Déploiement de l’escadron de gendarmerie de Châteauroux en Nouvelle Calédonie

  • Par CABCOM RGBRET
  • Publié le 29 juillet 2021
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Retour sur le déploiement en Nouvelle-Calédonie de l'escadron de gendarmerie (EGM) 47/3 de Châteauroux a été déployé, dans un contexte politique tendu entre les loyalistes et les indépendantistes, en raison du troisième et ultime référendum sur l’accession à la pleine souveraineté, qui sera organisé le 12 décembre prochain dans le cadre du processus de décolonisation de l’accord de Nouméa (1998).

Dès leur arrivée, en raison du contexte sanitaire, les gendarmes mobiles ont été placés en « quatorzaine » sanitaire dans un hôtel de Nouméa. Cette première étape a permis aux militaires de compenser le décalage horaire et de s’acclimater à leur nouvel environnement avant d’être déployés dans les unités à partir du 1er mai.

Un contexte politique particulier

Si ce déploiement a été marqué par la pandémie, il a aussi et surtout été marqué par un contexte politique tendu entre les loyalistes et les indépendantistes qui ne s’accordent pas sur le devenir de l’île. En effet, le 12 décembre prochain, la Nouvelle Calédonie va organiser son troisième et ultime référendum sur l’accession à la pleine souveraineté, dans le cadre du processus de décolonisation de l’accord de Nouméa (1998). Cette échéance, cruciale pour l’avenir de l'île, est dans tous les esprits. Les deux précédents référendum organisés le 4 novembre 2018 et le 4 octobre 2020 avaient donné lieu à une victoire des partisans du maintien de ce territoire en France, avec 56.7 % puis 53.3 % des suffrages.

Quel que soit le résultat du référendum du 12 décembre 2021, celui-ci permettra de mettre fin à la crise institutionnelle et aux incertitudes politiques qui minent l’économie de ce territoire. Néanmoins, il ne réglera pas toutes les difficultés. Beaucoup de chemin reste à parcourir pour mettre fin aux rapports de force et pour amener les citoyens de toutes origines à construire et à vivre ensemble, dans un climat apaisé.

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Plusieurs provinces, plusieurs problématiques

La Nouvelle-Calédonie est découpée en trois provinces, qui englobent chacune plusieurs communes : la province Nord, la province des îles Loyauté et la province Sud.

L’escadron 47/3 est déployé dans la Province Nord qui comprend le Nord-Est et le Nord-Ouest de la Grande Terre ainsi que les îles Belep. Ces dernières composant un archipel situé à 47 km au nord de la Grande Terre sont peuplées par des populations majoritairement mélanésiennes. Sur ce territoire, la question du désenclavement y est un enjeu majeur. Par ailleurs, les coutumes y sont essentielles. C’est l’occasion pour les militaires d’y faire des rencontres authentiques, notamment avec les populations tribales, qui vivent de manière enclavée et dont la principale activité est la pêche. Un poste provisoire de la gendarmerie est installé sur cet archipel. Sur la partie Nord-Est et Nord-Ouest de la Grande Terre, se trouvent deux autres problématiques pour les gendarmes, celles du climat et de la végétation. La façade Est bénéficie en effet des courants marins, avec les intempéries qui les accompagnent. Une végétation très luxuriante couvre le terrain.

La façade Ouest est plus protégée et une végétation plus sèche couvre les flancs des montagnes. A ces différences géographiques et climatiques s’ajoute la prise en compte des particularités de la population et de leurs coutumes. Celles-ci sont très importantes et tout manquement peut conduire à une dégradation des relations déjà relativement fragiles.

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Les différentes missions des gendarmes mobiles dans la province Nord

La nature des missions varie en fonction des territoires dont les militaires ont la charge.

Bien intégrés au sein du dispositif du commandement de la gendarmerie pour la Nouvelle-Calédonie (COMGEND NC), les gendarmes du 47/3 ont tout d’abord été répartis sur 21 postes. Puis, n’ayant plus en charge la compagnie de LA FOA depuis le 12 mai dernier, ils se sont alors déployés sur 17 postes.

Généralement, ils réalisent deux types de missions au profit des compagnies : soit des renforts au profit des brigades, dans lesquelles ils participent à tous les services, soit des missions de sécurité publique au profit des populations dans le cadre des détachements de surveillance et d’intervention (DSI). Dans ce cadre, les militaires de l’escadron effectuent des patrouilles, des transfèrements, des opérations de contrôles des flux, des opérations anti-délinquance et de nombreuses interventions notamment pour violences intrafamiliales.

Sur l’archipel des îles Belep, les militaires de l’escadron se retrouvent en présence de pêcheurs, de marins et de tribus qui vivent très simplement. Ils leur apportent de l’aide et du soutien quotidiennement et dans tous les domaines, en dépassant souvent leurs prérogatives habituelles. Cela crée des liens privilégiés et de proximité avec la population. Ici plus qu’ailleurs, les militaires de la gendarmerie doivent et savent répondre présents.Le 30 mai dernier en offrit un bel exemple lorsqu’une personne se présenta au dispensaire alors qu’aucun personnel de santé n’était présent et que les gendarmes assurèrent sa prise en charge jusqu'à son évacuation sanitaire par un hélicoptère du SAMU.

Dans ce secteur très isolé et coupé du monde, les gendarmes mobiles font preuve tous les jours d’une grande résilience, de rusticité et d’adaptabilité afin d’accomplir au mieux les diverses tâches qui leur incombent.

Lors de ce déploiement, les interventions des militaires de l’escadron ont concerné essentiellement des violences intrafamiliales ou des homicides par armes à feu lors de parties de chasse trop « arrosées ».

Par ailleurs, lorsque les militaires s’approchent un peu trop près des tribus, ils peuvent être la cible de jets de pierres, notamment les week-end. Mais dans l'ensemble, les interpellations menées avec l'aval des autorités coutumières se passent très bien. Il arrive même que ces autorités, voire les familles elles-mêmes, remettent directement les individus mis en cause aux forces de l’ordre.

De plus, quelques problématiques sociales émergent de temps en temps : expulsions de familles hors des tribus - piquets de grèves avec ralentissements aux abords des mines du Nord. Mais la recherche de solution par le dialogue est toujours de mise. Et fort heureusement, il n’y a pas eu de blessé grave à déplorer ni dans la population, ni chez les gendarmes mobiles.

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Un site minier sous haute surveillance

Située au Nord de la Grande Terre de Nouvelle-Calédonie, l’usine Koniambo Nickel SAS (KNS) se trouve à 3h30 du centre de Nouméa et à 30 minutes de la ville de KONE. Avec la production de près de 60 000 tonnes de nickel par an et l’emploi de plus de 1200 personnes chaque jour sur le site, il s’agit du premier employeur du Nord de la Calédonie et le quatrième du territoire.

Mais depuis le 5 juillet 2021 un barrage filtrant avec chicane et obstacles (fûts et pneus brûlés, barrières, pierres, etc) avait été mis en place par une trentaine de membres des clans coutumiers et tribus du massif du Koniambo afin de ralentir l’entrée des personnels et des sous traitants de DNS.

Leur revendication : l’attribution d’un marché de dynamitage au groupe industriel, MAXAM, leader mondial dans le domaine de l’explosif. Les manifestants exigeaient que le contrat soit attribué à la société locale «Label Explo» avec laquelle ils sont en partenariat.

Pour rétablir la libre circulation des employés de l’entreprise sur le site minier, un groupement tactique de gendarmerie et 3 EGM ont été engagés, dont celui de Châteauroux. Pour ce dernier, la mission consistait dans un premier temps à dégager l’espace occupé illégalement puis dans un second temps à tenir le terrain et éviter tout retour adverse. Cette opération s’est déroulée avec succès.

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Des gendarmes mobiles au côté des collégiens

Comme en métropole, les gendarmes territoriaux de Nouvelle-Calédonie organisent des stages de découverte au profit de collégiens. Ce fut le cas du 05 au 09 juillet 2021 à la compagnie de POINDIMIE 988. Des conventions ont été signées entre la gendarmerie et le collège pour accueillir six élèves. Au programme des interventions de l'équipe cynophile et d'un conseiller territorial de la prévention (dangers d'internet - harcèlement), la présentation des contrôles de la condition physique du militaire et la participation à un exercice incendie en caserne. Une présentation des missions, moyens et matériels de la gendarmerie mobile, ainsi qu’une démonstration, a également été organisée le 08 juillet 2021.

Par ailleurs, à l’occasion de deux sessions des « Journées défense et citoyenneté » (JDC) organisées au collège Wani de Houaillou les 07 et 08 juillet 2021, trois gendarmes mobiles du DSI sont allés à la rencontre des participants pour un moment d’échange et de présentation de leur métier, de leur mission, du matériel et des équipements. Enchantés par ce temps de partage, les jeunes présents ont chaleureusement remercié les gendarmes.

À noter :

L’apport d’un escadron de gendarmerie mobile dans ces territoires : témoignage du Capitaine Philippe DOUCET, commandant l’escadron 47/3 de Châteauroux

« Le déploiement au profit des unités territoriales est primordial pour l’empreinte sur le terrain », indique le capitaine DOUCET avant d’ajouter, « Les gendarmes locaux ne peuvent pas être présents autant qu’ils le souhaiteraient sur certains sites. En effet, l’escarpement du terrain, les difficultés pour se rendre auprès de populations très isolées, les problématiques et les limites des moyens routiers, aériens ou maritimes sont autant d’éléments qui contraignent la manœuvre globale et qui nécessitent des effectifs complémentaires.

Le rôle des militaires de la Gendarmerie Mobile s’avère donc essentiel. Grâce à leur regard extérieur, à leur rusticité et à leur habitude d’aller là où il est difficile de se rendre, ils arrivent à pallier certains manques ou certains dysfonctionnements. Pour autant, ils ne peuvent pas garantir une présence permanente en tout point du territoire.

Les troubles récurrents en proche banlieue de Nouméa rappellent par ailleurs les problématiques de cohabitations de deux cultures différentes qui peinent parfois à coexister.

La violence soudaine lors de conflits, pouvant aller jusqu’à l’usage d’armes à feu, atteste d’un état d’esprit particulier et d’une volonté de la population de se faire entendre même si elle est loin de la métropole. Les gendarmes de l’escadron de Châteauroux ont néanmoins su créer un vrai lien de proximité avec la population la plus isolée de la Nouvelle Calédonie. En s’adaptant aux spécificités et aux traditions, ils ont démontré une nouvelle fois leur capacité d’adaptation et leur endurance. Partis depuis le 15 avril dernier, les militaires du 47/3 seront de retour en métropole à la fin du mois de juillet, après un dépaysement total de plus de trois mois. »

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