Drones : les gendarmes investissent la troisième dimension

  • Par la capitaine Gaëlle Pupin
  • Publié le 19 mars 2018
La formation de télépilote de drones est dispensée par le groupement d'instruction du commandement des forces aériennes de la gendarmerie nationale (CFAGN), à Cazaux.
© SirpaGend – BRC F. Garcia

Les télépilotes de drones de la gendarmerie sont à même de projeter leur vecteur aérien pour effectuer des missions variées.

À plus d'une heure de la base aérienne de Cazaux, au centre d'un terrain bordé de champs agricoles, de petits drapeaux jaunes forment un parcours balisé. Bientôt, un ballet aérien commence : décollage, huit, cercle face au vent… Les stagiaires, futurs télépilotes de drones, prennent leurs marques avec les vecteurs qui leur sont attribués : DJI Phantom 3 ou 4 selon les binômes. « L'arrivée progressive de drones “grand public” dans le milieu civil, avec un éventail capacitaire important, dont la prise de photographies et de vidéos de haute qualité, a permis de cerner rapidement tout l'intérêt de leur utilisation en gendarmerie. », explique le chef d'escadron (CEN) Stéphane Suire, adjoint au commandant du groupement d'instruction.

« Rapidement s'est imposée la nécessité de clarifier le cadre d'emploi de tous ces vecteurs, poursuit l’officier. La gendarmerie se devait de garantir une formation avec un volet théorique qui réponde aux exigences de la norme civile et un volet technique qui donne l'assurance que nos opérateurs peuvent se servir de ces outils dans les meilleures conditions de sécurité de vol. C'est donc tout naturellement que cette thématique est entrée dans les compétences des forces aériennes de gendarmerie et, plus particulièrement, pour ce qui concerne la formation, du groupement d'instruction. »

Un socle technique sur-mesure

« Nos instructeurs, identifiés sur la base du volontariat, ont construit l'intégralité de la formation en ayant pour objectif la recherche du juste besoin », précise le CEN Suire. Ces derniers sont, en effet, partis de l’existant : le brevet de pilote ULM, qui correspond au socle minimum de connaissances requises pour travailler sur la plupart des scénarios de vols autorisés en France. L'aspect théorique a été allégé, adapté et recentré sur le télépilotage. Ainsi, pendant cinq jours, les stagiaires appréhendent des connaissances aussi nécessaires que variées.

« Pendant les cours de circulation aérienne, ils apprennent, notamment, à distinguer les différents espaces aériens, à maîtriser la législation aérienne et la phraséologie utilisée au sein des organismes aéronautiques, explique la majore Rachel Chervier, instructeur. Nous leur délivrons des cours de météorologie afin qu'ils puissent définir, en toute autonomie, l'opportunité de leur mission. Enfin, ils doivent maîtriser des notions de navigation ainsi que quelques bases en mécanique. » Trois jours sont ensuite consacrés à la découverte des modèles de drones détenus par la gendarmerie, leur réglementation spécifique et leur cadre d’emploi ou encore le logiciel propre à chacun.

Une formation pratique et tactique

« L'apprentissage du pilotage se fait de manière progressive. C’est l’une des clés de la réussite, affirme le gendarme Henry Le Bouil, instructeur. Pendant cinq jours, outre la prise en main du drone lors d’exercices d'aisance et de pilotage, nous insistons sur le travail en équipe, nécessaire pour mener à bien la mission. » Le binôme « télépilote/chef de mission » est, en effet, indissociable. Pendant que l'un est « en vol », concentré sur la manette et le retour écran, son équipier endosse le rôle de « chef de mission », coordonne les demandes de l'autorité d'emploi et assure l'interface avec les organismes de coordination en matière de circulation aérienne.

« Une fois que les stagiaires maîtrisent le pilotage de base, ils basculent sur des modèles tactiques afin de faire évoluer les engins sur des scénarios d'emploi classiques en gendarmerie. » Surveillance de manifestations ou de fan zones, filature, reconnaissance en maintien de l'ordre, recherche de personne, aide à l'enquête sur une scène de crime spécifique…

Surveillance, recherche de traces et indices, reconnaissance d'objectifs, éclairage d'une progression… l'utilisation des drones est extrêmement variée.

© SirpaGend – BRC F. Garcia

Les exercices s'enchaînent, en extérieur comme à l’intérieur (en fonction des conditions météorologiques), et permettent aux stagiaires de percevoir les difficultés inhérentes à chaque mission. « Le dernier vol est une synthèse, explique le gendarme Le Bouil. L’équipe gère sa mission en totale autonomie : prise en compte de la météo, préparation cartographique, mise en œuvre du drone de A à Z, gestion de l'autorité fictive et conduite de la mission. » À l'image de l'examen sanctionnant les connaissances théoriques, ce vol est déterminant pour l'obtention du fameux sésame : le brevet de télépilote de drone.

« Le travail effectué par les formateurs pour mettre en place ce socle de connaissances est avant-gardiste, estime le CEN Suire. En effet, forte des retours d'expérience émanant du terrain, la formation s'adapte constamment. La prochaine étape est de la consolider dans un cadre urbain, ce qui devrait aboutir à une convention avec le Cnefg. Cette réactivité est l’une des forces de la gendarmerie. Aujourd’hui, notre institution s'est clairement positionnée comme une référence, un leader, dans le domaine de l'observation et de la surveillance au moyen de vecteurs comme les drones. »

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