Lorsque l’on parle d’accidentologie, on commence souvent par des chiffres. Ceux de 2017 sont bas si on les compare à ceux de l’année précédente :

- 5 accidents corporels contre 7 en 2016 ;

- 1 décès contre 15 en 2016 (dont 12 décès en un seul accident) ;

- 6 blessés contre 11 en 2016.

Si l’année 2017 a été moins accidentogène, cela peut s’expliquer par différents facteurs.

La mauvaise réputation de cette route, qualifiée de « meurtrière », amène les usagers à faire preuve de prudence, notamment de la part des locaux qui l’empruntent le moins possible. De nombreux aménagements ont été réalisés et sont encore en cours. Des messages de prévention « perte de vigilance – risque de collision », traduits en plusieurs langues, bordent la chaussée. La presse réalise régulièrement des reportages sur cette problématique. Enfin, pas moins de huit radars de tous types sont positionnés sur 50 kilomètres afin de faire ralentir les automobilistes. Sans oublier l’action de la gendarmerie !

Fortement sollicités, les militaires de la Compagnie de gendarmerie départementale (CGD) de Moulins et de l’Escadron départemental de sécurité routière (EDSR) de l'Allier effectuent de nombreux contrôles et interventions à proximité et sur cette route.

Les gendarmes ne relâchent pas leur vigilance, tout comme les automobilistes sont incités à le faire.

Pourquoi tant d’accidents sur la RCEA ?

Sur les 15 000 véhicules empruntant la RCEA chaque jour, les poids lourds représentent 30 % du flux contre 12 % en moyenne sur les autres routes de France. Un chiffre phénoménal qui s’explique par la gratuité de cet axe traversant la France.

« La RN 79 coupe l’Allier en deux sur 92 kilomètres. Plus de la moitié de cette route ne dispose que d’une voie de circulation, sans possibilité de dépassement, souligne le commandant de l’EDSR, le capitaine Jean-Luc Morel. Cela engendre de la monotonie, surtout lorsque les usagers restent bloqués derrière un poids lourd. »

Les aménagements sont nombreux afin d’avertir les automobilistes qu’ils dévient de leur trajectoire. Le premier d’entre eux est l’installation d’une ligne continue au centre de la chaussée, doublée de chaque côté de bandes sonores. Pourtant, aménagements et radars n’empêchent pas l’hypovigilance ou l’endormissement.

« Les chocs frontaux sont nombreux sur cette route, déplore l’officier. L’hypovigilance en est souvent la cause, accentuée par la structure même de la route : celle-ci possède un dévers qui fait pencher le conducteur d’un côté ou de l’autre de la chaussée dès qu’il relâche son attention. Les collisions avec des poids lourds sont nombreuses. »

Comment s’organise la gendarmerie ?

Contrôles de vitesse, contrôles de l'alcoolémie et de l'usage de stupéfiants, détection dans le flux de circulation des comportements dangereux… Tous les jours, une unité de l’EDSR réalise une patrouille sur la RCEA, notamment la Brigade motorisée (B.Mo.) d’Yzeure. À l’occasion d’un contrôle, les gendarmes rappellent les règles : interdiction de dépasser sur les zébras, respect des distances de sécurité, pas de téléphone au volant.

Chaque mois, le commandant de l’EDSR organise un survol de l'axe en hélicoptère, grâce à l’appui du détachement aérien de gendarmerie d’Égletons, afin de repérer les infractions les plus dangereuses pour la sécurité des automobilistes, comme des chauffeurs poids lourds effectuant des dépassements, pourtant proscrits.

Et en cas d’accident ?

Qu’ils viennent d’unités territoriales ou d’unités de sécurité routière, les gendarmes interviennent au plus vite sur un accident. Ils arrivent souvent les premiers sur les lieux. Secours et renforts s’activent pour que tous les protagonistes soient mis en sécurité. De leur côté, les motocyclistes de la B.Mo. œuvrent à la régulation du trafic routier.

Les gendarmes de Neuilly-le-Réal ont vécu de nombreux accidents sur leur circonscription, notamment la dramatique collision qui provoqua 12 décès en mars 2016. Ils témoignent : « Un accident sur la RCEA ? C’est tout ou rien ! Soit nous intervenons pour un accrochage matériel, soit... c’est bien plus grave. »

« Nous agissions souvent en co-saisine sur certaines procédures, notamment celles concernant les accidents de poids lourds qui nécessitent un savoir-faire et des outils de lecture de données que seules les unités routières possèdent », explique le chef d’escadron Pascal Vianès, commandant la CGD de Moulins.

Et le commandant de l’EDSR de préciser : « Les unités territoriales dirigent la plupart des enquêtes (accidents matériels et incivilités), à l’exception des accidents immédiatement mortels, de transports publics et de matières dangereuses, lesquels incombent aux unités de sécurité routière. »

La transformation de cette route en autoroute est déjà actée et déclarée d'utilité publique. L’appel d’offres est en cours et le futur concessionnaire sera nommé d’ici la fin 2018. Une fois désignée, la société devra effectuer la mise au gabarit autoroutier à deux fois deux voies. L'achèvement est prévu aux alentours de 2021-2022.