Le psychologue clinicien en gendarmerie (4/5) : mission de soutien psychologique à Saint-Martin et à Saint-Barthélemy après l'ouragan Irma

  • Par le capitaine Mathieu Wittig
  • Publié le 21 février 2021
© Gendarmerie nationale

En septembre 2017, les Antilles étaient balayées par l’ouragan Irma, qui laissait derrière lui une véritable scène de désolation. Parmi les importants moyens projetés sur place, la gendarmerie a très vite fait le choix de dépêcher, au cœur de l’opérationnel, des psychologues cliniciens, parmi lesquels le capitaine Mathieu Wittig, afin que les gendarmes et les familles touchés par cette catastrophe naturelle aient immédiatement à leur disposition des professionnels à même de leur apporter écoute et soutien.

Le 6 septembre 2017, l’ouragan Irma, classé catégorie 5, frappe les îles de Saint-Martin et de Saint-Barthélemy. Derrière elle, cette « force invisible » laisse un paysage de désolation. Les réseaux d’eau potable, d’électricité et de communication sont hors-service.

Malgré des conditions très dégradées, la gendarmerie projette sur place d’importants moyens humains et matériels. Investis dans le secours aux populations, l’organisation des évacuations sanitaires, le maintien de l’ordre et le rétablissement de la sécurité, les gendarmes gèrent l’urgence pendant plusieurs semaines.

Projection de psychologues au cœur de l’opérationnel

Très rapidement, la question d’envoyer des psychologues se pose pour la gendarmerie. D’abord dépêchés en Guadeloupe dans le cadre du sas mis en place au profit des familles de gendarmes, les psychologues sont projetés en binômes, au cœur de l’opérationnel, sur l’île de Saint-Martin et de Saint-Barthélemy, au profit des gendarmes eux-mêmes.

Pour cette mission, comme pour d’autres événements majeurs, le défi est de s’adapter au contexte opérationnel et d’harmoniser notre pratique clinique au terrain. Sans attendre les demandes formelles de soutien, nous nous sommes déplacés sur les deux îles pour rencontrer les gendarmes là où ils étaient, que ce soit dans des emprises gendarmerie (casernes, brigades) qui n’avaient pas été endommagées par l’ouragan ou dans des lieux réquisitionnés en urgence (villas, hôtels). Cette démarche proactive, « sur le lieu de l’autre », nous a permis de rencontrer de nombreux gendarmes et de leur proposer un soutien psychologique.

© GND F. Garcia

Une pratique clinique atypique adaptée au théâtre de crise

Habituellement acteurs de l’ombre, nous avons exceptionnellement choisi de revêtir l’uniforme pour cette mission, ce qui était inédit (en intervention) et qui a facilité notre intégration sur le terrain. Nous y avons ajouté notre fonction « psychologue gendarmerie », qui a été un catalyseur de rencontres cliniques en individuel ou en groupe. Surpris dans un premier temps de nous voir « débarquer » au milieu des ruines, les gendarmes se sont rapidement livrés sur ce qu’ils venaient de vivre.

En raison des dégâts matériels, les psychologues n’ont pas pu exercer comme à leur habitude, dans un bureau, à l’abri des regards et dans la confidentialité. Ainsi, debout au milieu d’une cour, assis sur un muret, les psychologues ont pu offrir une écoute là où cela était nécessaire, en faisant abstraction de leur environnement, tout en assurant la discrétion de l’échange.

Cette pratique clinique atypique est allée directement à « l’essentiel de l’autre » dans le moment présent. Le clinicien s’est adapté au temps psychique individuel et a respecté les mécanismes de défense mobilisés après ce moment de rupture existentielle.

Du fait de la mission de courte durée, ces rencontres ont été le plus souvent uniques et sans lendemain. Ce contact avait notamment pour objectif de favoriser l’acceptation d’une démarche thérapeutique ultérieure chez des personnes qui pouvaient être réticentes à l’accepter. C’est pourquoi nous avons travaillé en réseau avec les psychologues cliniciens en région.

Faire émerger la parole en tout temps et en tout lieu

En envoyant des psychologues sur place, la gendarmerie a témoigné de son intérêt pour ses personnels, en prenant toute la mesure des effets potentiellement traumatiques qu’Irma pouvait engendrer. L’enjeu majeur de cette mission pour les psychologues de l’Institution a été de faire émerger, en tout temps, en tout lieu, la parole du sujet, en en garantissant la confidentialité, pour que, l’espace d’un instant, les gendarmes et les familles touchés par l’ouragan Irma, aient à leur disposition des professionnels de l’écoute sans avoir à le demander.

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