Gendarme & agriculteurs : un partenariat qui porte ses fruits

  • Par la capitaine Gaëlle Pupin
  • Publié le 02 mars 2018
Au coeur de la Haute-Beauce, à l'extrême sud du département des Yvelines, la brigade territoriale autonome d'Ablis tisse des liens avec les agriculteurs.
© SirpaGend – BRC F. Garcia

Fortement implantée dans les territoires grâce à un maillage étroit, la gendarmerie noue des relations privilégiées avec le monde agricole.

Saint-Martin-de-Bréthencourt, ferme de Brandelles. Un exploitant céréalier en tracteur croise deux cavaliers de la garde républicaine, en patrouille équestre depuis le poste à cheval des Bréviaires. Une discussion s’engage. Un peu plus tard, une patrouille de la BTA d’Ablis se gare devant la propriété.

« Nous avons environ une vingtaine d’exploitations sur notre circonscription, souvent isolées, précise l’adjudant Willy Ametis. C’est à nous de prendre contact régulièrement, et ce, à plusieurs titres. Prévention, sensibilisation aux modes de sécurité actifs et passifs sur leur domaine, etc. Ou tout simplement pour entretenir les bonnes relations. »

Et le contact, la BTA d’Ablis s’y connaît ! Le chef d’escadron (CEN) Antoine Mercuri, commandant la compagnie de gendarmerie départementale de Rambouillet s’en félicite :

« Cette brigade fait preuve d’un véritable savoir-faire pour nouer des liens avec le monde rural et garder la confiance des élus. »

Il poursuit : « En plus de leurs missions habituelles, ses personnels sont particulièrement impliqués dans la sécurisation des zones rurales et des exploitations, notamment par leurs échanges quotidiens, le recueil du renseignement et la détection de signaux faibles. »

La gendarmerie, identifiée comme un partenaire de sécurité et un interlocuteur privilégié

Distribution de flyers, audits de sécurité, conseils pour lutter contre la délinquance… Autant d’outils pour assurer la sûreté des emprises agricoles, mais aussi, et surtout, un moyen de renouer le lien historique entre la gendarmerie et les agriculteurs.

« C’est dans notre ADN de gendarme. Le contact avec la population est notre force, il faut l’entretenir. La BTA d’Ablis a su instaurer une véritable dynamique en ce sens, au profit de la population en général, et des agriculteurs en particulier. Elle s’est ainsi progressivement imposée comme le référent légitime et incontournable en matière de sécurité. »

Encouragés par les militaires de la brigade, les agriculteurs font dorénavant partie d’un réseau d’alerte par SMS : agriculteurs-vigilants. Celui-ci permet, en temps réel, de diffuser l’information lorsqu’un fait délictueux est commis et ainsi d’accroître la vigilance des acteurs sur le territoire concerné.

« Un système efficace qui a fait ses preuves, affirme Jacky Drappier, maire de Saint-Martin-de-Bréthencourt et agriculteur. Quand on reçoit un SMS d’alerte, on est plus vigilant, on ouvre l’œil et on surveille les véhicules ou tout ce qui pourrait nous paraître suspect. »

Grâce à Néogend, la BTA d’Ablis effectue des actions de prévention ciblées envers les agriculteurs.

© SirpaGend – BRC F. Garcia

L'une des principales difficultés réside dans l’implantation des installations agricoles, situées sur de vastes territoires et dispersées géographiquement. C’est pourquoi la brigade axe principalement son action autour du volet préventif.

« Il est essentiel de sensibiliser les agriculteurs aux phénomènes de vols, par exemple de fuel, d'outillage ou autre, pouvant survenir sur leur secteur, mais aussi à l'usage de fausses qualités par des personnes peu scrupuleuses : faux agents de sécurité publique, EDF, etc. explique l’adjudant-chef (ADC) Jean-Marc Baudin, commandant la BTA d’Ablis. Nous intervenons également de façon ciblée, en fonction de la saison. Ainsi, avant l’été, nous prenons contact avec tous les agriculteurs pour éviter les incendies. »

En effet, lors de la moisson, ils doivent faire face à « l’effet silex » : leurs machines produisent des étincelles pouvant enflammer la paille et parfois s’étendre aux hangars agricoles. « En 2015, c’était une vraie problématique ! Notre action préventive a permis, l’année passée, d’influer réellement sur la sécurité des exploitations. »

La BTA s'engage au quotidien pour la sécurité des zones rurales et des exploitations.

© SirpaGend – BRC F. Garcia

Cultiver le lien avec la population

« La BTA d’Ablis a su s’adapter à sa population et s’ancrer dans son territoire. Patiemment. Avec pédagogie. Les militaires ont réussi à nouer de vrais liens de confiance avec les maires et en faire des partenaires privilégiés. »

Le CEN Mercuri est convaincu du bien-fondé de cette démarche. « Elle a abouti récemment à de nombreuses réunions avec les élus du conseil municipal et la population pour initier le processus de « participation citoyenne » dans de nombreuses communes de la circonscription. C’est le fruit d’un travail de plusieurs mois, à l’initiative du commandant d’unité. D’autres communes se sont également montrées intéressées. »

Un partenariat précieux. « Les agriculteurs connaissent parfaitement la terre, ils se connaissent entre eux, observent, et sont capables de faire remonter le renseignement, ajoute l’ADC Baudin. Ils sont en mesure de déceler les présences inopportunes ou les véhicules en repérage… »

Pour renforcer les liens avec la population, la BTA met également en œuvre des réunions publiques, autour de thèmes spécifiques, au cours desquelles les gendarmes peuvent prendre la mesure des préoccupations de chacun et apporter des éclairages, notamment en matière de sécurité.

Des correspondants territoriaux de proximité ont ainsi été spécialement formés pour être en capacité d’apporter des réponses plus techniques sur des problématiques telles que la radicalisation, les violences, la sûreté des installations, etc.

« Cette proximité avec la population est étroitement liée à la présence des militaires sur le terrain, à toute heure du jour et de la nuit, par des services adaptés, affirme le CEN Mercuri. À cet égard, le renfort du poste à cheval de la compagnie de gendarmerie départementale de Rambouillet et des réservistes engagés dans nos missions quotidiennes est déterminant. »

Il poursuit : « L’utilisation d’un véhicule tout-terrain militaire P4, de motos tout-terrain et des chevaux permet aussi de s’approprier efficacement le territoire rural. Mais au-delà des moyens employés et des impératifs stratégiques, c’est l’humain qui compte. Le contact reste la base, véritable savoir-être inculqué à tous les niveaux au sein de la compagnie de gendarmerie. Pour que cela fonctionne, il faut être convaincu de la démarche. C’est la clé du succès de la brigade ! »

Avant de conclure : « Les personnels les plus expérimentés s’investissent également dans la transmission de ces valeurs à la jeune génération de gendarmes, pour qu’ils acquièrent de bonnes méthodes de travail. Ce passage de relais est essentiel car l’équilibre instauré par la brigade avec la population reste fragile. C’est un travail de tous les instants… car il faut de l’énergie pour bâtir et de la qualité pour durer. »

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