Formation des motocyclistes gendarmerie : une mécanique bien huilée

  • Par la capitaine Gaëlle Pupin
  • Publié le 13 février 2019
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Point de passage incontournable pour tout gendarme motocycliste chevronné ou en devenir, le Centre national de formation à la sécurité routière (CNFSR) a à cœur de délivrer une formation pointue, précise et axée sur la sécurité. Pleins phares sur le centre, on vous dit tout !

Implanté sur le site de l'École de gendarmerie de Fontainebleau, le CNFSR accueille chaque année pas moins de 1 500 stagiaires, novices ou confirmés. « Formant tous les gendarmes ayant vocation à utiliser une moto en Gendarmerie, son implantation privilégiée lui permet d'être en mesure de répondre aux exigences techniques du large panel de formations dispensées », explique le lieutenant-colonel (LCL) David Debiais, commandant le centre. En plus de 50 ans de formations, le CNFSR a su faire évoluer son socle pédagogique et se forger une solide réputation dans le domaine de la sécurité routière.

Entre traditions et modernité

« Nos anciens ont créé un outil unique dont le nom résonne dans l'esprit de tous les gendarmes motocyclistes : polygone. Ils l'ont parcouru, de long en large, en treillis et en rangers, aux guidons de leurs ''R60'' », rappelle le LCL Debiais.

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De nombreuses années plus tard, les stagiaires évoluent toujours sur les mêmes pistes après s'être soumis à la traditionnelle et redoutée « prise en main », temps fort de la formation initiale. « Historiquement, le centre se trouvant à proximité d'un hôpital, pour limiter les nuisances sonores, les élèves devaient pousser leurs motos pendant une certaine distance avant de les démarrer. »

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Les instructeurs ont perpétué la tradition, comme un clin d'œil aux anciens : avant de pouvoir évoluer sur les pistes, parmi diverses activités physiques, les stagiaires doivent notamment courir aux côtés de leur motocyclette. « Cette prise en main forge la base de leur socle identitaire de gendarme motocycliste, ajoute le LCL Debiais. C'est une référence intergénérationnelle. »

Si l'état d'esprit de la formation dispensée reste le même, l'enseignement s'est, quant à lui, adapté au gré de la modernisation des machines utilisées. « Les pistes de polygone ne peuvent raisonnablement pas être abordées de la même manière au guidon d'une R60 qu'à celui d'une Yamaha 250WRR, précise le chef d'escadron (CEN) Cyrille Cousi, à la tête d'une des deux divisions d'instruction. Nous cherchons à donner une vision plus pragmatique du pilotage et de la sécurité routière en général. Cette dernière passe également par la perception d'une tenue adaptée. » Les treillis et rangers ont ainsi été remisés au placard, au profit de protections (gilet pare-pierre, genouillères et protège-tibia) et de bottes enduro pour aborder les pistes en toute sécurité.

La sécurité, fil conducteur des enseignements dispensés

Chaque année, le 16 février, les gendarmes rendent hommage à leurs camarades décédés dans l’accomplissement de leur devoir. Parmi eux, de nombreux motocyclistes. « Notre spécialité paye malheureusement le plus lourd tribut, précise le CEN Cousi. Dans notre métier et à plus forte raison à moto, la moindre erreur ou la moindre demi-seconde d'inattention peut se révéler fatale. »

En ce sens, le CNFSR se doit de véhiculer un message clair, à l'instar des consignes du directeur général : aucune infraction ne vaut la vie d'un gendarme ! « À nous d'inciter les futurs motocyclistes, comme les plus expérimentés, à privilégier la collecte de renseignements permettant de confondre le délinquant ultérieurement, au lieu d'essayer de le rattraper au prix de risques inconsidérés. Le gendarme motocycliste se doit d'être vecteur de sécurité et non d'insécurité. Notre rôle est également de leur rappeler que notre premier métier est d'être gendarme, avant d'être un motard. »

Un message délivré lors de tous les stages dispensés par le CNFSR, de la formation initiale au stage d'évaluation et d'aptitude, en passant par les stages de commandant d'EDSR ou de lieutenant de l'EOGN, ou encore lors des stages spécifiques (GIGN, unités recherches). Le centre s'assure ainsi de délivrer un socle solide de « codes-savoir », comme autant d'outils à la disposition de chaque stagiaire : pilotage, fraude documentaire, coordination des transports, réglementation sociale européenne, intervention professionnelle adaptée, etc.

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« Tout gendarme motocycliste, peu importe son affectation, a l'empreinte du CNFSR, affirme le LCL Debiais. L'enseignement unique qui y est dispensé permet un ''langage commun'', gage de sécurité. Si tout stagiaire peut avoir la certitude d'avoir reçu une formation de qualité, il se doit de faire preuve d'humilité et savoir se remettre en question tout au long de sa carrière. Bien plus que dispenser des cours de pilotage, tout l'enjeu du CNFSR est de contribuer à la construction du motocycliste de demain. »

Des leviers pédagogiques diversifiés

Si les instructeurs du CNFSR dispensent de nombreux enseignements lors des divers stages, leur action est tout particulièrement cruciale lors de la formation initiale, puisqu'il s'agit d'amener progressivement les stagiaires à être en mesure d'effectuer toutes les missions gendarmerie à moto. Certains d'entre eux n'ayant jamais touché une moto avant d'arriver au CNFSR pour le pré-stage, il faut donc parfois commencer par les bases : apprendre à monter sur une moto sans en tomber...

Avant d'évoluer sur route au guidon des puissantes Yamaha 1300 FJR ou MT09, les élèves vont devoir commencer avec des XJ6 sur des plateaux de maniabilité ou des 250WRR sur les pistes de polygone. « Cet enseignement progressif permet de travailler toutes les difficultés qu'on peut retrouver sur la route, mais à des vitesses réduites, avec une moindre prise de risque, explique le LCL Debiais. Les pistes et les plateaux permettent de travailler tous les impératifs de pilotage : trajectoire de sécurité, les virages, les successions de virages, la vitesse, la maniabilité ou encore la dextérité, et leur apprendre à réagir face à chaque situation. »

À polygone, les stagiaires se confrontent à des pistes de difficulté croissante. Virages, bosses, fosses... rien ne leur est épargné ! « Ces ateliers sont générateurs de stress, mais, au final, les techniques enseignées restent les mêmes d'une piste à l'autre », précise le CEN Cousi.

Emmenés dès le début de la formation sur le circuit de la Ferté Gaucher, ils expérimentent les capacités de leurs machines. « Cette session en circuit permet de mettre en place le premier socle de leur formation. En découvrant le pouvoir d'accélération, le fait de ''freiner fort'' et la possibilité de vraiment ''prendre de l'angle'', ils acquièrent une relative confiance en eux et en leur moto, dans des conditions permettant de garantir leur sécurité. »

En route ouverte, ils débutent par la base, les virages, puis la trajectoire de sécurité. En fin de formation, les instructeurs les placent dans un cadre opérationnel, lors d'exercices de mise en situation. Ils commencent par la simple mission de surveillance de circulation, puis les contrôles, les interceptions, jusqu'au pilotage d'autorité, plus complexe et technique. « Notre but est qu'en fin de formation initiale, les stagiaires ne réfléchissent plus à leur pilotage. Il doit être inné, afin de pouvoir effectuer leur métier de gendarme à moto », ajoute le CEN Cousi.

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Une expertise au service de la sécurité routière

Afin de dispenser ce panel de formations, le centre peut compter sur ses 30 instructeurs, tous volontaires et issus du terrain. « Le degré de sélectivité des formateurs est l'un des gages de la délivrance d'un enseignement de qualité, explique le LCL Debiais. Au terme d'une semaine intense de tests exigeants, nous sommes en mesure de déterminer si le candidat a sa place au sein de l'équipe. » Outre un bon niveau de pilotage et une certaine condition physique, qualités indispensables pour intégrer le centre, il doit faire preuve d'une certaine appétence pour la pédagogie. « Nous sommes également attentifs à ce qu'il soit psychologiquement équilibré et qu'il corresponde aux standards de sécurité du centre. C'est notre renommée en tant que pôle d'excellence qui est en jeu. »

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Au-delà de la formation des motocyclistes, le CNFSR s'est progressivement imposé comme une référence en matière de sécurité routière. À ce titre, il participe à l'ensemble des études réalisées sur le sujet, en interne et en externe. Le centre est notamment en charge de l’analyse des accidents deux roues de l'ensemble des personnels de la gendarmerie depuis le début de l'année 2018. Cette dernière permet de recontextualiser les accidents survenus et participe à l'amélioration des contenus pédagogiques dispensés. En outre, il est également partie prenante à un groupe de travail mis en place, au niveau national, afin de renforcer la sécurité des motocyclistes gendarmerie.

« Nous faisons également office de ''laboratoire d'essai'', ajoute le CEN Cousi. Qu'il s'agisse de tester des pneumatiques ou des machines en lien avec le SAELSI dans le cadre des appels de marchés ou d'expérimenter de nouveaux équipements conçus par des constructeurs ou des start-up, le centre est un site tout particulièrement indiqué puisque chaque jour, nous sommes à moto avec les stagiaires. » Ainsi, à l'image de l'expérimentation actuelle de feux connectés pour les casques moto, les instructeurs ont pu être amenés à tester des systèmes airbag et divers équipements en lien avec la sécurité des motocyclistes. Grâce à leur expertise, un système de communication bluetooth est en phase d'achat dans les régions de gendarmerie, pour bientôt équiper l'ensemble des motocyclistes. « De même, le centre contribue à la mise en place de process sécurisants, à l'image du ''checking partner'' : à l'instar des pilotes d'hélicoptère ou d'avion, chacun vérifie que son binôme est bien pourvu de tous les équipements de sécurité (casque attaché et verrouillé, port des gants et système airbag fixé). »

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Un savoir-faire qui s'exporte

Fort de sa renommée et de son savoir-faire, le CNFSR est sollicité par de nombreuses entités extérieures à l'Institution. Des partenariats ont notamment été noués avec la police municipale, la délégation à la sécurité routière ou encore avec la brigade des sapeurs-pompiers de Paris. Leurs motocyclistes viennent acquérir des compétences spécifiques par le biais de stages d'une ou deux semaines au sein du centre. « En prévision du tour de France, nous sommes également sollicités par ASO pour former leurs motocyclistes, et tout particulièrement ceux qui transporteront les cameramen de France 2 », précise le CEN Cousi.

Les motocyclistes de l'hexagone ne sont pas les seuls à profiter de l'expertise des instructeurs du CNFSR puisque des délégations allemandes, suisses, monégasques ou encore du Qatar prennent leurs quartiers pour quelques jours par an à Fontainebleau afin de bénéficier de la ''French touch'' et du savoir-faire du CNFSR. Au même titre, le centre n'hésite pas à exporter ses compétences à l'étranger (Sénégal, Algérie,...) en y projetant ses instructeurs qui dispensent non seulement leur enseignement mais, plus encore, leur vision de la sécurité routière.

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« Être motocycliste en gendarmerie, c'est avant tout un état d'esprit. C'est avoir une certaine idée de la sécurité routière et vouloir la transmettre aux autres usagers », ajoute le LCL Debiais. Le CNFSR n'échappe pas à la règle et se montre particulièrement engagé en la matière, en participant notamment à des opérations de prévention en lien avec la délégation à la sécurité routière (airbag), ou en les organisant (journées nationales de la moto et des motards – JNMM). « Nous ne sommes pas les seuls à faire de la moto tous les jours, mais l'ensemble de la communauté des motards nous reconnaît une certaine légitimité dans notre domaine d'action. C'est pourquoi, lorsque nous sommes convaincus de l'utilité de certains équipements comme l'airbag ou de la sécurité de certains process comme la trajectoire de sécurité, nous mettons tout en œuvre pour être, à notre tour, convaincants. »

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