Île de Ré : conjugaison des forces et des modes d'action pour un été en toute sérénité

  • Par le commandant Céline Morin
  • Publié le 31 août 2021
Le poste provisoire d'Ars-en-Ré compte 13 personnels (six gendarmes départementaux, dont deux officiers de police judiciaire, cinq gendarmes mobiles et deux réservistes), qui couvrent leur secteur à VTT ou en véhicule, pour prévenir les incivilités liées à l'affluence, telles que les tapages, le flux de cyclistes, mais aussi le respect du port du masque.
© GND F. Garcia

Bien que n’étant pas touchée par des problématiques marquées de délinquance, l’île de Ré doit tout de même faire face, avec l’affluence estivale, à une augmentation de certains troubles et incivilités. Pour assurer une présence continue en tout point de son territoire et veiller à la sécurité des quelque 120 000 habitants, locaux et de passage, la brigade territoriale autonome de Saint-Martin-de-Ré bénéficie notamment d’un renfort de gendarmes départementaux, mobiles et réservistes, ainsi que de quatre personnels de l’Unité opérationnelle franco-allemande et d’une policière allemande en détachement individuel.

En dépit d’un été morose d’un point de vue météorologique, les touristes sont comme chaque année au rendez-vous sur l’île de Ré. Au plus fort de la fréquentation, la population passe ainsi de 18 000 habitants à l'année à près de 120 000.

Pour appuyer la Brigade territoriale autonome (BTA) de Saint-Martin-de-Ré, compétente sur l’ensemble cette île de 85 km², le Dispositif estival de protection des populations (DEPP), orchestré au niveau du Groupement de gendarmerie départementale de Charente-Maritime (GGD 17) prévoit de nombreux renforts. Charge à l’unité d’adapter ensuite son dispositif pour assurer une présence effective et visible, à même de prévenir la commission d’infractions et de garantir la sécurité de la population sur les dix communes de l'île.

Six gendarmes départementaux de la région Nouvelle-Aquitaine, quatorze mobiles de l’escadron de Luçon, cinq réservistes et une policière allemande, affectée pour un mois dans le cadre des brigades européennes pilotées par la Direction de la coopération internationale de sécurité, viennent ainsi grossir les rangs de l’unité, permettant la mise en place d’un « accueil de jour » à la Couarde, ainsi qu’un poste provisoire à Ars-en-Ré. Le dispositif est complété par un Détachement de surveillance et d’intervention composé de dix gendarmes mobiles, associés pour la première fois à six réservistes. Autre nouveauté : la présence de deux policiers allemands et de deux gendarmes de l’Unité opérationnelle franco-allemande (UOFA).

© GND F. Garcia

Des modes d’action diversifiés pour une omniprésence sur le terrain

« Les locaux provisoires et les hébergements des renforts sont mis à notre disposition par les communes de Saint-Martin, d’Ars et de la Couarde. C’est le fruit du relationnel que nous entretenons tout au long de l’année avec les élus », présente la majore Marie Felter, commandant la BTA, avant de détailler son organisation : « Pendant les deux mois d’été, nous coupons l’île en deux : quatre communes au nord et six au sud. L’objectif est de multiplier les modes d'action pour assurer une présence sur l’ensemble de notre territoire, sur toute l’amplitude horaire, autrement dit, avoir du bleu en permanence sur l'île, en mixant les patrouilles, en véhicule, à vélo, à pied… Nous avons la chance d'avoir toutes les unités, chacune avec ses compétences. La gendarmerie est donc bien représentée et les gens nous réservent un bon accueil. »

Les gendarmes travaillent par ailleurs régulièrement, ainsi qu'ils le font tout au long de l'année, avec les policiers municipaux, dans le cadre de patrouilles et de contrôles coordonnés.

Outre les renforts injectés pendant les deux mois d'été, la BTA peut aussi compter sur l'équipage de la section aérienne de gendarmerie de Limoges, positionné à l'école de Rochefort pour la saison, dans le cadre des contrôles de flux et des recherches de personnes disparues ou d’auteurs d'infraction. En fonction des besoins opérationnels, d’autres unités peuvent lui prêter main-forte : la brigade motorisée de La Rochelle, pour la gestion des flux, l'équipe cynophile, pour les contrôles de stupéfiants, la brigade nautique et la gendarmerie maritime pour tout ce qui survient sur ou en lien avec le domaine maritime, le peloton de surveillance et d'intervention de gendarmerie de La Rochelle ou encore la brigade de recherches...

Alcool, stupéfiants et… cyclistes

Si l’île reste relativement préservée des phénomènes de délinquance, il n’en demeure pas moins quelques problématiques qui nécessitent une vigilance particulière. « Nous devons gérer les problèmes traditionnels de l’été sur les zones d’affluence, mais avec une population plutôt réceptive. Les outrages et les rébellions sont rares, souligne la majore Felter. Nous avons en revanche beaucoup d'infractions au Code de la route, notamment de la part des cyclistes, dont les comportements dangereux sont à l’origine d’accidents et de nombreuses tensions. En 2018, l'île a déploré trois décès. L'arrivée des trottinettes et des vélos électriques a encore accentué le problème en termes d'accidentologie. L’office de tourisme dispense des conseils de sensibilisation. De notre côté, en concertation avec la communauté de communes, nous avons mis l'accent sur la répression des infractions génératrices d'accident : conduite sous l'emprise d'alcool ou de stupéfiant, défaut d'éclairage ou de dispositifs rétro-réfléchissants, usage du téléphone ou de casque, refus de priorité, circulation hors piste cyclable... »

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Autre point d’attention sur l’île : le trafic et l’usage de stupéfiants. « Nous avons démanteléun trafic début août, mais ce n’est pas le premier. Aussi, chaque occasion est bonne pour effectuer des contrôles, de façon aléatoire et régulière, par exemple sur les plages. »

Une vigilance particulière est également portée à la prévention des incendies. Feux de camp et barbecues étant interdits, les gendarmes mettent à profit leurs nombreuses patrouilles pour sanctionner les contrevenants. Toujours dans le domaine environnemental, l’île de Ré, plus importante réserve de pignes de pin d’Europe, attire des ramasseurs, pour la plupart venus d’Espagne, qui pillent les pommes de pin, une infraction délictuelle (trafic de semences).

L’activité de la brigade est aussi marquée par la présence de nombreux étrangers en situation irrégulière, liée au travail saisonnier ainsi qu’à l’implantation d’une maison centrale, laquelle génère son lot de missions, comme les transfèrements sanitaires, les extractions pour garde à vue, les opérations judiciaires en lien avec les stupéfiants, le trafic de téléphones ou encore les « jeteurs ».

Le tableau ne serait pas complet sans évoquer le volet travail illégal, lié à l’activité estivale mais aussi aux cultures ostréicoles.

UOFA de jour...

L'UOFA avait apporté son concours sur l'île de Ré en 2020, à l'occasion du Tour de France. Cet été, pour la première fois, elle y projette deux binômes dans le cadre du DEPP, par le biais de trois relèves. « Nous adaptons notre service aux besoins opérationnels de la BTA, comme de la police municipale, mais nous travaillons en autonomie, seuls ou en lien avec les autres unités. Nous avons effectué quelques services de nuit, mais c'est surtout le jour que nous sommes visibles, explique l'ADC Rodolphe, affecté normalement dans une B.M.o de Moselle. Tous les jours, nous sommes amenés à rencontrer des ressortissants allemands ou germanophones. La présence d'un compatriote les rassure. La maîtrise de la langue permet d'éviter les incompréhensions et de dénouer certaines situations. Sans oublier l'accès aux fichiers de nos homologues allemands qui facilite les contrôles. »

  • UOFA
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En août, la présence de Christian et Anika a notamment permis d’accompagner un ressortissant allemand dans ses démarches, après le décès de mort naturelle de son épouse.

Au quotidien, leur présence a montré une véritable plus-value à de multiples occasions, comme lors du contrôle d’un conducteur sans permis. « Sans l'UOFA, il aurait pu nous berner, confirme la majore Felter. Mais grâce à la présence des policiers allemands, nous avons pu traiter ensemble cette procédure. Cela apporte de la fluidité dans tous les contrôles de ressortissants germanophones. »

Contrôle des conducteurs en sortie de boîte de nuit.

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DSI de nuit !

Quant au DSI, celui-ci intervient sur l'ensemble de l'île de Ré, principalement sur le créneau nocturne de 23 heures-7 heures, en continuité de la brigade territoriale et du poste provisoire.

Ce soir-là, deux G.M. et un réserviste patrouillent avec un binôme de l'UOFA sur les secteurs où surviennent régulièrement les problèmes. Vers 23 heures, ils commencent par Bois Plage : « Nous y sommes souvent appelés pour des Ivresses publiques manifestes (IPM) à la sortie des bars, confie le GND Michel. Les jeunes s'alcoolisent aussi sur la plage, parfois avec usage de stupéfiants, alors on fait le tour des lieux de rassemblement. Il arrive également que certains établissements servent des mineurs. Enfin, sur le secteur, on a une boîte de nuit, qui peut générer pas mal de nuisances sonores et quelques incivilités à la sortie, notamment du tapage, des dégradations de véhicules, quelques bagarres. Ce n'est jamais bien méchant par ici, mais ça perturbe le voisinage. » Les gendarmes y effectuent donc régulièrement des contrôles d'alcoolémie et de stupéfiants. Ils doivent aussi rappeler à l'ordre les cyclistes roulant sans éclairage ou qui zigzaguent sous l'effet de l'alcool.

Patrouille sur les plages pour contrôler la consommation d'alcool sur la voie publique et l'usage de stupéfiants.

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« Sur ce créneau, plus propice aux troubles à l’ordre public liés à l’alcoolisation de fin de soirée, nous déployons deux équipes de trois militaires, associant G.M. et réservistes, de manière à couvrir la totalité de l’île et être en mesure d’intervenir au plus vite. Notre mission est de faire de la police de sécurité du quotidien à travers un contrôle de zone et de flux, explique le major Nicolas, de l’EGM 32/3 de Luçon, commandant le DSI. Nous organisons notre service en fonction des directives de la compagnie et de la brigade, mais le DSI fonctionne de manière autonome. Bien évidemment, nous ajustons notre appui en fonction des événements et des besoins particuliers. Il faut être pragmatique et s'adapter à la situation. Aussi, nous essayons de diversifier nos modes d'action en fonction des horaires et de la population, par exemple en dynamisant l’action pédestre par la mise en œuvre de patrouilles à vélo. »

Pour un été en toute sérénité, rien de tel que l’union des forces !

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