Le PGHM de Savoie en alerte au pied des monts savoyards

  • Par capitaine Marine Rabasté
  • Publié le 22 mai 2021

Au pied des massifs savoyards, les militaires du Peloton de gendarmerie de haute montagne (PGHM) de Savoie sont en alerte permanente, afin d’assurer le secours des personnes en montagne. Entre formation, intervention et maintien en condition opérationnelle, découvrez le quotidien de ces sauveteurs d’altitude.

Val Thorens, Courchevel, Méribel ou encore les Arcs… Impossible de passer à côté de ces stations lorsqu’on est passionné de glisse. Au sein de ces domaines, les activités sont nombreuses. Randonneurs, skieurs et snowboardeurs se partagent les pistes et les sentiers qui traversent les plus hauts sommets de la Savoie. Mais ces paysages idylliques regorgent de dangers qu’il ne faut pas négliger. Chuter dans une crevasse, être victime d’une avalanche ou même juste perdre son chemin peut être fatal. Au cœur des vallées de la Tarentaise et de la Maurienne, pour veiller sur la population, trente-trois gendarmes se tiennent prêts à tout instant. Intervenant dans le cadre du plan départemental de secours en montagne, leur activité est conséquente, et pour cause ! Le département de Savoie regroupe les plus grandes stations de ski françaises et doit donc faire face à une accidentologie importante, qu’il convient de prendre en compte.

Le secours comme cœur de métier

Les couleurs sont les mêmes mais l'inscription diffère : sur les tenues des gendarmes du Peloton de gendarmerie de haute montagne (PGHM) de Modane, à la mention « Gendarmerie Nationale », s’ajoute celle de « Secours en montagne », car c'est bien là leur cœur de métier. Tout au long de l'année, dans la vallée de la Maurienne, les militaires du PGHM de Savoie sont en alerte sur la drop zone de Modane. Équipés, leur matériel conditionné, deux binômes d'astreinte, dont une équipe cynophile, sont prêts à intervenir au moindre appel.

Au moyen d'une caravane terrestre ou directement héliportés sur les lieux, ils peuvent accéder à l'ensemble du département en un temps record. En montagne plus qu’ailleurs, chaque minute compte. En cas d'avalanche, par exemple, les chance de survie décroissent fortement après 15 minutes. C'est pourquoi, lors d'un secours, les gendarmes du PGHM interviennent avec un médecin du SMUR 73, permettant ainsi une prise en charge médicale de la victime directement sur les lieux de l’accident. Formés à l’aide à la médicalisation, les militaires du PGHM peuvent assister le médecin sur le terrain. Afin de faire face à l'augmentation de l'activité, un poste de secours saisonnier, dont le fonctionnement est similaire, est également mis en place à Courchevel.

Un maintien en condition essentiel

La technicité qu’impose le secours en montagne nécessite un maintien en condition opérationnelle constant. Ainsi, même lorsqu'ils n'assurent pas la permanence secours pour le massif savoyard, les militaires s’entraînent à cette fin, individuellement ou collectivement. « Il faut que le militaire arrive à garder une certaine technicité et une forme physique qui lui permettent de réaliser ses missions dans de bonnes conditions », explique le chef d’escadron (CEN) Patrice Ribes.

En fonction de la saison et de l’activité, des exercices sont mis en place et doivent être effectués par l’ensemble des secouristes : treuillages, évolutions sur une paroi, interventions en canyon… Les activités sont nombreuses et nécessitent toutes un entraînement régulier, qui permettra aux gendarmes de rester performants. Parallèlement, la cellule RETEX (retour d’expérience) du Centre national d’instruction de ski et d’alpinisme de la gendarmerie (CNISAG) établit également un programme d’entraînement et de formation pour l’ensemble des PGHM. Pour l’année 2021, celui-ci porte, par exemple, sur la maîtrise de la progression en canyon et l’évacuation d’un parapentiste accroché dans un arbre.

L’action judiciaire en montagne

Si la mission de secours constitue le cœur de métier du PGHM, elle n’est pour autant pas exclusive. Bien que secouristes, ces militaires sont en effet habilités à diligenter des enquêtes. Toute opération de secours en déclenche une. Lorsqu’aucune responsabilité n’est engagée, les actes se limitent à un renseignement administratif, transmis à l’autorité hiérarchique, au maire et au préfet, responsable de la mise en œuvre du plan départemental de secours en montagne.

En revanche, lorsqu’il y a lieu de penser que la responsabilité d’un tiers peut être engagée dans l’accident, les militaires lancent alors une action judiciaire, sous la direction du Procureur de la République d’Albertville. Cette dernière est étroitement liée aux spécificités de l’environnement : en cas de blessures, lorsque le meneur n’a pas mis en œuvre les mesures de sécurité attendues, entre en jeu une notion d’encadrement ou de responsabilité liée à l’existence d’un leadership au sein d’une cordée. « En montagne, rares sont les manquements volontaires. On est donc sur une recherche de responsabilité très fine, en raison du caractère involontaire de l’acte, indique le CEN Ribes. L’intérêt de confier la direction d’enquête à un gendarme de PGHM est de bénéficier de son expertise et de sa connaissance de la pratique. Il va ainsi pouvoir conduire l’analyse de la course qui a mené à l’accident. C’est un travail attendu des magistrats, qui ne sont pas toujours sensibilisés à toutes les problématiques de cet environnement. »

Un effort de formation conséquent

Mais avant de réaliser l'ensemble de ces missions, avant de devenir un spécialiste du secours en montagne, des années de formation sont nécessaires pour acquérir les différentes compétences et technicités.

Après avoir satisfait aux exigences du Certificat élémentaire montagne (CEM) et à celles du Diplôme de qualification technique montagne (DQTM), les militaires peuvent se présenter aux tests d'entrée de la spécialité. Durant deux semaines, ils vont être évalués sur leurs techniques, puis sur leur expérience en montagne et leur aptitude à évoluer dans ce milieu. À l'issue, ils pourront intégrer la formation « Brevet spécialiste montagne » (BSM), qui dure deux ans. Le début d'une longue série de formations pour les secouristes ! Au perfectionnement sur l'ensemble des disciplines alpines (escalade, alpinisme, ski…), s’ajoutent ainsi des stages pour devenir membre de caravane ou encore une formation judiciaire. La liste des qualifications est encore longue.

Du diplôme de guide de haute montagne au Brevet de commandement opération enquête secours (BCOES), permettant de prendre le commandement d'une opération de secours d'envergure, la progression de carrière d'un militaire de PGHM demande un investissement personnel conséquent et constant. « On ne peut pas dire que le militaire de PGHM ait achevé sa formation avant dix ans. Et même après cela, tout au long de sa carrière, il devra de toutes façons se perfectionner, s'entraîner et renouveler ses compétences », conclut le commandant du PGHM de Savoie.

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