Bateaux, hélico, cyno : exercice en trois dimensions sur le Léman

  • Par la capitaine Sophie Bernard
  • Publié le 23 octobre 2020
© D.R.

Le 13 octobre dernier, comme chaque année, les gendarmes de la Brigade nautique (B.N.) d’Évian-les-Bains, la Section aérienne de gendarmerie (SAG) de Chamonix-Mont-Blanc et les équipes cynophiles des compagnies de Saint-Julien-en-Genevois et de Thonon-les-Bains ont défié les lois de la pesanteur pour s’exercer à combiner leurs trois spécialités.

Ce matin du 13 octobre 2020, c’est une scène digne d’un « James Bond » ou d’un « Mission impossible » qui se déroule sur le Léman. Des gendarmes, dont des maîtres-chiens accompagnés de leurs fidèles compagnons, se font hélitreuiller depuis la vedette gendarmerie, qui conserve de la vitesse et poursuit sa trajectoire sur le lac !

Il s’agit en réalité d’un exercice technique réunissant à lui seul les spécialités nautique, aérienne et cynophile de la gendarmerie. L’organisant chaque année sur le Léman, les militaires ont également convié leurs voisins suisses de la brigade du lac de Lausanne et les membres bénévoles de la Société internationale de sauvetage du Léman (SISL), qui peuvent être amenés à intervenir à leurs côtés en cas d’accident.

Entraînement difficile, secours plus facile

Car si la mission ne semble pas si impossible à réaliser pour Tom Cruise, elle demande de l’entraînement pour nos gendarmes, qui doivent agir avec une grande précision : «Cela fait cinq ans que nous organisons chaque année cet exercice dans le cadre de la formation nautique. Il consiste à récupérer un individu en treuillage sur un bateau lancé à 40km/h, pour le reposer sur un autre bateau en mouvement. Nous sommes régulièrement amenés à travailler dans des conditions extrêmes avec l’hélicoptère, donc il est nécessaire d’habituer les personnels, pour ne pas être surpris le jour J », explique l’adjudant-chef Danilo Molina, à la tête de la Brigade nautique (B.N.) d’Évian-les-Bains. « L’hélicoptère arrive en crabe au niveau du bateau, afin que la porte latérale soit placée face à la personne treuillée. Le conducteur de la vedette doit poursuivre sa trajectoire. C’est plus facile lorsque le bateau est en mouvement, car à l’arrêt, le souffle de l’hélicoptère risque de trop le faire bouger », décrit le lieutenant Yannick H., pilote affecté à la Section aérienne de gendarmerie (SAG) de Chamonix-Mont-Blanc.

Après avoir vérifié qu’ils étaient bien tous branchés sur le même canal radio, les militaires de la SAG s’envolent et répètent plusieurs fois l’opération avec la vedette de la B.N. mais aussi celles de la police cantonale et de la SISL, dont les membres sont ravis de pouvoir s’exercer : « Nous participons chaque année à un exercice cynophile avec la brigade nautique, mais c’est la première fois que nous assistons aux entraînements d’hélitreuillage à partir du bateau. Nous avons pu constater que le fait de garder le cap sans couper le moteur permettait réellement de rester stable, c’était très instructif ! »

Nul besoin de rappeler à tous la nécessité de cet exercice périlleux, puisque grâce à cet entraînement de choc, ils ont pu sauver la vie d’un homme l’année dernière : « En juin 2019, lors de la course du Bol d’Or (NDLR : régate organisée chaque année sur le Léman), un énorme orage a éclaté. Des voiliers ont démâté, d’autres ont coulé, et parmi les fusées de détresse, un homme faisait un AVC ! Nous avions répété l’exercice seulement quelques semaines auparavant, ce qui nous a permis d’intervenir efficacement pour évacuer la personne jusqu’à l’hôpital de Lausanne et qu’il s’en sorte sans séquelle », raconte l’adjudant Soizic G., affectée à la B.N. d’Évian-les-Bains.

Un exercice qui a du chien

L’exercice est aussi particulièrement intéressant pour les équipes cynophiles, régulièrement amenées à travailler avec la SAG et la B.N. sur certaines interventions. Les maîtres-chiens doivent en effet habituer leurs fidèles compagnons à avoir le pied marin, ou plutôt la patte marine, notamment pour rechercher des stupéfiants à bord des embarcations. De la même manière, ils les familiarisent avec l’hélitreuillage, celui-ci pouvant être fort utile dans le cadre, par exemple, d’une recherche de personne disparue, lorsque la piste commence à un endroit difficile d’accès. Pour s’envoler en toute sécurité, le chien est harnaché à son maître au niveau de la taille, afin que celui-ci puisse le garder dans ses bras tout au long de l’opération, sans qu’il y ait rupture d’assurance. Il est ainsi plus facile de rassurer l’animal et de le déposer dans l’habitacle de l’hélicoptère une fois treuillé. Le chien est également muselé pour éviter tout risque de morsure vis-à-vis de son maître ou de l’équipage lors de cette acrobatie impressionnante.

« Ce type d’exercice permet au chien de s’habituer aux situations extrêmes et d’être confronté à différentes émotions. Une fois harnaché, il ne se débat pas et « tolère » le treuillage. Cela lui permet d’acquérir une grande confiance envers son maître et vient renforcer le lien qui existe entre les deux », remarque l’adjudant Julien L., maître-chien de la compagnie de Thonon-les-Bains. C’est la deuxième fois que Phenix, un jeune berger allemand de quinze mois, s’envole ainsi avec son maître dans les airs et déjà l’animal semble s’y accoutumer : « C’est important de le faire assez tôt, lorsque le chien est encore jeune. Pendant l’exercice, Phenix n’a pas eu trop d’appréhension. Sur le bateau, il n’avait qu’une envie, c’était de sauter dans l’eau, et une fois harnaché les pattes en l’air, il ne bougeait plus », se félicite l’adjudant Laurent B., maître-chien de la compagnie de Saint-Julien-en-Genevois

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La coopération avec la police cantonale permet également aux maîtres-chiens de confronter leurs différentes techniques : « Les « conducteurs de chien » sont nos équivalents du côté suisse. Ils pratiquent l’hélitreuillage de façon différente, en utilisant un harnais à deux points pour attacher l’animal plutôt entre leurs jambes. Ils développent également des spécialités différentes des nôtres, dont nous essayons de nous inspirer. C’est le cas, par exemple, de la « quête d’objet » où, contrairement à d’habitude, le chien se met à la recherche d’objets fraîchement manipulés », décrit l’adjudant Laurent B. Un procédé dernièrement expérimenté dans le cadre d’un homicide, pour retrouver d’éventuels objets directement liés à l’événement. À ce titre, un chien de la brigade canine de la police cantonale genevoise avait été appelé en renfort.

Une nouvelle fois, cette réunion des différents acteurs aura eu le mérite de « tirer tout le monde vers le haut », au sens propre comme au figuré, restant riche d’enseignements pour continuer de #répondre présent auprès de la population.

 

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