai rejoint dans un premier temps la réserve militaire pour effectuer des renforts dans le cadre de l’opération Sentinelle. J’ai ensuite passé les tests de sélection de Gendarme adjoint volontaire (GAV), fonction que j’ai occupée durant deux ans et demi en brigade, avant de tenter de devenir sous-officier de gendarmerie. Souhaitant embrasser la même carrière, mon frère jumeau est actuellement en école de gendarmerie à Châteaulin. »

 

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Solange, 33 ans, une courageuse reconversion : « À la sortie du baccalauréat, j’avais déjà en tête l’idée de devenir gendarme, mais à l’époque, je ne répondais pas au critère de taille, faisant 1m60. Je me suis orientée par défaut vers un BTS management et j’ai travaillé dans le prêt-à-porter pendant treize ans. À 30 ans, j’ai quitté mon entreprise et je suis partie en voyage pendant un an pour faire le point. À mon retour, je me suis aperçue que ma première idée me restait en tête. La gendarmerie ayant supprimé la condition de taille, j’ai décidé de passer le concours. »

 

 

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Axel, 24 ans, une nouvelle vie en métropole : « Originaire de Nouvelle-Calédonie, je n’avais pas de famille en gendarmerie, mais je désirais m’orienter vers un métier dans l’armée. Après avoir entamé une licence en informatique, je me suis rendu compte que ce qui m’attirait avant tout, c’était la gendarmerie pour le contact. »

 

 

 

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David, 30 ans, père de famille et élève gendarme : « Pour ma part, j’avais vu plus jeune plusieurs reportages à la télévision sur la police et la gendarmerie. Cela me donnait envie, mais je n’étais pas encore naturalisé. J’ai donc dû attendre cinq ans avant de pouvoir présenter le concours. Entre temps, j’ai eu deux enfants et de nombreuses expériences professionnelles dans la grande distribution, dans la restauration ou encore dans la sécurité privée. »

 

 

 

Comment vous êtes-vous préparés aux épreuves du concours ?

Florian : « J’avais 20 ans et je sortais d’un baccalauréat général, donc j’étais plutôt à l’aise côté dissertation. Quant à l’oral, mon expérience de GAV m’a bien aidé. »

Solange : « Une dissertation 13 ans après, ça fait bizarre ! J’ai acheté un livre pour me renseigner sur la gendarmerie. J’avais sous-estimé l’oral, qui est en réalité très court par rapport à un entretien de recrutement. Adepte de cross-fit depuis des années, c’était plus simple pour moi côté sport. »

Axel : « J’appréhendais l’épreuve de culture générale, car nous n’avons pas forcément accès aux mêmes informations depuis notre archipel. J’ai finalement été à l’aise à l’écrit et j’ai eu davantage d’appréhension à l’oral, mais finalement ces épreuves sont faites avant tout pour voir notre esprit de synthèse. »

David : « J’ai passé le concours 10 ans après mon baccalauréat, donc j’appréhendais beaucoup l’écrit. Je me suis finalement plus préparé pour l’oral et le sport. Je me rappelle encore que la veille de l’examen, j’avais passé une nuit blanche car ma fille ne faisait pas encore ses nuits ! »

Comment s’est passée votre incorporation à l’école de gendarmerie ?

Florian : « Au début c’était compliqué. On ne se connaissait pas et il y avait très peu d’échanges entre les pelotons du fait de la COVID. Mais au bout d’une semaine, j’avais déjà fait connaissance avec plusieurs de mes camarades. Je suis aujourd’hui très satisfait de la formation, mais aussi de cette bonne ambiance et de cette cohésion entre nous. »

Solange : « Cela faisait 15 ans que j’habitais seule, donc cela a été difficile au départ de cohabiter H.24, mais l’épidémie de COVID m’a permis d’avoir une chambre pour moi toute seule ! Pour le reste, généralement je ne ressens pas la différence d’âge, mais parfois, c’est plus compliqué face à certaines gamineries. Quoi qu’il en soit, nous devons rester solidaires et penser collectif. »

Axel : « C’était la première fois que je partais aussi longtemps loin de la Nouvelle-Calédonie. Nous avons été incorporés au mois de novembre, en plein deuxième confinement. Au-delà du changement de climat, j’ai découvert le masque et les gestes barrières (NDLR : la Nouvelle-Calédonie a été épargnée par l’épidémie). La cohésion s’est faite plus lentement en raison de la COVID, mais j’ai pu tisser des liens avec mes camarades de chambre. »

David : « La première semaine, on se posait beaucoup de questions sur la cohabitation, mais les cadres nous ont bien accompagnés. Ce n’est pas tant la différence d’âge que le manque de maturité qui peut être gênant. Nous sommes restés six semaines confinés à l’école, donc j’échangeais en visioconférence avec ma famille. J’ai finalement pu les retrouver à Noël et encore certains week-ends, même si je dois faire 7 heures de route. »

Quels sont vos projets de carrière à la sortie de l’école ?

Florian : « Mon père est motard, donc au départ, je m’orientais vers cette spécialité. Mais après une expérience de GAV en brigade, j’aimerais finalement être affecté dans une grosse unité, pour le contact avec la population, et m’inscrire rapidement à l’examen d’Officier de police judiciaire (OPJ). Plus tard, je deviendrai peut-être motocycliste. »

Solange : « Depuis le début, je souhaite rejoindre une brigade. Ce que je recherche avant tout, c’est le contact, la prévention, être au service des gens. J’aimerais ensuite passer l’OPJ et, pourquoi pas, rejoindre l’Office central de lutte contres les atteintes à l’environnement et à la santé publique (OCLAESP) ou bien une autre unité d’enquête dans l’environnement. »

Axel : « Mon projet n’a pas changé depuis que j’ai passé le concours. Je souhaite toujours intégrer la gendarmerie mobile pour l’intervention, l’entretien physique, mais aussi les déplacements. Je veux profiter d’être jeune pour vivre cette expérience, avant de m’orienter vers la brigade. »

David : « Moi, le choix est rapide : la brigade, car en mobile il y a trop de déplacements ! La gendarmerie départementale permet d’être là pour les autres, tout en ayant des missions très diversifiées. À terme, j’aimerais passer l’OPJ et, pourquoi pas, devenir motocycliste ou rejoindre un Peloton de surveillance et d’intervention (PSIG). »

Que conseilleriez-vous à quelqu’un ayant un profil proche du vôtre et souhaitant devenir gendarme ?

Florian : « Quand on sent que c’est son truc, il faut foncer. D’autant plus quand on a été GAV et que l’on souhaite aller plus loin, avoir davantage de responsabilités. Vu toutes les fonctions possibles, on y trouvera forcément son compte ! »

Solange : « La reconversion, c’est un vrai cap à passer, un vrai choix de vie. Mais il faut savoir sortir de sa zone de confort pour vivre sa vie pleinement. On n'en a qu’une, alors autant essayer pour ne pas avoir de regret. Au pire, cela restera une super expérience ! »

Axel : « À partir du moment où l’on a cette idée en tête, il faut se lancer ! Pour l’outre-mer, tout se fait par correspondance. Certes, c’est plus compliqué sans attache en métropole, mais c’est une nouvelle vie à laquelle il faut juste se préparer. »

David : « Avec une famille, il faut une bonne organisation, pensée bien en amont, et un conjoint très compréhensif, qui sache faire des concessions. Après, la formation ne dure que quelques mois, donc cela passe assez vite finalement. En cas de doute, cela peut être bien de commencer par une expérience de réserviste. »

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