Le psychologue clinicien en gendarmerie (3/5) : en Guyane, sur le chemin de la rencontre

  • Par la lieutenante Marthe Després
  • Publié le 12 février 2021
En Guyane, certaines unités, dites « isolées », ne sont accessibles que par pirogue, hélicoptère ou petit avion, à l'instar de la brigade de Camopi.
© Gendarmerie nationale

Sur le vaste territoire guyanais, l’éloignement, voire l’isolement des unités, ainsi que les importants mouvements de personnels, sont des facteurs à prendre en compte dans l’exercice de la mission du psychologue clinicien. S’adaptant à ce contexte, la lieutenante Marthe Desprès a ainsi fait le choix de se déplacer sur le lieu de travail des personnels, permettant de démystifier sa fonction, de créer un premier lien et parfois de répondre à un besoin non formulé.

Depuis la réforme de 2003, la Guyane est devenue un DOM-ROM, c’est-à-dire à la fois une région et un département d’outre-mer. Elle est le plus grand des départements français, son territoire correspondant presque à la superficie du Portugal.

Les personnels de gendarmerie y sont répartis sur de nombreux sites. Certains sont dits « isolés », car atteignables uniquement par pirogue, hélicoptère ou petit avion. D’autres, et ils sont nombreux, possèdent un accès routier, mais restent à plus d’une heure de route d’un supermarché ou d’une station essence.

De plus, en Guyane, les mouvements de personnels sont importants. En effet, 45 % des effectifs appartiennent à la gendarmerie mobile et effectuent un roulement trimestriel. Les 55 % restants, concernant la gendarmerie départementale et les gendarmeries spécialisées, sont soumis à un plan de mutation avec une rotation annuelle d’environ 20  %.

Adapter sa pratique au contexte guyanais

Ces facteurs engendrent une difficulté d’identification du psychologue clinicien auquel les personnels peuvent avoir accès, de son travail et du champ d’intervention. Beaucoup pensent qu’il faut pouvoir se déplacer régulièrement sur le lieu d’exercice de ce dernier, et y renoncent car s’y rendre reste une véritable expédition.

Pourtant, le personnel peut être ébranlé émotionnellement par le contexte ultra-marin où, dès son arrivée, il doit assimiler beaucoup d’informations et d’éléments culturels. Il semble alors essentiel de lui permettre de déposer ses questionnements et ses inquiétudes.

Pour ces raisons, j’ai fait le choix de me déplacer sur le lieu de travail des personnels, considérant la rencontre comme nécessaire. Habituellement, en psychologie clinique, le psychologue ne s’impose en principe jamais. L’analyse de la demande du personnel sert de base à l’entretien, ce dernier s’étant investi dans cette rencontre qu’il a souhaitée. Qu’en est-il lorsque le psychologue devance la demande ? L’absence de demande signifie-t-elle l’absence du besoin ?

Faire le chemin vers l’autre afin de démystifier la fonction et initier un premier lien

Ici, c'est l'offre d'une écoute bienveillante, où je fais ce chemin vers l'autre, qui permet une rencontre loin de tout jugement ou de toute considération de faiblesse personnelle. Il s'agit finalement d'une sorte de présentation réciproque, qui ouvre une porte afin que le personnel puisse, par la suite, formuler une demande de travail psychothérapeutique plus facilement. Cette rencontre permet de démystifier la fonction du psychologue clinicien, de faire face aux a priori que le personnel peut avoir, mais aussi d’initier un premier lien.

Finalement, même en partant du principe qu’aucun travail psychothérapeutique ne peut aboutir sans demande, cette rencontre peut lui permettre d’émerger. Le personnel entend qu’il est capable de faire face à certains événements, mais qu’il a la possibilité de consulter ou de se faire aider, même de manière très ponctuelle.

Ainsi, cette démarche active de ma part, facilite l’accès à la prise en charge, tout en portant une attention particulière aux difficultés des personnels. La rencontre n’est alors plus tributaire de la seule demande du personnel, et en faisant ce chemin vers lui, je fais aussi la connaissance concrète avec une partie de son expérience et pose ainsi le premier jalon d’une possible alliance thérapeutique.

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