Coopération franco-suisse, du Léman aux sommets des Alpes

  • Par la capitaine Sophie Bernard
  • Publié le 13 août 2020
© GEND/SIRPA/F.GARCIA

La compagnie de gendarmerie de Thonon-les-Bains (74) a la particularité d’être frontalière avec la Suisse. Aussi, à vélo ou à bord d’un bateau, les patrouilles mixtes sont régulières entre les gendarmes français et helvétiques, favorisant la connaissance des législations et l’échange d’informations, pour plus de sécurité des deux côtés !

Sur le lac comme en montagne, la frontière est à peine perceptible ! Pourtant, il s’agit bien de pays différents, avec des forces ayant leur propre zone de compétence. Si l’accord signé entre la France et la Suisse, le 11 mai 1998, a permis la création d’un Centre de coopération policière et douanière (CCPD), il a fallu attendre la conclusion d’un second accord à Paris, le 9 octobre 2007, pour instituer des patrouilles mixtes. Depuis lors, les gendarmes de la compagnie de Thonon-les-Bains travaillent régulièrement avec leurs homologues suisses et, plus particulièrement, ceux des trois cantons les plus proches : Vaud, Genève et Valais.

La tête dans le guidon

« Multifacette », c’est l’adjectif employé par le chef d’escadron Emmanuel Vegas, commandant la compagnie de Thonon-les-Bains, pour définir son territoire. En effet, entre les reliefs des Alpes et les vagues du Léman, les activités ne manquent pas tout au long de l’année ! La station de Châtel en est le parfait exemple. Située au cœur du domaine skiable des Portes du Soleil, la commune attire les touristes, hiver comme été. Malgré l’épidémie de COVID-19, cette année ne fait pas exception à la règle ! « Les professionnels enregistrent pour la saison un taux de remplissage de 80 %, l’équivalent de 20 000 personnes, soit 30 % de plus que l’année dernière ! », remarque l’adjudant-chef Laurent Michaud, commandant la brigade d’Abondance.

  • © GEND/SIRPA/F.GARCIA
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Si l’hiver, les gendarmes de son unité ont l’habitude de chausser les skis pour patrouiller avec leurs camarades suisses, cet été, ils enfourchent des vélos à assistance électrique. Un partenariat a en effet été passé entre la marque Scott et la ville de Châtel, permettant à la mairie de prêter des VTT aux militaires, qui les utilisent ainsi quotidiennement pour patrouiller. « J’ai des retours vraiment positifs des habitants, qui apprécient la proximité et le contact que cela peut générer », constate M. Nicolas Rubin, maire de la commune. Dans ce cadre, les gendarmes français sont régulièrement rejoints par leurs homologues valaisans, qui bénéficient également du prêt de vélos de la part des commerçants des Portes du Soleil. « Cela permet une interaction entre les deux forces, qui travaillent ensemble sur la zone tampon. Par ailleurs, un ressortissant suisse est d’autant plus sensible quand il a affaire à un gendarme valaisan », précise le chef d’escadron Vegas.

Autre fonction non négligeable de ces patrouilles cyclistes mixtes : la prévention. « Si les télésièges ont enregistré le chiffre record de 6 000 passages depuis le début de l’été, nous déplorons déjà une cinquantaine d’accidents au cours du seul mois de juillet ! », souligne l’adjudant-chef Michaud. Entre les parapentistes, les férus de descentes en VTT, mais aussi les randonneurs, les gendarmes doivent procéder à certains rappels : « Nous conseillons aux gens d’y aller progressivement durant leur séjour, en fonction de leur niveau de technicité, de la météo et de leur état physique », explique le chef d’escadron Vegas. La présence des deux forces est également rassurante en termes de délinquance, puisqu’elles luttent par la même occasion contre les incivilités, les vols de vélos et d’équipements.

Les vedettes du Léman

Il a beau être parfois surnommé « le lac de Genève », ce croissant d’eau comporte bien une zone française (50 km de littoral) en plus de la partie suisse (environ le double). La compagnie de gendarmerie de Thonon-les-Bains est ainsi la seule en France à se voir rattacher une Brigade nautique (B.N.), basée à Évian, pour intervenir sur ce qui s’avère être le plus gros lac d’Europe occidentale ! « Ce lac est particulièrement dangereux ! Avec ses vents contraires et ses courants très importants, c’est une vraie petite mer ! », alerte l’adjudante Soizic Gitton, qui y est affectée. Pour affronter les éléments et répondre à l’ensemble des missions, la B.N. est équipée de la vedette « Charles Morel » et d’un semi-rigide. Un canoë aux couleurs de la gendarmerie complète ce parc, permettant d’accéder plus facilement aux baies peu profondes. En lien avec leurs homologues suisses, les militaires veillent ainsi sur les différentes embarcations présentes sur le lac : plaisanciers, pêcheurs, transporteurs de marchandises, etc. Branchées sur le même canal radio, en lien avec la SISL, les deux forces peuvent intervenir au moindre signal de détresse.

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Mais pour éviter l’accident, les gendarmes français et leurs homologues suisses multiplient les contrôles coordonnés et s’assurent que le règlement de navigation sur le Léman est respecté. Celui-ci impose, par exemple, une « vitesse de croisière » (10 km/h maximum) dans la zone de bord de rive (300 m) et interdit les activités telles que le jet-ski ou le wakeboard, afin de préserver l’environnement. Les deux forces sont également attentives aux pollutions liées aux dégazages ou aux pertes de carburant. Enfin, les gendarmes veillent à ce que les plaisanciers détiennent les documents et matériels obligatoires : permis et licence du bateau, gilets de sauvetage homologués, extincteurs, etc. « Le contrôle des plaisanciers se passe très bien en général. Ils se montrent coopératifs et cela permet de mettre à jour leurs connaissances sur les textes et le matériel de sécurité à avoir », remarque l’adjudante Gitton. Certaines différences sont toutefois à noter selon le pays d’immatriculation : contrairement à la France, la Suisse impose ainsi la détention d’un permis pour naviguer sur un voilier, le passage au contrôle technique des bateaux tous les trois ans, ou encore la présence à bord d’un triangle de détresse et d’un drapeau rouge.

 

 

« La coopération entre nos forces est essentielle, car nous opérons sur le même lac ! Nous nous voyons donc très régulièrement, et ce contact direct nous permet d’échanger rapidement en dehors du CCPD. Il y a une très bonne entente, c’est vraiment agréable ! », apprécie l’adjudant Christian Antonucci, chef de la brigade du lac à Lausanne. Au-delà de ces échanges et d’une meilleure connaissance des législations, cette coopération permet également aux militaires français de bénéficier de matériels et de compétences propres aux gendarmes suisses. En effet, ces derniers sont tous formés pour plonger jusqu’à 85 mètres de profondeur, là où nos gendarmes sont limités à 30 mètres maximum. Aussi, les forces helvétiques, aidées d’un sondeur performant, sont régulièrement appelées à intervenir pour des recherches de personnes disparues dans le Léman ou le lac d’Annecy. « Ils font les constatations et récupèrent les corps en profondeur avant de nous les transmettre une fois arrivés à 30 mètres », explique l’adjudante Gitton.

Que souhaiter alors de plus pour ces deux forces, qui travaillent, au quotidien, main dans la main ? « Tout de bon ! » répondront nos voisins !

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