La gendarmerie maritime : force d’intervention lors de l'opération «Mako» en Guyane

  • Par Angelina Gagneraud
  • Publié le 01 février 2017
Le mode opératoire de repérage et d’intervention s’est organisé conjointement avec la Marine nationale. La gendarmerie maritime a eu pour sa part en charge l’intervention en mer.
© Gendarmerie maritime

En novembre 2016 en Guyane, la gendarmerie maritime a intégré un dispositif interarmées visant à enrayer les activités de pêches illégales dans les eaux territoriales françaises.

« Les “tapouilles” ne sont pas de simples navires de pêche autonomes. Il s'agit d'une véritable organisation qui pénètre dans les eaux territoriales françaises, explique le lieutenant Ronan Le Youdec, commandant le Peloton de sûreté maritime et portuaire (PSMP) de Marseille-Joliette (13). Les risques engendrés sont d'ordre écologique et économique, du fait de l'exploitation excessive et illicite des fonds marins. De plus, une crispation avec les pêcheurs guyanais, qui bénéficient quant à eux des autorisations idoines, pourrait entraîner des actes de violence. »

Coup de filet interarmées

Les Brésiliens et les Surinamais sont désormais habitués aux opérations coup de poing en mer. Ces dernières sont en effet menées régulièrement depuis près de dix ans. Cependant, en novembre dernier, la gendarmerie maritime était au cœur de la manœuvre, notamment pour la partie intervention, avec l'engagement de militaires issus des PSMP et des BSL (Brigade de Surveillance du Littoral).

Ainsi, 18 gendarmes venus de métropole ont participé à l'opération Mako. « Des militaires de la section de recherches de la gendarmerie maritime sont partis en précurseurs deux semaines avant le reste du détachement. Ils avaient pour mission de rechercher du renseignement relatif au nombre de navires et aux identités des individus. Le reste du détachement, soit 16 gendarmes, a participé à la manœuvre d'intervention aux côtés des unités de la Marine nationale », précise l'officier.

Afin de ne pas laisser le temps aux contrevenants de riposter, l'opération Mako se doit d'être dynamique. « Les violences, pouvant intervenir rapidement à l’encontre de l’équipe d’intervention, sont toutefois rares mais la fuite courante. Les tapouilles ont, en général, une dizaine de personnes à leur bord. Lorsqu'elles se rassemblent, nous pouvons vite nous retrouver face à une centaine d'individus et risquer d'être mis en difficulté. »

« Notre engagement sur ce type d'opération correspond parfaitement à notre spectre d'intervention », souligne le commandant du PSMP de Marseille-Joliette.

Un véritable impact psychologique

« Les capitaines des navires étrangers ont beaucoup à perdre lors d'une opération telle que celle-ci. Arrestation, confiscation du navire et des filets, saisie de la pêche mais également contraventions élevées. 70 euros pour 100 mètres de filet, sachant qu'ils mesurent 5 à 6 kilomètres ! Le montant peut rapidement se chiffrer à plusieurs milliers d'euros ! » Au-delà des arrestations, l'impact psychologique est également l'un des effets recherchés : « Lors des interventions fermes et résolues sur les tapouilles, j'ai lu une véritable peur sur les visages des individus contrôlés. » D'ailleurs, la plupart ne reviendront pas sur la zone avant des mois, offrant ainsi une période d'accalmie aux forces de l'action de l'État en mer.

Mode opératoire de l’opération « Mako »

L'ensemble du dispositif se compose de deux P400 de la Marine nationale avec à leur bord deux zodiacs de 130 chevaux pour l'intervention et deux zodiacs de 115 chevaux pour les visites, ainsi que de deux VCSM de la gendarmerie maritime et d'une embarcation remonte filet. Ces navires de l’action de l’État en mer sont dans un premier temps positionnés en pleine mer, dans les eaux internationales, pour

« rester discrets face à l’adversaire ». 

Le Casa de l'armée de l'Air effectue un premier passage pour repérer les tapouilles dans les eaux nationales.

Le commandant des Forces armées en Guyane donne son « vert action » pour l'intervention.

En attendant l'intervention des équipes en mer, l'hélicoptère Fennec se place au-dessus des tapouilles à contrôler avec deux tireurs d'élite de l'antenne GIGN de Guyane en appui.

À 4 heures du matin, dans la pénombre, les quatre zodiacs se mettent en ligne. Une VCSM est placée en couverture pour sécuriser le dispositif, l'autre en tête de file. Arrivés à moins d'1 nautique (soit 1,852 km), les zodiacs partent seuls pour procéder aux contrôles et interpellations. Ils sont encadrés par les deux VCSM qui isolent la tapouille. Les deux zodiacs en charge de l'intervention abordent l’embarcation à tribord.

Une équipe monte et prend en compte le pont pendant que la seconde réalise l’appui sur le château, c'est-à-dire l’endroit où le commandant et une partie de l’équipage se situent. Les deux plus petits zodiacs, en mission « équipe visite », surveillent les abords puis prennent en compte la tapouille et ses passagers après la sécurisation par l’équipe d’intervention.

Une VCSM effectue, à l’issue, le déroutement de l’embarcation, après avoir embarqué à son bord les individus interpellés, jusqu'à la base navale de Dégrad des Cannes. Le capitaine de la tapouille est, quant à lui, placé en garde à vue.

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