Le parking des Dappes, une particularité française dans le contrôle des mesures sanitaires

  • Par la capitaine Marine Rabasté
  • Publié le 15 mars 2021
© SIRPA - GAV M-A. Saillet

Près des Rousses, le parking des Dappes fait l'objet de toutes les attentions depuis quelques semaines. Situé en France , où les stations de ski demeurent fermées, mais desservant un domaine skiable suisse, ouvert, son occupation a fait débat. Après avoir été fermé par arrêté préfectoral, le parking est désormais de nouveau accessible, mais sous conditions...

À quelques kilomètres des Rousses, deux mondes s’opposent. Côté suisse, les remontées mécaniques tournent à plein régime et les couleurs fluo des combinaisons de ski contrastent avec la blancheur du manteau neigeux. Côté français, en revanche, pas de skieurs, pas de rires, pas de télésièges… Une scène digne d’une station fantôme. Au centre, un parking plein, celui des Dappes. Seul à desservir le domaine skiable suisse de la Dôle, il est pourtant sur le territoire français. Si d’ordinaire, la situation passe inaperçue, cela n’est plus le cas depuis le renforcement des mesures sanitaires.

Le parking de la discorde

La fermeture du parking des Dappes a, durant quelques semaines, fait débat à la frontière. Seule station ouverte accessible depuis la France, les autorités françaises craignaient un afflux considérable de la population sur le parking du domaine skiable de la Dôle. Afin d’éviter les rassemblements, la préfecture du Jura avait alors pris un arrêté le 29 décembre 2020, entraînant sa fermeture intégrale. Une décision qui n’était pas du goût des Suisses et de la société Télé-Dôle, qui étaient contraints de fermer la station en raison de l’impossibilité d’y accéder. L’exploitant avait alors immédiatement déposé une procédure en référé au tribunal administratif de Besançon pour demander son annulation. La bataille s’est finalement achevée fin janvier, le juge administratif suspendant l’exécution de l’arrêté préfectoral, car n’estimant pas que « la fréquentation potentielle du parking dit « des Dappes » par un public ayant vocation à fréquenter les remontées mécaniques et les pistes de ski du massif de la Dôle serait actuellement de nature à augmenter de manière significative la circulation du virus Covid 19 dans le département du Jura. »

Une situation inédite, qui a nécessité la mise en place de moyens spécifiques. Un détachement de l’Escadron de gendarmerie mobile (EGM) de Bourgoin-Jallieu a alors été spécialement requis pour faire respecter les règles sanitaires. Car ici aussi, les mesures de restriction de la circulation s’appliquent. À moins d’habiter dans une zone située à moins de 30 kilomètres de cette frontière, les personnes doivent présenter un test PCR négatif de moins de 72 heures afin d’être en règle.

Valentin Martin

Prévention à l’entrée…

À l’entrée du parking, la présence des gendarmes est visible. Appuyés par des réservistes, les militaires de la brigade des Hauts-de-Bienne préviennent les skieurs des règles en vigueur sur le parking. « À la sortie, vous devrez présenter un test PCR négatif de moins de 72 heures ou justifier que vous résidez dans un rayon de 30 km de la frontière suisse », expliquent-ils. Ici, pas de contrôle, seulement de la prévention. Ce samedi 27 février, à 10 h 50, les gendarmes ont déjà abordé 112 véhicules français et 39 suisses. Mais le parking est loin d’être rempli, sa capacité étant de 500 voitures. Avec une moyenne de trois personnes à l’intérieur, ce sont environ 1 500 personnes qui défilent chaque jour. La prévention a donc toute son importance. Même si les militaires ne peuvent pas leur interdire l’accès, beaucoup font demi-tour lorsqu’ils ne remplissent pas les conditions requises. À 135 euros par personne, la descente en ski peut coûter cher ! « La population est désormais bien sensibilisée aux risques sanitaires et aux mesures de restriction. Dans l’ensemble, ça se passe bien à l’entrée du parking », explique le gendarme Romain, réserviste sur la compagnie de Saint-Claude et rodé à la mission. Pour les Suisses, la plupart ont d’ailleurs déjà passé un premier filtre, au poste des douanes de La Cure, où trois gendarmes mobiles sont présents et contrôlent l’ensemble des entrées sur le territoire national.

© SIRPA - GAV M-A. Saillet

… mais contrôle à la sortie

À la sortie du parking des Dappes, l’ambiance est différente. Sur place, six gendarmes mobiles contrôlent l’ensemble des individus quittant la station. Présents depuis le 4 février, leur mission entre pleinement dans le cadre de la lutte contre la propagation du virus et vient renforcer l’action des brigades locales. Car malgré un avertissement à l’entrée du parking, certains individus n’hésitent pas à braver les restrictions pour quelques heures de glisse. Sans justificatif de domicile ou sans test PCR négatif de moins de 72 heures, la verbalisation est inévitable. Du matin au soir, les gendarmes mobiles se relèvent afin d’assurer une présence continue. L’action est facilitée par l’existence d’une sortie unique. Aucun véhicule ne passe à travers les mailles du filet. De manière générale, là encore, la population réagit bien à cette présence et comprend l’importance des mesures sanitaires, même si les militaires ont dû avoir recours plusieurs fois à la répression.

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Une action renforcée dans la zone transfrontalière

Les contrôles spécifiques effectués au parking des Dappes viennent en complément d’un engagement déjà fort sur la zone transfrontalière des Rousses. Quelques kilomètres plus au nord, trois gendarmes mobiles sont également présents au poste douanier de La Cure, point stratégique de par sa fréquentation journalière avoisinant les 4 000 passages. Tests PCR négatifs, zone des 30 km ou raisons professionnelles sont les formalités à remplir pour circuler en toute légalité sur le sol français lorsqu’on vient de Suisse. Ceux qui ne sont pas en mesure de présenter les justificatifs idoines sont invités à faire demi-tour. Une procédure de non-admission peut même être réalisée par les douanes, présentes elles aussi sur les lieux ! Depuis début février, les gendarmes mobiles ont déjà dressé quelques procès-verbaux, car malgré une communication accrue sur les mesures de circulation, certains continuent de s’en affranchir. Pour renforcer l’action des postes fixes, une patrouille, composée de trois gendarmes mobiles, est également engagée toute la journée afin de surveiller les axes de circulation et les principaux points de ce secteur touristique.

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