Sécurité routière : en Seine-et-Marne, les gendarmes poursuivent la lutte active contre les comportements à risque
- Par Pablo Agnan
- Publié le 19 juillet 2022
Tant attendue pour certains, la période des départs en vacances peut aussi être redoutée. Comme chaque année, la gendarmerie accentue sa présence sur les grands axes, afin de mener des actions tant préventives que répressives. C’était le cas le 9 juillet dernier, sur l’autoroute A6, au village sécurité routière.
Ils étaient plusieurs centaines de milliers de conducteurs à s’élancer, en ce samedi 9 juillet, sur les grands axes routiers en direction du sud et des régions côtières. Un moment très attendu pour tous ces juillettistes, mais redouté par d’autres, en particulier chez les gendarmes.
Et pour cause : en juillet-août 2021, 36 personnes ont perdu la vie sur les 10 000 kilomètres d’autoroutes situés en zone gendarmerie. Pour les militaires des Escadrons départementaux de sécurité routière (EDSR), ce week-end du début officiel des congés scolaires constitue « un rendez-vous incontournable » pour mener des actions de prévention et de répression.
21 à 23 fois plus de risques d’accident en cas d’utilisation du téléphone au volant
C’était notamment le cas en Seine-et-Marne, sur l’autoroute A6, en direction de Lyon, au niveau de l’aire de Nemours. Sur le parking, était installé le village sécurité routière. Un événement organisé par la préfecture du département, qui rassemblait une demi-douzaine d’acteurs de la sécurité routière, dont la gendarmerie.
Cette année, pour les militaires, le message de prévention adressé aux conducteurs était axé sur l’usage du téléphone au volant. « Vous avez entre 21 et 23 fois plus de risques d’avoir un accident si vous utilisez votre téléphone en conduisant. Les distracteurs, tels que les téléphones ou les oreillettes, et autres accessoires et écrans qui équipent dorénavant les véhicules récents contribuent fortement à l’inattention », martèle le major Jean-Luc, commandant de la Brigade motorisée (B.Mo.) de Nemours.
L’année passée, durant cette même période, ils constituaient la deuxième cause d’accidents de la route (15 %), à égalité avec la vitesse et juste derrière l’alcool (18 %).
Projet [102] : une exposition en hommage aux victimes d’accidents de la route
Du 21 février au 1er mars, se tiendra l’exposition du Projet [102], à la Halle des...
Article
Pour faire prendre conscience du danger qu’est l’inattention, les gendarmes disposent d’un réflexiomètre. Il s’agit d’un petit appareil qui permet de mesurer le temps de réaction d’un usager. Lorsqu’un voyant rouge apparaît sur le boîtier, il faut appuyer sur la pédale de frein le plus rapidement possible. La machine affiche ensuite la distance parcourue entre le moment où le voyant s’est allumé et celui où l’usager a appuyé sur la pédale. D’autres résultats sont affichés, tels que la distance de freinage, ainsi que la distance d’arrêt.
Ces résultats peuvent être modulés en fonction de plusieurs paramètres, comme la vitesse de circulation, le fait que vous soyez en état d’ébriété et la météo. Mais comme le fait remarquer Rémy, pilote de rallye et prestataire de la Macif, partenaire de l’événement, les résultats issus du boîtier doivent être doublés en situation réelle : « Là, vous savez qu’il va se passer quelque chose. Mais sur la route, personne n’est préparé à ce qu’il y ait un incident. » Et ce n’est pas le seul paramètre à prendre en compte. Il faut intégrer l’état des pneumatiques, mais aussi, lors d’un départ en vacances, le poids du véhicule, chargé de bagages.
À 100 km/h, la violence du choc correspond à une chute de 30 mètres
Prenons un exemple : à vide, une Peugeot 208, deuxième voiture la plus vendue en France en 2021, pèse entre 980 à 1 158 kg. À une vitesse de 130 km/h, l’énergie cinétique développée par le véhicule est d’environ 648 000 joules, soit 66 tonnes ! « En cas de choc à cette vitesse, votre voiture se désintègre, tout simplement », précise le pilote, si tant est qu’il ait besoin d’expliciter.
Sur son simulateur de conduite posé sur vérins, la réalité rattrape le discours. Installé dans un poste de pilotage plus vrai que nature, l’une des simulations consiste à suivre un véhicule sur une départementale. Ce dernier, sans qu’il y ait d’avertissement, pile brutalement. Situé à une vingtaine de mètres du véhicule et roulant à environ 90 km/h, le temps de réaction est de 0,96 seconde, soit 24 mètres. La distance de freinage est, elle, de 43 mètres. Additionnez les deux et vous obtiendrez une distance d’arrêt de 67 mètres. L’impact est donc inévitable.
100 jours sans mort en ZGN 77
En cas de collision sur l’autoroute, si le choc paraît dès lors inéluctable, à moins d’avoir anticipé l’incident bien en amont, l’assureur préfère rappeler quelques consignes de sécurité, relatives aux airbags. En effet, lors d’un choc, ce coussin gonflable de sécurité jaillit à une vitesse de 300 km/h ! « Évitez donc de conduire en mode pilote, avec une seule main sur la partie haute du volant, et pour les passagers, de mettre vos pieds sur la planche de bord. » Car les conséquences peuvent être dévastatrices, comme on peut le voir dans ce retweet du journaliste Cédric Fraiche :
« 100 jours sans mort en zone gendarmerie, se félicite le colonel Michaël Fumery, commandant du groupement. Il y a eu un important travail en matière de lutte contre l’insécurité routière. Depuis le début de l’année, dans le département, nous en sommes à 4 500 véhicules immobilisés à la suite d’infraction, dont 615 mises en fourrière administratives et 12 000 excès de vitesse relevés. Ces chiffres ne sont ni un but, ni une fierté. Notre satisfaction découlera plutôt de l’absence de ces infractions. » D’autant que cet équilibre est fragile :« Nous ne sommes jamais à l’abri d’avoir prochainement un accident grave. Nous poursuivons donc nos efforts. »
Concernant la vitesse, le capitaine Christophe Dufour, commandant en second de l’EDSR 77 rappelle qu’elle constitue l’une des principales causes d’accident mortel : « Elle tue, c’est indéniable. » Mais en cette période de départ en vacances, il s’agit de s’adapter aux conditions de circulation. « Les risques varient en fonction du flux de circulation, plus ou moins dense, des conditions météorologiques, des créneaux horaires. »
Éviter la sécurité routière tracassière
Et en cette matinée du 9 juillet, la palme des Infractions graves génératrices d’accidents (IGGA) revient au téléphone au volant. « Au moins une dizaine ce matin », confirme une adjudante. Installée dans une voiture banalisée, elle effectue avec sa partenaire plusieurs allers-retours entre l’aire d’autoroute et une sortie située en amont, afin de repérer les contrevenants.
Il est possible, comme c’était le cas l’année dernière, de proposer des alternatives à la poursuite, « c’est-à-dire que les contrevenants pouvaient choisir de suivre un stage de prévention d’une demi-heure afin d’éviter l’amende », rappelle le capitaine Dufour. Ce n’est pas le format qui a été retenu cette année, car les modes d’action de l’escadron départemental de sécurité routière s’adaptent en permanence à la délinquance et au comportement des usagers.
Quand les gendarmes de l’Ardèche arrêtent les motards pour bonne conduite
Vous êtes-vous déjà fait arrêter sur le bas-côté de la route...
Article
Cette année, si les deux volets prévention et répression sont distincts, cela n’empêche pas les gendarmes de proposer aux contrevenants un passage sur les stands du village sécurité routière : « On a toujours opposé la prévention et la répression, ce qui est une bêtise. Il faut mener ces deux actions de frontet trouver la parfaite alchimie entre les deux. Par exemple, dans le service quotidien, il s’agit de réprimer fermement les infractions graves et de faire preuve de discernement dans les autres cas : halte àla sécurité routière tracassière. »
Avertir les conducteurs ayant commis des infractions mineures, sanctionner les irresponsables, telle est la politique de la gendarmerie. Une stratégie qui peut paraître inadaptée au regard des 2 272 décès sur la route en zone gendarmerie l’année passée, pourtant, en jetant un coup d’œil dans le rétroviseur, les efforts payent :
« Il y a 25 ans, j’ai commencé ma carrière avec plus de 8 000 morts par an sur les routes. Aujourd’hui, on est dans les environs des 3 000. »
En 2021, la gendarmerie a mené huit millions d’actions pour lutter contre l’insécurité routière. Pour les esprits chagrins, ce nombre titanesque est à mettre en perspective, puisqu’il ne représente que 8 % de l’activité de la gendarmerie.
Contacter la gendarmerie
Numéros d'urgence
Ces contenus peuvent vous intéresser
Le dispositif de sécurisation du Relais de la Flamme testé dans l’Aube
Vendredi 22 mars 2024, la Flamme Olympique a traversé le département...
Article
SRTA et BGTA : les enquêteurs du ciel
Lorsque survient un crash d’aéronef, les enquêteurs spécialisés...
Article
Simulation d’un crash d'avion à Athis-Mons
Mercredi 13 mars 2024, un exercice simulant un accident aérien a été...
Article
Stage forêt, épisode 3 : lutter en sécurité contre l’orpaillage illégal
Suite et fin de notre reportage en Guyane sur le stage forêt, dont la finalité...
Article