Opération Mousquetaire : la gendarmerie maritime sur le pont

  • Par Pablo Agnan
  • Publié le 30 mars 2021
© MI/DICOM/D.MENDIBOURE

Les éléments de la compagnie de gendarmerie maritime de Calais ont activement participé à l’opération « Mousquetaire II ». Leur rôle ? Assurer la sécurité du navire ARC Endurance, un roulier de 50 000 tonnes affrété par les forces armées américaines pour transporter hommes et matériels.

« Technologie américaine », annonçait feu Pierre Bellemare, en montrant son rétroprojecteur pour impressionner son interlocuteur, Jean Dujardin, dans le film « OSS 117, Rio ne répond plus ». Ce dialogue, aussi comique que caricatural, fait malgré tout écho à une certaine réalité : les moyens américains sont, dans de très nombreux domaines, impressionnants.

Ceux alloués à l’US Army ne dérogent pas à la règle : samedi 6 mars, au petit matin, sur le port de Dunkerque, tous les yeux étaient rivés sur l’ARC Endurance, un navire affrété par l’US Navy pour transporter les 374 véhicules, 512 conteneurs de matériels et 56 hélicoptères de la 1st Combat Aviation Brigade, issue de la 1re division d'infanterie.

© MI/DICOM/D.MENDIBOURE

Pour permettre une arrivée sécurisée et un débarquement sans encombre des forces armées américaines, la gendarmerie a été sollicitée dans le cadre de l’opération « Mousquetaire II ». L’Arme a déployé d’importants moyens, dont ceux du Groupement de gendarmerie maritime (GMAR) de la Manche et de la Mer du Nord.

« D’abord, j’ai engagé une Vedette côtière de surveillance maritime (VCSM) pour escorter l’ARC Endurance dans la zone d’attente jusqu’à l’écluse du port », indique la cheffe d’escadron (CEN) Nathalie Duret, commandant la compagnie de gendarmerie maritime de Calais. À partir de cet instant, et ce jusqu’au départ du roulier, le personnel de la GMAR n’a pas lâché d’un mile le navire américain.

© MI/DICOM/D.MENDIBOURE

Pendant 96 heures, la Vedette de surveillance maritime et portuaire (VSMP) Rondache, de la compagnie de Calais, a patrouillé nuit et jour autour du monstre de 50 000 tonnes. Cette surveillance du bassin, dans lequel mouillait l’Endurance ARC, était doublée par le « continuum », c’est-à-dire par des patrouilles terrestres, assurées par le Peloton de sûreté maritime et portuaire (PSMP) de Dunkerque.

« Cette mission entre dans le large spectre des activités de la compagnie. Les gendarmes de la compagnie sont parfaitement formés et équipés à cet effet. Ils assurent en permanence la surveillance maritime, effectuent des contrôles et la surveillance du littoral et assurent la protection des emprises portuaires et de leurs approches. »

Branle-bas de combat

« Ça change de la routine habituelle », commente l’un des gendarmes présents à terre. « Et puis c’est vraiment impressionnant, il faut le reconnaître », finit-il par ajouter. Car, en plus des patrouilles, les plongeurs des PSMP de Dunkerque, de Boulogne-sur-Mer et du Havre ont effectué à deux reprises des opérations de reconnaissance des quais.

Dans le langage de ces militaires, il s’agit d’effectuer une inspection subaquatique du bassin dans lequel baigne l’Endurance. « L’objectif de ce type d’opération est de vérifier qu’il n’y a aucun objet qui pourrait nuire au navire américain », précise la CEN Duret. La liste des menaces fait plutôt froid dans le dos : « Pieux, différents types d’entraves et, surtout, des explosifs aimantés. »                                                                             

© GMAR

En parlant d’explosifs aimantés, la cheffe d’escadron fait référence aux mines-ventouses. Aussi connues sous le nom de « mines limpet », à cause de leur ressemblance avec la patelle (limpet, en anglais), un coquillage qui s’accroche aux rochers, elles sont utilisées depuis la Seconde Guerre mondiale, principalement par les nageurs de combat. Plus récemment, ces armes dévastatrices ont été employées à deux reprises en 2019 : une première fois en mai, contre quatre navires marchands en mouillage au large des Émirats arabes unis, et une seconde fois en juin, contre deux tankers navigant à proximité du détroit d’Ormuz, dans le golfe d’Oman.  

Une troisième plongée a donc été effectuée par les hommes-grenouilles des PSMP, pour cette fois-ci inspecter la coque du navire. Ce dernier aurait pu être la cible d’une tentative d’attentat à la mine limpet, notamment lorsqu’il mouillait dans la zone d’attente, avant d’entrer dans le port. Mais finalement, aucune menace n’a été détectée.

Pour la GMAR, l’opération « Mousquetaire II » a été l’occasion de montrer l’étendue de ses compétences et sa capacité à évoluer aussi bien dans son milieu dévolu, la mer, que sur terre.  

À noter :

Outre les missions de protection défense (surveillance et sauvegarde maritime, police administrative et judiciaire, protection, renseignement), de défense maritime du territoire et de sûreté (surveillance maritime et du littoral, sûreté maritime et portuaire), de l’action de l’État en mer (AEM) et de police des pêches qu’ils exercent sur l'ensemble de la façade de la zone de défense Nord et Nord-Ouest, les gendarmes de la compagnie de gendarmerie maritime de Calais ont, dans leur zone de compétence, une véritable autoroute maritime. « 300 à 400 navires y transitent chaque jour », précise la cheffe d’escadron Nathalie Duret, soit 25 % du trafic maritime mondial.

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