Dans les Landes, l’autoroute sous haute surveillance

  • Par Pablo Agnan
  • Publié le 09 décembre 2020
© Fabrice Balsamo

Le péage de Castets, dans les Landes (40), est un point de passage obligé pour les transporteurs de personnes comme de marchandises, pour se rendre du sud-ouest vers le nord et vice-versa. Un point sensible donc, contrôlé de près par les gendarmes, notamment en cette période de confinement.

L’A63 reliant l’agglomération bordelaise à la frontière espagnole est un axe stratégique, emprunté quotidiennement par plus de 30 000 véhicules, chiffre qui peut doubler en période estivale. Stratégique, pourquoi ? Car elle relie la neuvième commune la plus peuplée de France (Bordeaux et ses 250 000 habitants en 2017) et la frontière espagnole, Eldorado pour les fumeurs de cigarettes et autres amateurs d’alcool.

Au milieu de tout cela, les Landes (40). Le département forestier ne fait pas figure de diagonale du vide, puisque l’A63 permet de se rendre vers des stations balnéaires prisées des touristes estivaux, comme des locaux, à l’instar d’Hossegor, Seignosse, Vieux-Boucau, Mimizan, Biscarrosse et bien d’autres.

Pour accéder aux plages, comme au territoire espagnol, il faut donc passer par l’A63 et, notamment, par le péage de Castets, au sud du département. Un point de passage obligé, aussi bien pour les touristes que pour les locaux, mais surtout pour les transporteurs de marchandises, très nombreux à transiter par cette barrière.

Les gendarmes sur tous les fronts

En moyenne, 10 000 camions traverseraient chaque jour ce péage, pour remonter leurs produits venant d’Espagne ou d’Afrique, vers Paris et la Belgique. « C’est un axe majeur, essentiel pour le transport de marchandises en tout genre », précise le chef d’escadron Thierry Souplet, commandant l’Escadron départemental de sécurité routière (EDSR) des Landes. Et qui dit axe majeur, dit forcément quelques incivilités, si ce n’est pire…

C’est donc logiquement sur ce point précis que les gendarmes de l’EDSR des Landes effectuent des opérations de contrôle des mobilités, « à raison de plusieurs par mois. » L’opération n’est pas sans risque. Sur l’autoroute, l’espérance de vie d’un piéton ne dépasse pas 20 minutes.

« Nous sommes sur tous les fronts »

En tout, seize militaires, dont la moitié sont des réservistes et deux issus d’une équipe cynophile, sont installés au milieu du péage, sur l’axe nord-sud. Pendant près de deux heures, ils sont encerclés par un ballet incessant de véhicules, même pendant cette période de confinement. Une fois la barrière passée, les moteurs des poids lourds de 20 à 30 tonnes vrombissent et démarrent en trombe. La moindre faute d’inattention peut être fatale.

C’est dans cette zone de quelques mètres carrés, que les gendarmes procèdent aux contrôles des véhicules légers. Au menu : « vérification des attestations et des identités, lutte contre la délinquance, l’immigration clandestine et le terrorisme », énumère le chef d’escadron Souplet. Un radar a même été placé en amont pour contrôler la vitesse des automobiles. « Nous sommes sur tous les fronts », ajoute le lieutenant Arnaud, l’expérimenté commandant du peloton motorisé de Castets.

L’esclavage des temps modernes

Quelques mètres après le point de contrôle, placé sur un parking en bordure de l’aire de péage, les miliaires procèdent à l’inspection des poids lourds, « c’est-à-dire des véhicules de plus de 3,5 tonnes », précise le lieutenant Arnaud. C’est ici qu’il a choisi de s’installer, avec une demi-douzaine de personnels.

Les poids lourds font l’objet d’une attention particulière. D’une part, dans le cadre de la lutte contre l’immigration illégale, mais aussi en raison des nombreuses incivilités commises par les chauffeurs sur les aires de repos de ce type. Mais ce qui retient particulièrement l’attention du lieutenant, ce sont les Véhicules utilitaires légers (VUL).

Les chauffeurs de poids lourds, français comme étrangers, « se savent surveillés, explique l’officier. Ils disposent également d’un système qui permet de vérifier s’ils n’ont pas dépassé le quota horaire de conduite. Mais les VUL, eux, ne sont pas soumis à la réglementation des plus de 3,5 tonnes. »

Grâce à une carte magnétique et un lecteur, les gendarmes peuvent retracer entièrement le trajet d'un poids lourd. Un outil comparable à celui d'une boîte noire dans un avion.

© Fabrice Balsamo

Ces véhicules, à cheval entre le camion et la camionnette, « sont apparus en masse sur les autoroutes tricolores il y a deux ou trois ans. » Les chauffeurs, en majorité issus des pays de l’Europe de l’Est, sont payés entre 500 et 750 euros par mois. Pour un salaire certes supérieur au SMIC dans ces ex-états du bloc soviétique, ils peuvent rouler jusqu’à 20 heures par jour, sans faire de pause, « et sur ordre de leur patron », précise le lieutenant. Sachant que, selon la réglementation en vigueur, un chauffeur de poids lourd doit conduire au plus sur une durée de neuf heures par jour.

L’intérieur de l’habitacle témoigne d’ailleurs de leurs conditions de vie spartiates. « Ils ont tout pour vivre en roulant, cafetière, eau, nourriture. Ils disposent également d’un tout petit compartiment pour dormir situé au-dessus de la cabine », indique le lieutenant, en désignant le minuscule plafond. Le sol est, lui, jonché de déchets.

Seul les manifestes permettent aux gendarmes de vérifier que les conducteurs de VUL respectent la législation en vigueur.

© Fabrice Balsamo

L’infraction pour non-respect de la réglementations concernant la durée du travail des conducteurs routiers de transport de marchandises en France est de 750 euros. Une amende à régler évidemment par l’entreprise. « Plus on contrôle ce type de véhicule, plus on va forcer les patrons à moins exploiter ces gens. Avec cette somme, ils ont largement de quoi leur payer plus d’une chambre d’hôtel », résume, un peu dépité, l’officier.  

Parmi les VUL contrôlés ce jour-là, une seule contravention aura été dressée. En tout, 190 véhicules auront fait l’objet de vérifications. Sur les quinze infractions relevées, une seule concerne un défaut d’attestation liée au confinement. Ce résultat confirme les mots du chef d’escadron Souplet, quelques minutes avant le contrôle : « Globalement, les gens respectent le système d’attestation. »

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