Sauvetage et assistance : l’été mouvementé de la gendarmerie maritime en méditerranée
- Par Pablo Agnan
- Publié le 06 septembre 2021
À l’image de l’été 2020, la première partie de la saison estivale 2021 a été marquée par une hausse conséquente du nombre d’opérations de sauvetage et d’assistance aux usagers de la mer. Des opérations dans lesquelles les militaires du groupement de gendarmerie maritime de la Méditerranée sont forcément impliqués, en plus de tout le reste… Reportage.
Sauvetage, assistance et police de navigation sont les maîtres-mots de l’été 2021 pour les militaires du groupement de gendarmerie maritime de la Méditerranée. Dans son bilan mi-saison, la préfecture maritime de la Méditerranée (PREMAR) indique que « toutes les administrations et services impliqués dans les différentes opérations de sauvetage et d’assistance ont mené près de 1 300 opérations (soit une hausse de 14 % de son activité par rapport à 2020) dont 50 % pour des motifs d’assistance et 40 % pour des motifs de sauvetage. » Elle déplore également le décès « de 12 personnes (contre 23 sur tout l’été 2020), dont quatre baigneurs et sept plongeurs. »
Ces chiffres s’expliquent, selon la PREMAR, en plus de la fréquentation habituellement élevée du littoral méditerranéen, par « une augmentation significative du nombre d’usagers de la mer, qu’il s’agisse de plaisance (à voile ou à moteur) ou de loisirs nautiques (baignade, plongée, sports de plage, véhicules nautiques à moteur). » Il en résulte également une hausse des opérations de police de navigation ; elles concernent des infractions liées à une vitesse excessive, à de la conduite sans permis, et au non-respect de certaines zones, notamment localisées dans la bande littorale des 300 mètres, « faisant ainsi courir un risque non-négligeable au plus grand nombre », précise la PREMAR.
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Ces problématiques, on les retrouve particulièrement dans le golfe de la Napoule, porte d’entrée maritime du littoral cannois. Mi-juillet, en plus du flot de touristes habituels, se sont ajoutés quelques 20 000 festivaliers, venus spécialement pour la 74ème édition du Festival international du Film. Un véritable casse-tête chinois pour les gendarmes en matière de sécurité, que ce soit à terre ou sur l’eau.
Ainsi, les deux tiers de la baie ont fait l’objet d’une surveillance renforcée de la part de la gendarmerie maritime ; durant toute la durée du festival, elle a engagé au minimum une vedette côtière de surveillance maritime (VCSM), la Vésubie, rattachée à la brigade de gendarmerie maritime (BGMAR) de Nice, ainsi que deux semi-rigides, dont un armé par des réservistes.
Lorsque l’activité le permettait, la vedette Argens de la BGMAR de Saint-Raphaël est venue renforcer le dispositif, déjà bien étoffé avec l’embarcation de la brigade nautique d’Antibes et celle des affaires maritimes. Ce n’est pourtant jamais de trop, notamment en période estivale et surtout pendant le Festival de Cannes, de disposer d’autant de moyens, face à des problématiques multiples et protéiformes.
Das Boot
Car, qui dit Festival de Cannes dit forcément yachts de luxe. Ils constituent l’un des cas à gérer pour les militaires. « Nous avons sur notre secteur la plus grosse concentration de yachts au monde », insiste le colonel Jean-Guillaume Remy, ancien commandant du groupement de gendarmerie maritime de la Méditerranée. En 2020, près de 2 % des opérations de police de navigation, sur tout le littoral méditerranéen, concernent le contrôle de ces navires, allant de sept mètres de long à plus de 60. La plupart du temps, ils mouillent dans un secteur situé entre les îles de Lérins, celle de Sainte-Marguerite et la pointe de la Croisette. La zone est très prisée par les plaisanciers pour son eau turquoise et ses fonds marins.
Si, dans la baie de Cannes, les yachts font l’objet d’une attention particulière des militaires, c’est pour deux raisons : la première concerne une nouvelle réglementation mise en place par la Préfecture Maritime de Toulon (PREMAR) au sujet de la posidonie. Cette plante aquatique sous-marine constitue le poumon vert de la Méditerranée. Un décret a été pris par la PREMAR interdisant le mouillage des bateaux de plus de vingt mètres dans certaines zones, dans l’optique de préserver le végétal. La gendarmerie maritime mène donc des opérations de sensibilisation, « pour faire respecter avec pédagogie cette nouvelle réglementation », précise l’officier.
Waterworld
Le second motif de cette attention particulière réside dans la réglementation pure et simple. Il s’agit pour les gendarmes de contrôler les papiers du navire et ceux des membres d’équipage ainsi que ses équipements de sécurité, comme pour tous les autres navires. Ces contrôles sont effectués par les semi-rigides, que ce soit ceux embarqués à bord des VCSM ou les embarcations semi-rigides (EFR) dotées d’une puissance d’environ 200 chevaux. Pendant qu’une des VCSM reste toujours en mode « surveillance » du littoral, pour contrer une éventuelle menace terroriste venue du large, les zodiacs, eux, naviguent entre les voiliers et autres bateaux à moteur en mouillage, dans la zone située entre l’île de Lérins et celle de Sainte-Marguerite.
C’est ici que se trouve la plus grande concentration de plaisanciers en tout genre ; notamment pour profiter d’une eau limpide et d’un environnement presque sauvage. Cette fréquentation attire des prestataires de services en tout genre, comme par exemple un catamaran transformé en pizzeria ou bien encore, un torréfacteur aquatique. Quoi qu’il en soit, la zone est bien connue des locaux comme des touristes. Et qu’ils soient expérimentés ou amateurs, les skippers oublient certaines règles de sécurité élémentaires. « Les gilets de sauvetage sont emballés et rangés au fond du bateau, ce qui n’est pas pratique en cas de naufrage », ironise le maréchal des logis-chef Franck, avant d’ajouter que « c’est la même chose pour les extincteurs. »
A ce propos, le groupement de la gendarmerie maritime de la Méditerranée mène, dès le mois d’avril, des opérations de conseils aux plaisanciers. Baptisées « océan », elles visent à « faire de la pédagogie sur le matériel d’armement et de sécurité », explique le colonel Jean-Guillaume Remy.
Mais malgré ces opérations de prévention, la police de la navigation reste « inévitable et nécessaire. » Cette mission représente 93 % de tous les contrôles confondus (sûreté maritime et portuaire ainsi que police des pêches) effectués par le groupement de gendarmerie maritime de la Méditerranée en 2020.
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