Protection des frontières dans la profondeur du territoire : la défense élastique landaise

  • Par Pablo Agnan
  • Publié le 13 décembre 2020
© MI DICOM - Fabrice Balsamo

Pour faciliter la coordination des missions de contrôle et de surveillance de ces flux, la région de gendarmerie de Nouvelle-Aquitaine a mis sur pied, début novembre, un centre zonal de sécurité des mobilités.

La région Nouvelle-Aquitaine est un verrou stratégique pour les transports, entre le bassin parisien et la péninsule ibérique. Cette situation géographique implique, et ce depuis plusieurs années, un développement exponentiel de son réseau de transport. Des axes routiers et autoroutiers majeurs se sont ainsi déployés à travers ses douze départements, notamment dans le cadre de la route des Estuaires.

L’autre mode de transport qui a bénéficié de cette situation géographique intéressante, c’est évidemment le train, avec notamment la mise en service de la Ligne à grande vitesse (LGV) « L’Océane » en juillet 2017. Une ligne qui, sans faire sa promotion, permet de relier Paris à la gare de Bordeaux et ses 17 millions de voyageurs en 2019 en un peu plus de deux heures.

Et le reste du territoire n’est pas en reste, avec pas moins de 34 lignes ferroviaires qui sillonnent le secteur, desservant plus de 300 communes pour 3 410 kilomètres de voies. Autant dire qu’assurer la sécurité et la surveillance des 195 rames de TER, plus celles du TGV, n’est pas une mince affaire !

Une poussée migratoire venue du Maghreb

Pour faciliter la coordination des missions de contrôle et de surveillance de ces flux, la région de gendarmerie de Nouvelle-Aquitaine a mis sur pied, début novembre, un centre zonal de sécurité des mobilités. « Au quotidien, comme en temps de crise, cette unité constitue le centre d’analyse des flux et d’orientation de la sécurité des mobilités dans la zone », résume le chef d’escadron Tangi, affecté au bureau sécurité publique routière depuis l’été 2020.

Parmi ses missions, « suivre les convois sensibles », mais aussi assurer la sécurité dans les transports en commun en Zone gendarmerie (ZGN), et donc dans les trains. Mais depuis son arrivée, l’officier est confronté à une pression migratoire croissante, avec une proportion importante de Mineurs non accompagnés (MNA). « Environ 50 % d’entre eux proviennent soit du Maroc, soit de l’Algérie », précise-t-il.

© Fabrice Balsamo

 

Rien de surprenant selon Ivan Martin, chercheur espagnol spécialiste des migrations, qui confiait en octobre dernier, au magazine Capital, que « la dégradation de la situation économique, le désespoir lié à l’échec de changement politique et la désillusion face à l’absence de perspectives politiques et économiques sont les premiers facteurs des départs de la jeunesse maghrébine. »

Selon l’agence de relations publiques Asdaa-BCW, basée à Dubaï, aux Émirats arabes unis, 47 % des jeunes Maghrébins (18 à 24 ans) envisagent de quitter leur pays. Un chiffre qui s’est amplifié avec la crise sanitaire. S’il est cependant difficile de définir avec précision le nombre de MNA sur le territoire, une chose est sûre, c’est que les centres d’accueil, comme celui de Bordeaux, sont pleins.

Opération dans la profondeur

Pour faire face à cet afflux, le commandant Tangi et le centre zonal de sécurité des mobilités ont mis sur pied un dispositif permettant de faire face à cette vague migratoire, en détachant deux pelotons de gendarmes mobiles à Dax, dans les Landes (40), et à Libourne, en Gironde (33). Ces pelotons sont chargés de patrouiller dans les trains et dans les gares. Pourquoi les gares ? « Car pour l’instant, les compagnies de bus sont moins actives en raison de la crise. Les MNA privilégient donc les trains », explique le chef d’escadron Tangi.

Ce dispositif a été mis en place début novembre, après la tragique vague d’attentats sur le territoire français. Il répond à plusieurs décisions gouvernementales : « la présence renforcée des forces de l’ordre dans les transports en commun annoncée en août dernier, le déclenchement du plan vigipirate « urgence attentat », mais aussi, donc, dans le but de lutter contre l’immigration irrégulière. »

Complémentaire à l’opération « LIMES », visant à renforcer les contrôles aux frontières, le dispositif mis en place par la région de gendarmerie Nouvelle-Aquitaine a pour objectif de renforcer les contrôles dans la profondeur. « La frontière entre l’Espagne et la France, notamment au niveau du Pays basque, dispose de points de contournement. C’est pourquoi il est essentiel de ne pas être statique, de manœuvrer et d’engager des moyens dans la profondeur », détaille le chef d’escadron.

La mission est actuellement dévolue à l’escadron de gendarmerie mobile 15/6 de Nîmes, qui assure les contrôles dans les trains. À ce jour, 3 000 contrôles ont déjà été réalisés et 50 étrangers en situation irrégulière interpellés dans le cadre de cette opération amenée à être pérennisée.

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