Oléron : une unité estivale dédiée à la police judiciaire

  • Par le commandant Céline Morin
  • Publié le 28 août 2021
© GND F. Garcia

Fonctionnant telle une petite brigade de recherches au sein du dispositif estival de protection des populations, le pool police judiciaire, mis en place chaque été depuis trois ans, concentre le traitement des procédures, permettant ainsi aux patrouilles des brigades, des postes provisoires et des détachements de surveillance et d'intervention, libérées de ces tâches, d'accentuer leur présence sur le terrain.

Comme toute destination touristique, l’île d’Oléron bénéficie tout l’été d’un dispositif de sécurisation adapté, non seulement à l’affluence de population, qui passe de 26 000 à près de 350 000, mais également à la dimension îlienne, qui implique l’injection d’un plus grand nombre d’effectifs pour pallier les difficultés de projection.

La communauté de brigades de Saint-Pierre-d’Oléron accueille ainsi une cinquantaine de personnels, gendarmes départementaux, mobiles et réservistes, qui viennent renforcer les deux unités territoriales de Saint-Pierre et du Château et armer les quatre Postes provisoires (P.P.) implantés au Dolus-d’Oléron, à Saint-Denis-d’Oléron, à La Cotinière et à Saint-Trojan-les-Bains, ainsi qu’un Détachement de surveillance et d’intervention (DSI), un poste équestre et un pool dédié à la Police judiciaire (P.J.).

« Que ce soit sur Oléron ou sur La Tremblade, la volonté est de multiplier les modes d'action pour assurer une présence là où se trouve la population, explique le chef d’escadron (CEN) Ludovic Burette, commandant la compagnie de Rochefort. À l’instar du groupement, où les patrouilles à VTT sont généralisées dans le cadre du Dispositif estival de protection des populations (DEPP), Oléron et La Tremblade ont adopté ce mode de déplacement. Cela nous permet, par exemple, d’être présents sur la Vélodyssée, afin de prévenir, voire au besoin de réprimer une délinquance plus spécifique aux pistes cyclables. Sur Oléron, nous avons également passé une convention avec un centre équestre pour le prêt de chevaux, afin de monter un poste équestre grâce à deux militaires de la compagnie détentrices du CAPEG. Les chevaux sont particulièrement bien adaptés à notre environnement et suscitent également un autre contact avec la population. »

Libérer les unités de terrain des procédures judiciaires

Favoriser cette présence sur le terrain est d’ailleurs l’un des objectifs du pool P.J. En concentrant le traitement des affaires judiciaires, celui-ci libère en effet les autres unités (brigades, P.P., DSI) des procédures, leur permettant de continuer leur travail sur le terrain, notamment en matière de prévention. Il faut dire que l’activité le justifie pleinement, puisque la COB de Saint-Pierre-d’Oléron enregistre un tiers de ses crimes et délits annuels au cours des deux mois d’été, soit près de 400 faits en 2020.

Si l'été 2021 semble plus calme que le précédent, qui enregistrait une hausse de 50 % des interventions, le niveau de délinquance reste toutefois supérieur à celui de 2019, avec en premier lieu une forte délinquance d'appropriation. La COB enregistre en moyenne entre 200 et 250 atteintes aux biens pendant la saison estivale : quelques cambriolages en début de saison, principalement dans les mobile-homes, quelques vols de bijoux dans les résidences, mais surtout des vols à la roulotte sur les parkings, des vols à l'étalage et des vols de deux roues, ciblant particulièrement les vélos. « C'est presque un sport national ici. Nous avons des vols d'opportunité pour se déplacer et d'autres pour la revente, en augmentation avec la recrudescence de vélos électriques, dont la valeur marchande est plus importante. L'an dernier, nous avions détecté un gros phénomène, auquel nous avons mis un terme en interpellant un individu, auteur d'une trentaine de faits », précise le lieutenant (LTN) Hervé Arcelin, commandant la communauté de brigades de Saint-Pierre-d’Oléron, avant d'évoquer les dégradations de biens, notamment en sortie de bar ou de boîte de nuit, communes à toutes les zones d'affluence ou presque.

« Une brigade de recherches éphémère »

« Compte tenu de l'augmentation de la population, multipliée en moyenne par 10, et de la hausse de la délinquance générale, particulièrement les faits d'appropriation et les violences, le système COB ne pourrait pas fonctionner efficacement sans ce groupe dédié à la police judiciaire, mis en place chaque été depuis trois ans. En dépit de la dépersonnalisation des procédures, certaines resteraient en souffrance et la présence sur le terrain, de même que les interventions en seraient affectées, confie le lieutenant. Là, nous avons l’assurance que les procédures vont être rapidement prises en compte. C’est plus confortable pour les équipes d’intervention, c'est formateur pour les jeunes OPJ et, surtout, cela nous permet d’apporter une réponse optimale et efficace à nos concitoyens. »

Composé de cinq officiers de police judiciaire venus des régions Poitou-Charentes et Limousin, auxquels s’ajoutent des effectifs disponibles de la COB, soit un effectif de 8 à 9 personnels, le pool assure le traitement des procédures lourdes et chronophages. « C'est en quelque sorte une petite Brigade de recherches (B.R.) au sein du DEPP. Emmenés par deux gradés compétents, ces OPJ sont autonomes en termes de P.J., sauf sur les gros dossiers nécessitant le renfort de l’unité de recherches. Cela leur permet de traiter de petites affaires de stup’ par exemple, comme on a pu le faire en juillet dernier. Ce n'est pas pour rien qu'Oléron est surnommée la petite Jamaïque. En moyenne, on fait deux gros dossiers par an, poursuit le commandant de la COB. Mais il est évident que le pool ne va pas se lancer dans des enquêtes au long cours, d’autant que sur la compagnie, nous avons un Groupe d'enquête et de lutte contre les stupéfiants. L’objectif est de pouvoir continuer à traiter tout le reste et d’avoir une ressource en réserve pour répondre à l’événement, voire préparer le travail de la B.R. sur un gros dossier. »

Une permanence P.J. H.24

Le pool assure une permanence 24H/24. La nuit, deux OPJ sont présents à demeure, afin de traiter les procédures, par exemple d’infractions à la législation sur les stupéfiants, d’alcoolémie ou encore de violences intra-familiales (VIF), ramenées par les différentes patrouilles.

Si la nuit est calme, ils peuvent alors avancer sur les dossiers en cours. « L’idée est de clôturer un maximum de procédures avant la fin de l’été, insiste l’officier. Nous avons d'ailleurs intégré au sein du pool un réserviste qui est un ancien de B.R., plus particulièrement chargé des auditions de témoins et de mis en cause. Il en a effectué une cinquantaine, dans près de 37 dossiers. L'idéal serait de pouvoir avoir un tel groupe à demeure. »

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