Lieutenant Marjorie, d'enquêtrice à commandant de peloton d’intervention de gendarmerie mobile

  • Par la capitaine Marine Rabasté
  • Publié le 10 mars 2021
Le lieutenant Marjorie (au premier plan) lors d'une mission de maintien de l'ordre

À 34 ans, le lieutenant Marjorie est affectée au sein de l’Escadron de gendarmerie mobile (EGM) 21/3 de Mont-Saint-Aignan, en qualité de commandant de peloton d'intervention. Son parcours, riche et diversifié, est l’exemple même qu’avec de la détermination, tout est réalisable et qu'aucune porte ne se ferme au sein de la gendarmerie.

C’est en 2006 que Marjorie intègre l’Institution. Après dix mois passés au sein de la 23e promotion d’élèves gendarmes de l’école de sous-officiers de gendarmerie de Châteaulin, elle rejoint la gendarmerie départementale et, plus précisément, la brigade de Mamers. Le début d’un parcours riche et diversifié ! Six ans après être sortie d’école, elle est détachée durant six mois au sein d’un groupe d’enquête criminelle de la Section de recherches (S.R.) d’Angers, lui permettant de mettre à profit sa qualification d’Officier de police judiciaire (OPJ) fraîchement acquise. Au terme de cette expérience judiciaire, Marjorie demande une mutation au poste à cheval du Lion-d’Angers, tout juste créé. « C’était une belle opportunité, car je suis cavalière, qualifiée galop 7 ! », se réjouit-elle encore. Lors de cette affectation, elle touche alors une première fois au commandement, en exerçant les fonctions d’adjoint au chef de poste.

Passage à l’École des officiers de la gendarmerie nationale

Son attrait pour les responsabilités la mène à l’École des officiers de la gendarmerie nationale, en août 2015, où, durant deux ans, elle se forme à l’exercice du commandement, en alternant phase d’apprentissage militaire et phase universitaire. « Le rythme est dense et, physiquement, il faut être en forme. Surtout la première année, où l'on apprend à devenir un chef tactique et militaire ! », se souvient le lieutenant. Lors de ces deux années à Melun, elle en profite pour passer des qualifications spécifiques, susceptibles de lui ouvrir des portes pour la suite de sa carrière. Ainsi, en 2016, après deux stages, elle obtient le Certificat élémentaire montagne (CEM), nécessaire pour prétendre au commandement d’une unité montagne. Puis, en 2017, après cinq semaines passées au Centre national d’entraînement des forces de gendarmerie (CNEFG), elle ajoute à sa liste des qualifications celle de Moniteur d’intervention professionnelle (MIP).

« Générale, j’ai l’honneur de choisir la dominante maintien de l’ordre »

Quand vient le jour du choix de la dominante, en février 2017, l’officier n’a pas d’hésitation quant à la suite de sa carrière, lorsqu’elle passe devant la générale commandant l’école. « Après plusieurs postes au sein de la gendarmerie départementale, je souhaitais découvrir l’autre facette de la gendarmerie et j'ai donc choisi la dominante « Maintien de l’ordre » (M.O.), me permettant de servir au sein de la Gendarmerie mobile (G.M.). En ESOG, j’avais apprécié le stage M.O. à Saint-Astier, mais à cette époque, les portes de la G.M. n’étaient pas ouvertes aux sous-officiers de gendarmerie féminins. » C’est donc désormais vers la vie en escadron que le lieutenant Marjorie se tourne. Après trois mois de formation au commandement d’un peloton, elle choisit son affectation : un peloton de marche de l’Escadron de gendarmerie mobile (EGM) de Mont-Saint-Aignan, qu’elle rejoint le 1er août 2017.

À la tête du peloton d’intervention

Son affectation, l’officier en est pleinement satisfait. « Je souhaitais un commandement proche de mes hommes et dynamique. C’est exactement ce que je retrouve au sein de la G.M. Les missions s’enchaînent, on n’a pas le temps de s’ennuyer. » Après un an au sein du peloton de marche, elle prend la tête du Peloton d’intervention (P.I.), grâce à sa qualification de MIP. Une vraie plus-value dans une carrière d’officier en G.M. ! Mais au-delà des missions dévolues à cette composante de l’escadron, le lieutenant Marjorie y voit également un grand enrichissement humain. « Être commandant de P.I., c’est avoir sous ses ordres un groupe soudé, volontaire, qualifié et solide physiquement. Mais le plus important, c'est la confiance réciproque qu’il y a entre mes militaires et moi », livre-t-elle. Cette confiance et cette cohésion de groupe sont indispensables au sein d’une unité d’intervention.

Une expérience enrichissante

Depuis son arrivée à Mont-Saint-Aignan, l’expérience du lieutenant Marjorie s’est considérablement enrichie. « En trois ans, j’ai participé à des missions d’envergure nationale, comme le démantèlement de la ZAD de Notre-Dame-des-Landes ou la gestion de la crise des Gilets Jaunes, et j'ai fait plusieurs déplacements en outre-mer : en Guyane, en Polynésie et en Guadeloupe, où je me trouve actuellement, à chaque fois en tant que chef de détachement. » Elle n’oublie pas non plus toutes les missions menées sur le territoire national au titre de l’engagement constant des EGM : lutte contre l’immigration irrégulière et clandestine, dispositif estival de protection des populations, ou encore surveillance du Palais de justice à Paris. Mais même avec toutes ses expériences, quand on lui demande quelle est celle qui aura le plus marqué son commandement, c’est sans hésitation qu’elle répond. « C’était en janvier 2019, à Caen, lors de mon premier rétablissement de l’ordre au P.I. C’était très dynamique et particulièrement animé du côté des adversaires. »

« Les femmes ont toute leur place en gendarmerie mobile »

À l’évocation de la gendarmerie mobile, l’image d’un milieu très masculin, où les personnels féminins sont à la marge, est très souvent la première à laquelle on pense. Mais pour le lieutenant Marjorie, les femmes ont toute leur place, qu’elles soient sous-officiers ou officiers. « Il faut seulement faire preuve d’une réelle détermination et savoir s’adapter. Un certain niveau physique est également nécessaire, mais au même titre qu’il l’est pour les hommes ! », explique-t-elle. Concernant le commandement, sa position ne diffère guère. Elle n’a rencontré aucune difficulté à s’imposer comme chef auprès de ses militaires. « À mon arrivée, j’ai été curieuse, j’ai pris conseil auprès de mon commandement, de mes gradés et je me suis adaptée aux exigences de la G.M. Et tout s’est bien passé !» Pour l’officier, le plus dur ne réside pas dans le fait d’être une femme, mais dans celui de trouver sa place exacte à la tête du groupe, être proche des gendarmes tout en gardant la bonne distance propre au chef. « Si j’ai réussi ? Bonne question ! C’est à mes militaires de le dire ! »

Spécialisation en franchissement opérationnel

À l’escadron, le lieutenant ne se repose pas sur ses qualifications acquises en école et poursuit son perfectionnement. « J’ai souhaité me former dans le domaine du franchissement opérationnel, car c’est une spécificité du peloton d’intervention. En 2019, j’ai donc obtenu le monitorat de franchissement opérationnel, après un stage au CNEFG. » L’histoire aurait pu s’arrêter là. Mais sa détermination et son envie de parfaire sa formation la poussent à participer au premier stage d’instructeur en franchissement opérationnel, en octobre 2020. « Après quatre semaines de stage et d’évaluation, j’ai eu la fierté de décrocher le brevet, avec une belle troisième place au classement général ! », confie-t-elle, non sans une pointe de fierté. Avec ce brevet, Marjorie devient la première femme instructeur de franchissement opérationnel.

Et pour l’avenir ?

Quatre ans. C’est le temps qu’aura fait le lieutenant Marjorie au sein de l’EGM de Mont-Saint-Aignan. Au 1er août 2021, elle quittera ses fonctions pour en prendre de nouvelles ailleurs. « Je souhaite naturellement poursuivre dans le domaine du maintien de l’ordre et, idéalement, prendre le commandement d’un escadron. » Elle n’en oublie pas la formation pour autant ! « Si mon futur poste le permet, j’aimerais passer les tests pour le Diplôme de qualification technique montagne, afin d’accéder à la spécialité « Secours en montagne ». Puis, dans la continuité de ma formation en matière d’intervention professionnelle et de franchissement opérationnel, j’envisage de suivre le stage d’Instructeur en intervention professionnelle. » Un beau parcours donc, qui n’est pas près de s’arrêter !

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