Protection de l’environnement : un détachement de l’OCLAESP à La Réunion

  • Par Lieutenante Floriane Hours
  • Publié le 19 mai 2022
© OCLAESP - Détachement de Saint-Denis

Opérationnel depuis le 1er septembre 2021, le détachement de l'Office central de lutte contre les atteintes à l’environnement et la santé publique (OCLAESP) de Saint-Denis de La Réunion est armé par six gendarmes et deux policiers. Son champ de compétence s’étend sur toute la zone de l’océan Indien, couvrant ainsi les secteurs de La Réunion, de Mayotte et des Terres australes et antarctiques françaises (TAAF). Un territoire vaste et hétéroclite, aux multiples enjeux et problématiques.

Créé en 2004, l’OCLAESP, Office Central de Lutte contre les Atteintes à l’Environnement et la Santé Publique, a pour mission de lutter contre les différents types de criminalité liée à l’environnement (trafics de déchets ou d’espèces protégées, pollution…) ou à la santé publique (trafics de médicaments, faux passes sanitaires, déviance médicale…). Pour cela, cet office à vocation interministérielle, rattaché à la sous-direction de la police judiciaire de la gendarmerie, est organisé en deux divisions : la division de la stratégie et de l’analyse, en charge de l’appui aux unités, de l’évaluation des dossiers, de la formation et de la veille juridique, et la division investigations, en charge des enquêtes judiciaires confiées à l’office, en lien avec les réseaux criminels organisés. C’est au sein de cette dernière, qu’en 2020, quatre détachements ont été créés à Marseille, Cayenne, Bordeaux et Metz, renforcés un an plus tard par trois autres, à Rennes, Lyon et Saint-Denis de La Réunion, opérationnel depuis le 1er septembre 2021, armé par six gendarmes et deux policiers, et compétent sur toute la zone de l’océan Indien, couvrant ainsi les secteurs de La Réunion, de Mayotte et des Terres australes et antarctiques françaises (TAAF).

La gestion des déchets : un enjeu majeur

Pour les personnels de l’antenne OCLAESP de La Réunion, comme pour l’ensemble des territoires insulaires, la problématique des déchets sur l’île représente un enjeu majeur. Les déchets dangereux ne pouvant être traités sur place (l’île n’étant pas dotée d’installations adéquates), ces derniers doivent être évacués en métropole, vers des sites de traitement ayant les moyens et les autorisations idoines. Cette manœuvre est soumise à une réglementation très stricte et particulièrement surveillée, mise en place depuis de nombreuses années. Une manoeuvre qui fonctionnait bien. Seulement voilà, en 2020, la pandémie s’invite et la machine s’enraye. Les liaisons maritimes qui assurent l’évacuation des déchets sont stoppées et les lieux de stockage se retrouvent très vite saturés, entraînant un phénomène d’accumulation des déchets (machines à laver, batteries de voiture…), tant dans les sites de transit que chez les particuliers. Un effet domino qui provoque une augmentation conséquente du nombre de dépôts sauvages, polluant les sols et les nappes phréatiques et qui amène un nouveau phénomène : l’émergence de trafics visant à envoyer les déchets vers d’autres pays de la zone, notamment à Madagascar et en Inde.  

C’est sur ce point, et en lien avec les autorités locales, qu’intervient l’OCLAESP. Son travail est d'enquêter sur ces phénomènes, sur les personnes et/ou les entreprises à l’origine de ces trafics, pour y mettre un terme et faire condamner les auteurs. Une mission d’autant plus complexe que sur la question de la pollution et de la gestion des déchets, les gendarmes doivent prendre en compte un autre phénomène : l’urbanisation grandissante d’une partie de l’île. « Sur le littoral ouest de La Réunion, qui est la côte la plus touristique, avec le lagon et les plages, nous sommes confrontés à une problématique d’urbanisation galopante et grandissante. Cela implique d’avoir une gestion de la chaîne de traitement de ces déchets inertes, dont les installations légales ont atteint leur capacité limite de stockage. De facto, des déversements sauvages dans les ravines ou sur des terrains agricoles appartenant à des particuliers sont constatés », indique la capitaine Solenn, à la tête du détachement, avant de poursuivre, « L’augmentation constante de la population met en lumière des problèmes de salubrité déjà existants, notamment au niveau de la potabilité de l’eau et du traitement des eaux usées. Autant de problématiques qui touchent à la santé des populations. »

Des trafics locaux et internationaux particulièrement lucratifs

Outre ces problématiques, les enquêteurs de l’OCLAESP ont découvert à leur arrivée sur l'île, un autre phénomène d’ampleur : les trafics d’espèces locales et de certaines cultures, comme celle des palmistes. Cultivé au centre de l’île, sur la plaine qui en porte le nom, le palmiste est un arbre très recherché pour ses bourgeons, ses fibres et son huile. Avec un prix pouvant atteindre les 45 euros le kilo, il est l’une des cultures les plus lucratives de l'île, et donc l’une des plus convoitées par les trafiquants, qui s’introduisent de nuit dans les exploitations. « C’est l’or de La Réunion », précise la capitaine.

Tout aussi lucratifs, d’autres trafics, cette fois d’espèces animales, sont également dans le viseur des enquêteurs de l'office. C’est le cas par exemple, de la pêche et du commerce illégal de bichiques, le « caviar réunionnais ». Ces petits alevins, extrêmement consommés dans la nourriture locale mais dont la pêche est interdite de mars à septembre, se vendent à 80 euros le kilo. De quoi attirer les convoitises. Autres espèces surveillées : les tortues marines. Braconnées dans les eaux turquoise de Mayotte pour leur viande, elles sont vendues entre 40 et 60 euros le kilo. Plus récemment, le détachement de l’office a également observé un nouveau phénomène : celui de l’importation d’oiseaux chanteurs. Emmenés de l’île Maurice, ils arrivent par speed boat à La Réunion, en même temps que le stupéfiant local, le zamal (l’équivalent du cannabis). Sur le volet de la santé publique, les gendarmes de l’OCLAESP ont aussi constaté des trafics de médicaments, généralement détournés de leur usage et des trafics de stéroïdes anabolisants en provenance ou en direction des pays de la zone.

Construire un réseau solide

Pour être efficaces sur ces enquêtes bien particulières, qui nécessitent une bonne connaissance du droit de l’environnement, du droit de la santé publique et du droit pénal, tous les personnels du détachement de La Réunion sont soit issus d’unités de recherches, soit d’autres détachements métropolitains ou ultra-marins de l’office. Sur le terrain, leur mission est de recueillir, de centraliser et d’analyser les informations transmises par des acteurs locaux, engagés sur ces thématiques, et de diligenter les enquêtes les plus complexes. Le détachement est également en mesure d’apporter son appui aux unités de gendarmerie ou police locales.

Pour cela, il s’appuie sur un réseau de partenaires, constitué avec attention depuis sept mois. « Nous essayons de travailler sur tous les secteurs, sur tous les milieux, et ce depuis notre création. Nous multiplions aussi les contacts, afin de faire connaître notre unité et nos missions. Cela commence à porter ses fruits. Nous commençons à avoir des remontées d’informations par différents canaux. »

Sur le volet de la santé publique, ses liens privilégiés avec l’ARS (Agence Régionale de Santé) et la DRSM (Direction Régionale du Service Médical) de La Réunion ont ainsi permis au détachement de l’office de démanteler un trafic de faux passes sanitaires mis en place par un médecin de l'île. Sur les thématiques de la faune et la flore, là aussi les acteurs sont nombreux, à l’image de la biodiversité locale, à La Réunion, Mayotte ainsi que dans les TAAF, riche d’une faune et d’une flore endémique, que de nombreuses institutions et associations veulent protéger. Parmi eux, les services préfectoraux de la DEAL (Direction de l’Environnement, de l’Aménagement et du Logement), la DAAF (Direction de l’Alimentation, de l’Agriculture et de la Forêt), la DMSOI (Direction de la Mer Sud Océan Indien), mais également l’OFB (Office Français de la Biodiversité), l’ONF (Office National des Forêts), le parc national de La Réunion et les différentes réserves. Des entités qui sont une source de renseignement indispensable pour l’OCLAESP, qui travaille aussi à leurs côtés sur le terrain. Cette collaboration représente une plus-value considérable pour le détachement de l’office. Une entraide indispensable pour faire face aux enjeux présents et futurs qui menacent la santé et la biodiversité de ces territoires aux mille et une richesses.

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