Optimiser son potentiel

  • Par la capitaine Gaëlle Pupin
  • Publié le 23 mai 2019
Instructeur TOP au sein de l’école de sous-officiers de gendarmerie de Dijon, l’adjudant Luc Barrier met son savoir-faire au profit des élèves. Dans le cadre de la FI-TOP, il leur délivre un enseignement théorique et pratique qui leur permettra de les utiliser en toute autonomie.
© MDL F. Garcia

Manque de sommeil, stress, activité physique intense et prolongée, rythmes de travail décalés et irréguliers... Quelque soit son poste, son grade ou sa subdivision d’arme, le gendarme est régulièrement confronté à des contraintes opérationnelles susceptibles d’altérer ses capacités. Pour l’aider à mobiliser au mieux ses ressources physiques et psychologiques en fonction des exigences de la situation, la gendarmerie mise sur des techniques reconnues.

« Si les Techniques d’optimisation du potentiel (TOP) se font jusqu’à présent assez discrètes en gendarmerie, l’Armée a recours depuis de nombreuses années à ces méthodes, dont elle a pu mesurer tout l’intérêt », explique le major Michel Genot, membre de la cellule expertise TOP au sein du Centre national des sports de la Défense (CNSD). Développées dans les années 90 pour améliorer la préparation mentale et la récupération des sportifs de haut niveau, les TOP ont été progressivement adaptées aux besoins quotidiens des militaires, grâce au docteur Édith Perreaut-Pierre, médecin des armées. Cette dernière s’est vu confier le développement de techniques afin de les aider à gérer leur stress, tant en opération que dans leur quotidien, en optimisant leur préparation, leur engagement dans l’action et leur récupération. « Depuis presque vingt ans, les pilotes et le personnel navigant de l’armée de l’Air les ont intégrées dans leur cursus de formation initiale. De même pour les contrôleurs aériens », ajoute le major Genot. Forte de ce retour d’expérience et des atouts indéniables de ces méthodes, la direction des personnels militaires de la gendarmerie a défini une politique globale de diffusion des TOP au sein de l’Institution.

Différents leviers d’action

Les gendarmes sont régulièrement exposés à des risques et à la violence. Ils sont confrontés à la gestion de conflits et de crises répétées, à des prises de décisions difficiles, souvent dans l’urgence, avec en toile de fond, le stress, et parfois la fatigue. « Tout l’intérêt des TOP est de délivrer une méthode de préparation mentale, constituée d’un ensemble de stratégies, permettant à chacun de mobiliser au mieux ses ressources physiques et psycho-cognitives afin de faire face et de s’adapter à toutes ces situations », explique le major Genot. Optimisant ainsi les compétences et les savoir-faire acquis lors des formations initiales et continues, ces techniques aident le gendarme à mener à bien ses missions dans les meilleures conditions. « Ce n’est pas une solution miracle, note toutefois l’adjudant Marc Pernot, membre de la cellule expertise TOP du CNSD.

© MDL F. Garcia

Les TOP ne créent pas d’appétences là où elles n’existent pas au préalable. » Il s’agit de contre-mesures contribuant notamment à retarder l’apparition de l’état de fatigue et à améliorer la récupération ainsi que la restauration des performances. « L’information ou la sensibilisation d’un maximum de personnels aux bénéfices des TOP est nécessaire, insiste le major Genot. Cependant, leur enseignement doit s’effectuer avec méthode et pédagogie.» Nécessitant une dizaine d’heures de cours théoriques et pratiques, la formation initiale aux TOP (FI-TOP) est, pour le moment, principalement délivrée en école de sous-officiers. « Le rôle du moniteur TOP est de faire connaître ces outils. À chacun de se les approprier et de les adapter à ses besoins pour utiliser, en toute autonomie, la bonne technique au bon moment. »

Une boîte à outils personnalisable

« Les contraintes militaires nécessitent des processus simples, brefs et applicables en tout lieu, pour un groupe comme pour un individu. L’apprentissage et la mise en application des TOP répondent à l’ensemble de ces exigences », affirme le major Genot. À l’image d’une boîte à outils, elles regroupent différentes techniques, adaptées aux diverses situations que le militaire peut être amené à rencontrer. S’inspirant de plusieurs disciplines (programmation neuro-linguistique, sophrologie, hypnose, thérapies comportementales cognitives, etc.), ces méthodes ont recours à la respiration, à la relaxation, à l’imagerie mentale ou encore au dialogue interne. « L’utilité des TOP intervient sur tout le spectre : avant, pendant et après l’action, signale l’adjudant Pernot. Par exemple, les protocoles de Régulation du niveau d’activation (RNA) sont particulièrement adaptés à des périodes d’activité statique prolongée. Il s’agit de se maintenir dans un état optimal de performance, malgré des temps morts ou des moments d’action peu intense.

Confrontés à un parcours à l’aveugle en piscine au sein du CNSD, particulièrement exigeant, tant sur le plan physique que psychologique, les moniteurs TOP mettent en œuvre des techniques de dynamisation, en équipe, avant l’épreuve. Chacun peut également travailler l’imagerie mentale afin de gérer l’appréhension des obstacles.

© MDL F. Garcia

Pour échapper à l’hyper-stress, on effectuera plutôt des exercices musculaires de décontraction ou d’étirement, associés à un travail d’imagerie mentale. » Pendant une mission, les techniques de dynamisation peuvent aider un militaire à mobiliser ses capacités physiques et psychologiques au bon moment. « Par exemple, un gendarme affecté en peloton de surveillance et d’intervention, travaillant principalement de nuit, aura tout intérêt à les mettre en œuvre, afin d’accroître sa vigilance et son attention. Pendant une intervention, d’autres techniques auront pour but de l’aider à garder sa lucidité et ses capacités d’analyse. » Après la mission, les techniques de récupération favorisent le retour au calme et permettent de régénérer l’organisme. « Ces processus simples et pragmatiques peuvent permettre à tous ceux qui le veulent d’agir rapidement en autonomie. Une fois la méthode assimilée, elle se met en place automatiquement, par réflexe », affirme l’adjudant Pernot. « Associées à tort à de la simple relaxation, les TOP souffrent d’une véritable méconnaissance des bénéfices de leur utilisation. Les pratiquer n’est pas un signe de faiblesse ! », ajoute le major Genot. Avant de conclure : « Bien au contraire, c’est une forme de préparation mentale qui répond à l’exigence actuelle du métier de gendarme. »

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