Entre terre et mer avec la brigade de surveillance du littoral de Toulon

  • Par la capitaine Sophie Bernard
  • Publié le 30 mai 2021
© MININT/DICOM/F.BALSAMO

Véritable couteau suisse de la gendarmerie maritime, la Brigade de surveillance du littoral (BSL) cumule les technicités pour veiller à la sécurité des usagers et à la protection du littoral, aussi bien sur l’eau qu’une fois la côte regagnée. Embarquez avec la BSL de Toulon pour découvrir cette constante polyvalence !

Située dans l’arsenal de Toulon, la Brigade de surveillance du littoral (BSL) cohabite avec les fusiliers marins, qui veillent sur le plus grand port militaire de France. De son côté, l’unité de gendarmerie maritime a une compétence bien plus vaste que la fameuse rade, puisqu’elle opère dans le Var, dans les Alpes-Maritimes et même en Corse.

Sortir en mer en toute sécurité

Les beaux jours ne se font pas attendre sur la Côte d’Azur et les premiers plaisanciers sont déjà de sortie. Mais l’hiver est passé par là et la BSL veut s’assurer que les bons réflexes sont toujours de mise sur l’eau. Au-delà des opérations de prévention « Océan », qu’elle organise régulièrement pour dispenser quelques conseils aux usagers avant la reprise, l’unité effectue des contrôles d’initiative sur l’eau.

© MININT/DICOM/F.BALSAMO

À la sortie de la rade, les gendarmes aperçoivent une famille avec deux enfants en bas âge dans une petite embarcation à moteur. Après leur avoir fait signe de s’arrêter, les militaires viennent accoler leur vedette au bateau pour procéder au contrôle. Le pilote est invité à présenter la carte de circulation de l’embarcation, ainsi que son permis. « Nous passons les documents aux différents fichiers.Nous vérifions notamment que le moteur figurant sur la carte correspond bien à celui installé sur le bateau, car il y a de nombreux vols en la matière », fait remarquer le gendarme Ronan C.

En cette période de confinement, le père de famille doit également présenter un justificatif de domicile prouvant qu’il habite à moins de 10 kilomètres de son port d’attache. Enfin, les gendarmes vérifient l’armement de sécurité obligatoire à bord : l’extincteur, ainsi que sa date d’achat ou de révision, la lampe étanche, la fusée de détresse, les gilets de flottabilité et l’apposition de l’immatriculation du navire sur le poste de pilotage.

© MININT/DICOM/F.BALSAMO

En l’occurrence, les gilets ne sont pas normés CE (conçus et fabriqués selon les normes européennes) et ne sont pas adaptés au poids des enfants. Restant dans une dynamique pédagogique, les gendarmes enjoignent les jeunes parents à rentrer au port et les convoquent à l’unité d’ici quelques jours, afin qu’ils viennent justifier de leur mise en conformité.

Surveillance de la pêche, de l’hameçon à l’assiette

Si la BSL veille sur les plaisanciers, elle est également attentive à la protection de la faune et de la flore marines. Durant toute l’année, les gendarmes luttent ainsi contre la pollution des eaux et contre le braconnage, qui représente aujourd’hui un marché particulièrement juteux. En effet, les apnéistes n’hésitent notamment pas à s’aventurer dans la zone protégée du parc national de Port-Cros pour chasser illégalement des poissons, des poulpes ou encore pêcher des oursins.

© BSL TOULON

Ils revendent ensuite le fruit de leur pêche à prix d’or à des grossistes, à des poissonniers, voire à des restaurateurs. Opérant souvent dans des criques, parfois même de nuit, les pêcheurs sous-marins pensent pouvoir ainsi échapper aux contrôles. Mais c’est sans compter sur la polyvalence des gendarmes de la BSL, qui savent à la fois piloter des vedettes et des deux-roues ! Au-delà des escortes d’autorités ordonnées par la préfecture maritime, les motocyclistes de l’unité peuvent ainsi venir en appui de leurs camarades, avec un accès facilité aux digues et aux plages reculées, pour interpeller les braconniers.

© MININT/DICOM/F.BALSAMO

Parmi les produits de la pêche ayant le vent en poupe sur les marchés parallèles, se trouve également le thon rouge. Pour sauvegarder l’espèce, la réglementation en matière de pêche impose notamment une autorisation écrite des Affaires Maritimes, une taille minimale et des quotas à respecter, en apposant, sur la queue du poisson, une bague de marquage délivrée par les autorités. Là encore, les militaires de la BSL effectuent des contrôles inopinés, sur l’eau, auprès des plaisanciers et des pêcheurs professionnels, mais aussi sur terre, au sein des poissonneries.

© MININT/DICOM/F.BALSAMO

« Nous examinons la taille et la provenance du poisson. Nous contrôlons aussi la traçabilité et la salubrité. Il existe de nombreuses tromperies au consommateur, comme le fait de ne pas indiquer qu’un poisson est décongelé, de vendre un poisson d’élevage comme du sauvage, ou d’apposer un prix qui ne correspond pas en réalité à la zone de pêche où il a été capturé », explique le maréchal des logis-chef Patrice P.

Une expertise avérée dans les activités nautiques

Une fois le pied posé à terre, les poissonneries ne sont pas les seules structures contrôlées par les gendarmes de la BSL. Ils luttent, par exemple, contre l’ « uberisation » de la location de bateau ; certains particuliers louant leur embarcation aux touristes sans déclarer leur activité et faisant ainsi de la concurrence déloyale aux loueurs professionnels. Durant la saison estivale, les militaires s’assurent également que les structures de loisirs (parachute ascensionnel, jet-skis, paddles, kayaks, etc.) respectent les règles de nautisme et de sécurité. « Il y a sans cesse de nouvelles activités, comme le jetlev ou le flyboard. Cela nous oblige à nous tenir au courant et à nous adapter à l’évolution de la réglementation », reconnaît le gendarme Ronan C.

Leur expertise s’étend également au contrôle de l’emploi de travailleurs en milieu hyperbare. La construction d’une digue, par exemple, nécessite l’emploi de plongeurs professionnels pour travailler sur la partie immergée de l’ouvrage. S’activant sous l’eau, ces derniers vont être soumis, sur un temps prolongé, à une pression augmentée qui n’est pas sans risque pour leur santé (lésions aux oreilles, aux poumons, intoxication aux gaz inhalés, problèmes lors de la décompression, aspiration…). Des accidents tels qu’une noyade ou un éboulement peuvent également survenir. Les gendarmes s’assurent donc que les ouvriers détiennent bien les technicités nécessaires et que la réglementation liée au Code du travail est respectée.

« Dans notre unité, on ne s’ennuie jamais. Nous avons de quoi nous occuper toute l’année ! », conclut Patrice P., qui ne regrette pas d’évoluer dans cette unité aux multiples casquettes.

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