Lutte contre les VIF : la gendarmerie combine prise de plainte à l’extérieur et prévention

  • Par Antoine Faure
  • Publié le 24 novembre 2021
Prévention de la MPF de Mayenne auprès des élèves de terminale du lycée privé Don Bosco de Mayenne et de du lycée public Victor Hugo de Château-Gontier-sur-Mayenne, le 16 novembre dernier.
Prévention de la MPF de Mayenne auprès des élèves de terminale du lycée privé Don Bosco de Mayenne et de du lycée public Victor Hugo de Château-Gontier-sur-Mayenne, le 16 novembre dernier.

En déployant, par le biais des stations Ubiquity, la prise de plainte à l'extérieur, et en multipliant les actions de prévention, la gendarmerie nationale renforce encore son action contre les violences intra-familiales. Exemple en Mayenne.

La lutte de la gendarmerie contre les Violences intra-familiales (VIF) se mène au quotidien, sur tous les fronts. Sur celui de la prise en compte des victimes et des auteurs, comme sur celui de la prévention.

L’accueil des victimes dans les brigades a ainsi été considérablement amélioré, grâce notamment à un module de formation dédié, mis en place depuis le début de l’année, qu’auront bientôt suivi tous les gendarmes. « La prise en compte des violences intra-familiales devait faire l’objet d’une  consolidation de la formation et des actes réflexes, car c’est un domaine qui est devenu extrêmement technique, considère le chef d’escadron (CEN) Éric Avdeew, adjoint au commandant du Groupement de gendarmerie départementale (GGD) de Mayenne, chargé de la prévention-partenariat. Faire preuve de bienveillance et d’empathie, mettre en confiance pour favoriser la parole, évaluer le danger, être attentif à la manière de procéder, de poser des questions… Tout cela s’apprend. »

Le gendarme joue également désormais, en lien avec l’intervenant social du groupement et les associations départementales, un rôle de facilitateur pour toutes les démarches, notamment pour trouver un hébergement d’urgence pour les victimes, et mettre ainsi fin à la promiscuité avec l’auteur des violences.

Prise de plainte à l’extérieur

Mais, dans le domaine des VIF, l’une des difficultés réside dans le fait que les victimes conservent parfois des réticences à franchir la porte d’une brigade ou d’un commissariat pour porter plainte. « Cela reste souvent une épreuve », confirme le chef d’escadron Avdeew. D’où l’intérêt pour la gendarmerie de pouvoir prendre cette plainte à l’extérieur de ses murs, au domicile de la victime, chez autrui, ou en milieu hospitalier. Une convention a été signée, le 22 novembre, entre la gendarmerie de la Mayenne, la justice et les hôpitaux du département, par laquelle le personnel hospitalier s’engage à prévenir le parquet en cas de violences constatées sur mineurs ou au sein du couple.

« C’est un soulagement pour certaines victimes de ne pas avoir à se déplacer, poursuit l’officier de gendarmerie. Nous intervenons directement à la demande de la victime, ou sur sollicitation du parquet, sur la base d’éléments transmis par le médecin ou le personnel médical. Nous pouvons nous appuyer pour cela sur le déploiement des stations Ubiquity, qui facilitent la prise de plainte en mobilité, grâce à un accès à toutes les fonctionnalités du Logiciel de rédaction des procédures (LRPGN). »

« Ubiquity, c’est un peu la version moderne du vieux carnet de déclarations, note le chef d’escadron Raphaël Clochard, qui commande l’une des deux compagnies de gendarmerie départementale (CGD), celle de Château-Gontier-sur-Mayenne. Paradoxalement, les gendarmes, qui étaient très mobiles auparavant, l’étaient devenus moins avec les ordinateurs. Cette nouvelle technologie nous permet d’être beaucoup plus efficaces, c’est une vraie plus-value. Le gain de temps que cela nous confère peut s’avérer déterminant pour la sécurisation des victimes dans les affaires de violences intra-familiales. »

© ADJ Alexandre Boulais CABCOM RGBRET

Prévention dans les lycées

Dans la lutte contre les VIF, le GGD de la Mayenne s’est également doté, depuis cet été, d’une Maison de protection des familles (MPF), armée de cinq militaires, qui remplissent des missions de suivi et d’accompagnement des victimes, d’appui judiciaire et de prévention. Sur ce dernier aspect, le choix a été fait de s’adresser également aux élèves de terminale, à l’instar de ceux du lycée privé Don Bosco de Mayenne et de ceux du lycée public Victor Hugo de Château-Gontier-sur-Mayenne, le 16 novembre dernier. « Un choix logique, selon le CEN Avdeew, puisqu’ils vont bientôt quitter le lycée. Ce module spécifique Violences conjugales a vraiment du sens. C’est un levier qu’il fallait actionner. C’est une manière aussi pour la gendarmerie d’entrer dans les familles. Cela peut libérer la parole. Cette intervention a vocation à perdurer et à être étendue à tous les lycéens. »

Ces actions de prévention sont menées en partenariat avec l’association Femmes solidaires, « plus légitime que la gendarmerie pour aborder les questions relatives à l’égalité hommes - femmes, au consentement, à l’emprise », estime l’adjoint au commandant du GGD, qui présentera dans les jours qui viennent ce module à tous les infirmiers scolaires du département, « en complémentarité avec les référents scolaires des brigades de la Mayenne. »

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