L’U2I et la CNAMO en exercice au-dessus du vide

  • Par Capitaine Marine Rabasté
  • Publié le 21 mai 2021
© SIRPA - Gend. F.Garcia

Mardi 10 mai, l’Unité d’investigations et d’identification (U2I) du pôle judiciaire de la gendarmerie nationale a organisé un exercice d’identification des victimes de catastrophe, en lien avec la Cellule nationale d’appui à la mobilité (CNAMO). En conditions quasi-réelles, les militaires ont dû évacuer les corps situés dans un gouffre d’une quinzaine de mètres de profondeur.

Lors d’une progression, une cordée de neuf personnes a fait une chute dans un gouffre de plus d’une quinzaine de mètres de profondeur. Aucun individu n’a survécu. Il faut désormais aller récupérer les corps afin de les identifier. Voici la mission confiée à la vingtaine de militaires de l’Institut de recherches criminelles de la gendarmerie nationale (IRCGN). Il ne s’agit pas là d’une situation réelle, mais d’un exercice. Néanmoins, tout est fait pour recréer les conditions d’une telle catastrophe. Le troisième étage sera donc le niveau 0, tandis que le rez-de-chaussée constituera le fond du gouffre.

Projection d’une unité de circonstance : l’UGIVC et le GRID ne font plus qu’un

Traditionnellement, un tel événement implique l’engagement de l’Unité gendarmerie d’identification des victimes de catastrophe (UGIVC). Cette unité de circonstance est en mesure de procéder aux opérations d’identification au plus proche du drame. Projetée sur site, elle se compose alors de deux entités distinctes, la chaîne ante mortem et la chaîne post mortem. Mais ce jour-là, le scénario comprend une difficulté supplémentaire : la nécessité d’aller chercher les corps à plus de 15 mètres de profondeur. « Eu égard aux difficultés d’accès au lieu de la catastrophe, la mission d’identification des victimes prend une autre dimension. Elle nécessite de faire appel à des militaires du Groupe d’investigations en milieu dégradé, qui vont pouvoir descendre dans le précipice », explique le lieutenant-colonel (LCL) Mikaël, commandant l’Unité d’investigations et d’identification (U2I). Les militaires déployés sur l’exercice sont donc un mixte d’experts de l’UGIVC et du GRID.

© SIRPA - Gend. F.Garcia

Préparation des équipes

L’alerte sur la catastrophe est lancée, les équipes s’organisent. D’un côté, le module de relevage, qui descendra dans le gouffre. De l’autre, les modules de tri et d’identification, qui se chargeront d’identifier les éléments remontés par l’équipe de relevage. Chacun prépare son matériel, sous l’œil observateur du LCL Mikaël. Quelques questions se posent au sein des équipes, notamment celle de relevage, qui ne doit emporter que le matériel strictement nécessaire, en raison des difficultés d’accès au site. Celui-ci doit donc être pleinement adapté à la mission. « L’objectif aujourd’hui est de sortir les corps et de les identifier. On n’est pas dans la situation d’une scène de crime. La notion de « mains propres » / « mains sales » n’est pas primordiale. Aussi, il n’est pas nécessaire de changer de gants à chaque fois que l’on touche un corps. Dans ce genre de situation, on privilégiera même plutôt des gros gants que des gants en plastique », explique le LCL Mikaël aux membres du module de relevage.

De l’autre côté, le module post mortem s’organise également, afin d’être prêt à recevoir les corps. Dès leur arrivée, le médecin légiste procédera à leur examen. Les experts en odontologie, ADN et empreintes digitales effectueront ensuite les actes permettant de les identifier.

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Appui essentiel de la CNAMO

Afin d’appuyer le module de relevage, les six gendarmes de la Cellule nationale d’appui à la mobilité (CNAMO) sont présents et vont assurer la descente des militaires du GRID dans le gouffre. Leur présence lors de cet exercice est essentielle car, outre la réussite de la mission, elle permettra de travailler la coordination entre les deux unités. « Le but de l’exercice est également de voir ce que l’on peut apporter à l’U2I et les améliorations auxquelles nous devons procéder pour mieux l’appuyer en situation réelle », indique le major Philippe, commandant la CNAMO, lors du briefing.

Après plusieurs heures d’installation des cordages, le dispositif est prêt. Au sol, les membres du GRID s’équipent. Certains descendent en autonomie, tandis que d’autres sont assurés par les militaires de la CNAMO. Mais tous iront dans le gouffre, afin de procéder aux opérations de relevage. Pour le major Philippe, il est important de se mettre en appui des experts de l’IRCGN. « Notre rôle est d’apporter une assistance technique à la manœuvre. Cet exercice permet de les soulager sur l’aisance à avoir et les techniques à mettre en place sur un accident. Ils peuvent ainsi se consacrer sur la police technique et scientifique sans se soucier du reste. »

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Cet appui permet également de descendre sur la scène de catastrophe tout le matériel nécessaire : équipements de protection individuels, lots de médecine légale (étiquettes, attaches…) et tout ce qui permettra de figer la scène. Une fois sur place, les membres de l’U2I vont en effet quadriller la scène et procéder à la signalisation de l’ensemble des éléments : des fanions rouges pour les corps complets, des roses pour les morceaux humains détachés et des jaunes pour les objets.

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Tout sera ensuite conditionné dans des sacs mortuaires, pour être acheminé auprès de la chaîne post mortem. Lors de cette phase, le rôle de la CNAMO va être primordial.

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Remonter des corps de plusieurs dizaines de kilos d’une crevasse de plusieurs mètres de profondeur n’est, en effet, pas chose aisée. Un militaire de la CNAMO est alors chargé d’amener la « barquette » au-dessus des lieux de la catastrophe et de l’y descendre. Suspendu à plusieurs mètres au-dessus du sol, il attend ensuite que le module de relevage charge le corps, avant de le remonter et de le ramener au sol.

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Exercice à visée opérationnelle

Organisé pour la première fois, cet entraînement est bénéfique pour l’U2I. « Tout d’abord, il permet de travailler en synergie avec les autres services de gendarmerie, comme aujourd’hui avec la CNAMO. Cela nous permet de connaître leurs méthodes de travail et de mieux nous projeter lorsque nous serons amenés à intervenir ensemble sur une catastrophe, indique le LCL Mikaël. Ensuite, l’exercice nous permet de tester notre matériel. La CNAMO nous a par exemple indiqué que nos sacs de matériel étaient très lourds et que les coutures risquaient de céder. Les militaires nous ont conseillé de mettre des boucles d’hélitreuillage pour remédier à cette problématique. C’est quelque chose à laquelle nous n’avions pas pensé avant . »

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